Les golfs français, parfaitement conscients des tensions sur la ressource en eau, élément vital pour leur activité, accentuer des efforts engagés de longue date pour une gestion toujours plus raisonnée, responsable et solidaire. Coup de projecteur sur les solutions d’avenir.
La filière golf poursuit sans relâche ses efforts, engagés depuis 2006, en faveur de la réduction de la consommation d'eau et se mobilise pour accélérer le développement des projets alternatifs aux prélèvements dans le milieu naturel et au recours à l’eau potable.
Projets alternatifs
Une approche ciblée consiste à agir prioritairement auprès des golfs situés dans les territoires où les pressions sur les ressources en eau sont fortes et croissantes (>300 structures golfiques), et ceux ayant recours à l’eau du réseau public (10%). Des audits de chacun d’entre eux permettront d’une part, d’identifier les mesures prioritaires d’économie de consommation, et d’autre part, d’évaluer la pertinence des solutions alternatives au regard de leurs contraintes techniques respectives et d’une analyse comparative « coûts bénéfices ».
Dans les zones touristiques et en particulier près du littoral (>100 structures golfiques), des projets alternatifs réutilisant les eaux usées traitées par les stations d’épuration apparaissent particulièrement pertinents. Dans de tels contextes, l’augmentation de population en période touristique accroît de façon importante les volumes d’eaux usées à traiter. Ces volumes sont rejetés dans les milieux naturels et se retrouvent rapidement en mer alors qu’ils peuvent être valorisés et satisfaire, s’ils sont suffisants, l’intégralité des besoins d’arrosage des golfs à proximité et potentiellement d’autres usages à proximité tels que l’arrosage des espaces verts communaux ou de cultures maraîchères. À ce jour, environ 25 golfs en France s’approvisionnent grâce à cette solution, ce qui est peu au regard de pays comme les États-Unis (Floride, Californie…) et l’Espagne qui l’ont massivement déployée. La réglementation actuelle, les contraintes techniques et le coût des ouvrages de raccordement rendent complexes le montage de ces projets potentiellement très vertueux à l’échelle d’un territoire. La réalisation d’un diagnostic national des opportunités de développement de ces dispositifs au travers d’analyses «coûts bénéfices » va permettre de démontrer leur pertinence économique et environnementale, et de les promouvoir plus largement.
Pour les golfs prélevant dans le milieu naturel, l’alternative proportionnée consisterait à créer un réseau de collecte et de stockage d’eaux pluviales dont la capacité serait calibrée pour permettre en cas d’interdiction drastique de prélèvement, de disposer d’un volume d’eau suffisant pour répondre au besoin annuel d’arrosage des greens uniquement. Un réseau dimensionné dans cet objectif sera bien moins coûteux et contraignant techniquement à mettre en œuvre qu’un réseau dimensionné pour s’affranchir totalement des prélèvements dans le milieu naturel. La conception de l’ouvrage de stockage pourra également intégrer des principes de génie écologique pour apporter une plus-value environnementale supplémentaire par la création de nouveaux habitats aquatiques pour la bio diversité. Enfin, deux pistes complémentaires « zéro rejet » peuvent être développées sur les golfs comme la mise en œuvre :
• de stations de lavages des matériels d’entretien récupérant, traitant et réutilisant l’eau
• de systèmes de traitements in situ des eaux usées générées par les bâtiments, la restauration, l’hôtellerie…
Ces dispositifs existent et ont pu prouver leur pertinence et leur efficacité
Poursuivre la réduction des consommations d'eau
Lorsque la mise en place d’une solution alternative aux prélèvements dans le milieu naturel ou à l’approvisionnement via le réseau d’eau public s’avère complexe à mettre en place, de nombreuses approches techniques et agronomiques permettent de mieux raisonner l’arrosage. Des efforts importants ont été réalisés par les golfs français en matière de réduction de leur consommation d’eau. Ils ont été mesurés dans le cadre de plusieurs enquêtes auprès des clubs, en 2006 et 2013. Plusieurs études ont également permis d’identifier les principaux leviers à développer pour réduire les consommations d’eau. Sous l’impulsion de la ffgolf, des campagnes d’information des clubs ont été mises en place pour promouvoir des dispositifs d’aides financières à la réalisation d’études et de travaux visant à réduire l’impact sur la ressource en eau. Certains dis positifs pilotes ont été initiés et animés par la ffgolf (Convention ffgolf et Agence de l’eau Loire-Bretagne 2015-2018). Les progrès technologiques en matière de performance des réseaux d’irrigation et de pilotage informatique ont été considérables depuis 2 décennies. Ces nouvelles technologies permettent de réagir en temps réel aux évolutions des conditions météo, d’humidité des sols… d’optimiser le recouvrement et l’uniformité des apports d’eau pour apporter la juste quantité nécessaire à la vitalité des gazons, et in fine d’assurer un contrôle, des mesures et un suivi très précis de l’utilisation de l’eau. En France, de nombreux golfs ont été créés entre les années 1980 et 1990, et leurs systèmes d’irrigation, s’ils n’ont pu être rénovés ou améliorés, sont aujourd’hui obsolètes voire défaillants. En soutenant les investissements des clubs dans les nouvelles technologies d’arrosage, l’impact sur la ressource en eau peut être notablement réduit.
Les pratiques culturales sont également un levier important pour réduire les consommations d’eau. Les opérations de conversions de flore et de regarnissage régulier permettent d’installer et de maintenir de nouvelles espèces de graminées développées par les semenciers qui offrent à la fois plus de résistance au manque d’eau, aux maladies, aux opérations de tonte et au piétinement. Des matériels d’aération profonde de plus en plus performants permettent d’agir sur le profil du sol et d’optimiser sa capacité à stocker l’eau. Ces opérations favorisent un enracinement profond du gazon pour à la fois mieux résister au manque d’eau, espacer les arrosages et réduire les apports d’engrais. Ces pratiques culturales pourront se déployer efficacement en soutenant l’acquisition ou le renouvellement de matériel d’entretien plus performant, et en permettant aux équipes terrain d’accéder à des modules de formation professionnelle et à des res sources documentaires dédiées
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