Les golfeurs français actuellement en université aux États-Unis suivent tous en parallèle un cursus académique plus classique. Pour certains, cet aspect est même primordial, leur projet ne s’orientant pas vers le golf professionnel. Leur sport préféré leur a même servi de porte d'entrée plus que d'objectif.
« Fais tes études d’abord, tu joueras au golf après. » Il est possible, et même très probable, que des jeunes Français aient déjà entendu cette phrase de la part de leurs parents. Que ces derniers soient alors rassurés : dans les universités américaines, tous les étudiants intégrés dans les programmes de golf font des études au caractère plus académique à côté. Et pour peu qu’ils aillent jusqu’au bout des quatre ans du cycle normal (ou 2 ans en Junior College), ils peuvent se lancer sur le marché du travail avec une qualification en poche si jamais, par volonté ou non, ils ne rejoignent pas les rangs des professionnels.
Le golf d’abord, mais les études quand même
Elodie Chapelet, étudiante française à l’université texane de Baylor depuis septembre 2019, se situe précisément dans ce cas de figure. La joueuse basque a même poussé les choses plus loin : après ses quatre ans à l’université Lamar, elle a transféré, comme on dit dans le jargon, vers sa faculté actuelle afin d’y préparer un master pendant deux ans. Le tout en continuant à jouer au golf.
« Je n’avais pas prévu de faire un master à la base, explique-t-elle. Mais à la fin de mes quatre ans, je ne me sentais pas encore prête à devenir joueuse professionnelle, ni golfiquement ni mentalement. » Ces années d’études supplémentaires lui ont permis de mûrir son projet, et surtout d’en assurer la pertinence : « Je me suis décidée, je vais passer les cartes du LPGA Tour en août, poursuit-elle. Je me sens plus confiante maintenant avec mon master. Ça me laisse un plan B si jamais ça ne marche pas ou que ça ne me plaît pas niveau golf. Ça rassure ma famille aussi. Passer pro sans diplôme ne me correspondait pas. »
En l’occurrence pour elle, ce sera un master en management, alors que son cursus à Lamar portait davantage sur l’ingénierie industrielle. Rien n'empêche, en effet, de changer de domaine d'études en changeant d'université, pourvu que les deux cursus ne soient pas aux antipodes l'un de l'autre. Dans le même temps, Elodie Chapelet défend les couleurs de Baylor sur les parcours, et plutôt pas mal si l’on en croit l’enchaînement de victoires récent de la fac texane.
La pandémie de covid-19 est même venue mettre son grain de sel : la NCAA a en effet autorisé tous ses golfeurs universitaires à considérer 2020 comme une année blanche, et donc à jouer pour leur équipe une saison de plus. Sans cette configuration, Elodie Chapelet, en deuxième année de master, aurait été considérée comme "Graduate assistant", autrement dit une étudiante faisant partie du programme golf en tant qu’assistante du coach, mais n’ayant pas le droit de jouer en tournoi.
Elodie Chapelet
Les études d’abord, mais le golf quand même
Le transfert vers une autre université afin de préparer un master, Charlotte Lafourcade y songe. La pensionnaire de Saint-Cloud est actuellement en quatrième année à l’Université du Maryland, où elle étudie principalement le marketing (mais aussi le leadership) au sein de la Business school. Tout cela en faisant partie du programme golf, où elle cohabite notamment avec une autre Française : Laura Van Respaille.
À la différence d’Elodie Chapelet, la joueuse clodoaldienne a privilégié dès le départ le versant académique de son cursus. « Je suis partie aux États-Unis car je voulais faire des études, et en même temps continuer à jouer au golf, témoigne-t-elle. Je savais que j’étais intéressée par le business, et donc je regardais les classements des universités dans ce domaine. C’est pour cela que j’ai décidé d’aller à Maryland, alors qu’à l’époque, au niveau golf, ce n’était pas le top. » Chose qui a, par ailleurs, bien changé depuis.
Le golf a même été un considérable avantage dans la volonté de Charlotte Lafourcade de faire ses études de l’autre côté de l’Atlantique, avec la possibilité, peut-être, d’y travailler par la suite. « Si je n’avais jamais joué au golf, ça aurait été beaucoup plus compliqué de rentrer dans cette université, confirme-t-elle. Compliqué d’avoir une bourse aussi, alors que là, je suis boursière à 100 %. » Comme elle, beaucoup de Français accèdent au système universitaire américain grâce au golf, mais avec un projet autre que purement sportif.
Pour son futur master, Charlotte Lafourcade se situe exactement dans la même perspective : les études d’abord, mais un programme de golf convainquant et attirant à côté. Si elle souhaite donner une réalité à ce transfert, elle devra alors faire inscrire son nom sur une liste tenue par la NCAA spécialement dédiée : le Transfer Portal. « Tous les coaches peuvent alors voir qu’on cherche une nouvelle fac, et prendre contact avec nous, détaille-t-elle. On peut aussi leur envoyer des mails, chose qu’on n’aurait pas le droit de faire si on n’était pas sur la liste. »
Et c’est beaucoup de travail tout ça ?
Vingt heures d’entraînement golfique hebdomadaire sans compter les séances non programmées par le coach ; une quinzaine d’heures de cours "ordinaires" et tout le travail personnel qui va avec ; les tournois quand il y en a ; les grosses sessions d’examens au nombre de deux par semestre (les "mid-terms" à peu près à la moitié et les examens finaux)… Pas de doute, les journées d'un étudiant golf sont bien chargées.
Tous sont par conséquent d’accord sur une chose : organisation et anticipation sont les meilleurs moyens de prévention face à la noyade. « Ça repose à 80 % sur l’organisation, campe Elodie Chapelet. Il faut presque avoir un temps d’avance sur tout. Si on a une heure de libre dans la journée, ça vaut le coup de commencer un travail, pour mettre ce temps à profit. Se faire une liste des choses à faire pendant la semaine, ça aide aussi. »
Et puis revient l’inévitable question de la langue. « On est d’autant plus à l’aise en arrivant qu’on maîtrise bien l’anglais, souligne Charlotte Lafourcade. Sinon, on peut vite galérer tous les jours. » D’après Elodie Chapelet, une autre chose est fondamentale : « Ne pas hésiter à demander de l’aide autour de soi. Ne surtout pas avoir peur. Même les Américains, au début, ils sont souvent perdus. »