Le golf, présent au programme des Jeux olympiques de 1900 à Paris et de 1904 à Saint-Louis (Missouri), a ensuite joué le bel endormi pendant 112 ans. Retour sur les quatre dernières décennies d’un mouvement engagé de longue date pour le retour du golf aux JO.
1976
Quelques mois avant les Jeux de Montréal, le mensuel américain Golf Magazine relance le débat. Dans une interview, Lord Killanin, président du Comité international olympique (CIO), y rappelle un élément essentiel : le CIO n'a jamais reçu la moindre demande officielle d'admission au programme. Et pour cause : une telle demande doit être obligatoirement émise par une fédération internationale. Or, le golf n’en possède pas. L’organisation du jeu est en effet aux mains de deux gouvernances, l’United States Golf Association (USGA) aux États-Unis et au Mexique, et le Royal & Ancient (R&A) dans le reste du monde.
1982-88
Dès 1982, puis à nouveau en 1985, l'Association européenne de golf (EGA) demande au World Amateur Golf Council (WAGC) – l'association créée en 1958 sur une initiative conjointe de l'USGA et du R&A, notamment chargée de l'organisation des championnats du monde amateur – d'engager une action afin que le golf puisse redevenir discipline olympique. Pourtant, celui-ci ne suit pas la requête de l'EGA. En 1987, Luis Figueras-Dotti, président de la fédération espagnole, fait du retour du golf aux Jeux l'une de ses grandes priorités et commence à travailler à la création d'une fédération internationale de golf. À la fin de l'année 1988, des négociations sont menées pour tenter d'intégrer le golf au programme des Jeux de Barcelone en 1992.
1989
Durant le British Open, à Troon, la naissance de la World Golf Association (WGA) est officiellement annoncée. Claude-Roger Cartier, président de la Fédération française de golf (ffgolf) et secrétaire général du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), en prend la tête alors que cinquante pays se regroupent sous son égide. Lors d'une conférence de presse à Saint-Nom-la-Bretèche à l'automne 1989, Claude-Roger Cartier évoque Barcelone et l'entrée du golf aux JO de 1992 comme sport d'exhibition. En décembre, le CIO annonce néanmoins la suppression des sports d'exhibition du programme des Jeux de Barcelone. Des négociations sont entamées avec le président Juan Antonio Samaranch afin que la WGA soit reconnue comme une fédération internationale par le CIO.
1990-91
Dès janvier, la WGA, qui espère toujours la reconnaissance du CIO, décide de concentrer ses efforts sur les Jeux d'Atlanta en 1996. À la fin du mois d'octobre, lors du traditionnel meeting du World Amateur Golf Council, l'USGA et le R&A prennent en main le dossier olympique. La World Golf Association s'efface alors au profit du WAGC. Celui-ci demande à être officiellement reconnu par le CIO. Ce sera chose faite le 16 avril 1991.
1992-93
Jack Stephens, le chairman de l'Augusta National Golf Club, et Billy Payne, le président du comité d’organisation d'Atlanta 96 (qui deviendra par la suite chairman d'Augusta !), annoncent que le club géorgien se tient prêt à recevoir le tournoi olympique en 1996. Pour Payne, Augusta est le « seul choix possible ». Pour Stephens, la volonté affirmée d'Augusta de s'ouvrir aux Jeux est une manière d’adresser un message : « Les membres d'Augusta soutiennent indifféremment le golf masculin et le golf féminin. » Mais le 29 janvier 1993, le CIO annonce que le golf ne sera pas présent aux Jeux d'Atlanta.
1994
Au meeting du WAGC à Versailles, le projet d'une épreuve de golf aux Jeux de Sydney ne figure pas à l'ordre du jour, le CIO ayant annoncé, au cours de l'année, qu'aucun nouveau sport ne serait admis en 2000.
2002
L'introduction du golf et du rugby à VII aux Jeux de Pékin en 2008 est recommandée par la Commission du programme olympique du CIO, à condition que ces sports y présentent leurs meilleurs joueurs. Et que d'autres sports soient exclus du programme olympique. La commission propose la disparition du pentathlon moderne (une création de Pierre de Coubertin), du base-ball et du softball. David Fay, directeur exécutif de l'USGA déclare : « Nous avons 60 millions de pratiquants répartis sur 130 pays. Si nous voulons promouvoir le jeu de manière encore plus globale, je pense que Pékin serait un endroit idéal pour que le golf fasse son entrée aux Jeux. » Lors de la session extraordinaire du CIO de Mexico fin novembre 2002, le président Jacques Rogge obtient un accord de principe sur la révision du programme, mais est contraint de différer à 2004 l'éventuelle décision d'exclure un ou plusieurs sports du programme olympique. Et donc d'en accueillir de nouveaux...
2003
Le World Amateur Golf Council, reconnu comme fédération internationale par le CIO en 1991, change de nom et devient l'International Golf Federation (IGF). Elle prône le retour du golf masculin et féminin aux JO arguant que le golf a déjà été au programme olympique, qu'il est pratiqué sur tous les continents, qu'il existe plus de 30 000 parcours sur la planète et que c'est le sport individuel le plus pratiqué dans le monde.
Jusqu'à 2009...
Le président de la ffgolf, Claude-Roger Cartier (1981-97), était membre du CNOSF ; son successeur Philippe Martin (1997-05) a poursuivi la lutte, reprise par Georges Barbaret dès son arrivée à la tête de la fédération en 2005, jusqu'à cet historique 9 octobre 2009, à Copenhague, où l'annonce du retour du golf aux Jeux olympiques, à l'occasion de Rio 2016, est officialisée par le CIO. Le principal obstacle au retour du golf aux JO a sauté avec l'engagement des meilleurs joueurs du monde à participer si le golf y entrait à nouveau, et ce malgré des calendriers très encombrés.
Ils ont dit...
Tiger Woods
« Le golf correspond parfaitement aux Jeux olympiques et je sais que nous avons tous hâte d'y être. Nous, golfeurs, n’avons jamais été aux JO, ça sera vraiment une nouvelle expérience pour ceux qui y participeront. »
Jeev Milkha Singh
« Des practices vont voir le jour partout en Inde. Si le golf devient sport olympique, le gouvernement indien va donner la possibilité à toutes les villes de ce pays de se doter d’un practice pour rendre le golf accessible à tous. Le golf sport olympique, c’est la meilleure chose qui puisse arriver à notre pays. »
Colin Montgomerie
« Un moment très important pour le golf. Je suis fier d’avoir pris part à ce processus et il faut rendre hommage à tous ceux qui l’ont soutenu. C’est un moment très important pour le golf. »
Michelle Wie
« Je rêve déjà de passer 17 jours au Village olympique, lieu de rencontres et d’amitiés. »
Ian Poulter
« Donnez-moi une chance de jouer pour rapporter une médaille d’or à mon pays et je suerai sang et eau pour gagner. J’aurais 40 ans, mais je suis prêt à relever le défi ! »