Champion de France messieurs en 2021 à seulement 13 ans, Hugo Le Goff est le premier portrait d’une série consacrée aux espoirs du golf français. Aujourd’hui au Centre de performance du Golf National, le joueur du Paris Country Club fait déjà parler de lui, et ça ne risque pas de s’arrêter là.
La plus belle page de son palmarès de jeune joueur amateur, il l’a sans hésitation écrite l’an dernier en allant soulever le titre de champion de France Messieurs. Oui, vous avez bien lu « Messieurs » ! Car s’il était âgé à cette époque de 13 ans seulement, il a malgré tout été capable de battre les plus anciens pour marquer le golf français de son empreinte. Déjà.
Mais avant d’en arriver là, Hugo Le Goff a beaucoup travaillé. Fils d’un papa gardien de foot, il a reçu depuis le début de son enfance une éducation sportive poussée. Si le golf est aujourd’hui sa passion, il a eu l’opportunité de passer par d’autres sports, mais c’est à la petite balle blanche qu’il a mordu : « J’ai commencé le golf à trois ans et demi. J’ai aussi essayé le tennis et l’escrime, mais c’est vers le golf que je me suis tourné, » raconte Hugo.
Hugo apprend vite. Il s’intéresse, progresse et passe par l’école de golf du Coudray-Montceaux jusqu’à ses 6 ans avant de continuer son apprentissage au Paris Country Club, club où il évolue encore à ce jour : « J’ai accroché direct avec le golf. J’étais plutôt doué et j’ai très vite eu envie de faire de la compétition. J’avais ce besoin, dès mon plus jeune âge, de me confronter aux autres et de voir mon niveau grandir dans la concurrence. »
La suite, c’est un parcours chez les jeunes plus que remarquable. Une médaille de bronze au Championnat de France des Jeunes 2018 (U12 garçons), une en argent au CFJ 2019 puis la victoire en 2020 sur le tracé du Gouverneur. Il intègre très vite l’équipe de France U14 sous la houlette du coach Alexandre Bosseray, déjà impressionné par le phénomène : « À 11 ans, il a intégré la sélection pour la tournée britannique. Ce qui m’a étonné chez Hugo, c’est sa maturité par rapport à son âge. Il a des habiletés golfiques indéniables et il a dominé chez les jeunes sans avoir d’avance sur son développement physique. Quand d’autres étaient plus grands donc plus puissants, lui était déjà capable de compenser ça par un niveau de jeu incroyable alors qu’il était plus jeune. »
Hugo Le Goff
2021, une année irréelle
Hugo a 13 ans et il fait déjà son entré au WAGR (World Amateur Golf Ranking). Dans le top 500 à cet âge, c’est presque du jamais vu ! En même temps, sa saison 2021 a été lunaire. Elle s’illumine d’abord par une belle deuxième place à la coupe Didier Illouz. C’est à ce moment qu’il intègre le classement mondial. Quelques semaines après, en Belgique, il pulvérise le parcours du Royal Waterloo en signant trois cartes consécutives de -6. Total de -18 et une victoire écrasante aux Internationaux de Belgique U14 : « Sur cette épreuve en Belgique il a été impressionnant. Pas tant par le score même si trois cartes de suite de -6 c’est énorme, mais surtout parce que le dernier jour il n’a pas très bien joué mais il a quand ramené un -6. Il est capable, quand ça va moins bien, de rentrer des chips, de faire des putts phénoménaux pour garder l’avantage sur sa partie », relate Alexandre Bosseray.
La cerise sur le gâteau arrivera ensuite au mois d’août. À Omaha Beach, Hugo Le Goff remporte le Championnat de France amateur Messieurs au terme d’une finale accrochée mais maîtrisée face à Maxence Giboudot. Le jeune golfeur de Melun passe un cap immense et vient mettre son nom sur un trophée mythique en France, le Jacques Léglise : « C’est assurément ma plus belle victoire. Au début, j’avais abordé cette compétition comme une autre, avec l’envie de franchir le cut, et puis ça a fonctionné jusqu’au bout. Beaucoup d’émotions pour moi à ce moment-là et c’était énorme de remporter ce tournoi à 13 ans », déclare Hugo. « J’ai eu la chance de le caddeyer au Championnat de France messieurs, complète Alexandre Bosseray. Il a été impressionnant de ténacité. Je me disais qu'à un moment il allait caler, mais ce n’est jamais arrivé. Il a une capacité à maîtriser les trajectoires qu’on ne voit pas à son âge. C’est un gamin qui est posé, qui est réfléchi, il laisse passer les mauvais moments sur ses parties, il est capable de les gérer. Il a bien compris le jeu de golf qui est finalement fait de 90 % de frustration pour 10 % de satisfaction. La différence avec Hugo c’est que cette compréhension arrive très vite dans son évolution. »
Alexandre Bosseray, responsable de la filière U14
Au centre de performance depuis janvier
« C’est un gros changement par rapport à mon organisation d’avant, mais ça me plaît. » C’est une étape supplémentaire pour Hugo qui évolue dorénavant au Centre de performance du Golf National. Des cours le matin et du golf l’après-midi, voilà en gros ce qui attend l'espoir de bientôt 14 ans. Pour lui, c’est finalement assez normal de suivre ce chemin. Car depuis tout petit Hugo veut faire du golf son métier, sa vie. Dans sa tête il imagine déjà son avenir : peut-être une fac américaine avant un passage pro dans la foulée. Tout ça est très loin, mais il y pense sans se prendre la tête. Il avance doucement, à l’image d’une partie de golf qu’il déroule du tee du 1 au green du 18 : « J’ai toujours voulu être dans ma situation, gagner des compétitions, vivre ma passion à fond, et mes parents m’aident beaucoup pour ça. Maintenant je suis au Centre de perf’, je vais avoir tout ce qu’il faut pour encore progresser, apprendre et m’épanouir. Tout ça est arrivé assez vite, mais j’aime ça. »
Il franchit les paliers assez rapidement, mais ça ne semble pas le perturber. Au contraire, être en avance est finalement une capacité qu’il a su développer. Le guerrier Hugo sait ce qu’il veut et rappelle à Alexandre un certain Victor Dubuisson, qu’il a côtoyé lorsqu'il était sous son coaching : « Il me fait un peu penser à Victor par cette facilité avec le club en main. Il est en avance, il joue un super golf mais ce qui est bien avec ce jeune c’est qu’il a encore des points d’améliorations. Il lui en reste sous le pied. Il a cette motivation de gagner, de performer et de progresser. Il travail, il passe des heures et des heures à bosser bien managé par son papa qui lui a fait faire les bonnes choses au bon moment. »
Un comparatif assez flatteur qui en dit long sur le potentiel d’Hugo Le Goff. L'année 2022 s’annonce donc plutôt bien pour lui. Il a d’ailleurs fait ses premiers pas au sein de l’équipe de France Messieurs - eh oui, vous lisez toujours bien « Messieurs » ! - lors du récent match octogonal en Espagne. Il fait aussi partie des nominés au trophée de l’Espoir de l’année 2021 des Trophées du Golf. Il est donc un joueur à suivre qu’on retrouvera cette année sur plusieurs épreuves, et on espère plus tard c’est les plus grands circuits du monde.