Grégory Havret ouvrira un nouveau chapitre de sa vie en devenant le 1er septembre prochain le responsable de la filière Messieurs au sein de la Fédération française de golf. Il nous dévoile ici sa feuille de route et ses ambitions.
Quelle a été la genèse de ce projet ?
On a eu des contacts avec Pascal (Grizot), Maïtena (Alsuguren) et Jean-Luc (Cayla) il y a quelques années de cela, lorsque le Centre de performance au Golf National allait ouvrir. On a commencé à discuter il y a trois ans sur l’éventualité de faire des choses ensemble. Je pense qu’ils m’ont senti ouvert à la discussion. La suite de ma carrière, je l’imaginais dans la transmission, je ne me voyais pas me renfermer sur moi-même et continuer ce que je faisais depuis 20, 25 ans sans me poser des questions. Et sans cette volonté de partager, d’échanger… Les joueurs qui ont joué pas mal de temps sur le circuit et qui ont pu gagner - ou pas, d’ailleurs -, j’ai l’impression qu’on est des puits de connaissance. On a forcément des choses à apporter. Ces discussions portaient plus sur le Centre de performance, son ouverture, qui allait le gérer, comment, etc. On a eu plusieurs échanges et à la fin de l’un d’entre eux, on s’est rendu compte que la chose n’était pas possible. Cela allait engager pour moi un déménagement, et puis surtout, c’était un peu tôt encore dans ma réflexion. J’avais encore à cette époque la carte du Tour européen en poche, que j’avais récupérée fin 2019. C’était juste après le Covid, tout était chamboulé, tout était compliqué… Franchement, je n’étais pas prêt. On n’a pas été plus loin, même si on a discuté pendant deux mois assez sérieusement. Mais je leur ai toujours dit que j’étais ouvert à travailler pour la Fédération si ça touchait le haut niveau, car c’est vraiment quelque chose qui m’intéresse.
Et ça s’est accéléré il y a quelques semaines de cela…
Tout à fait. On a repris contact et on m’a demandé si j’étais toujours intéressé pour intervenir. J’ai dit oui et ils m’ont proposé une mission qui me donne vraiment envie, qui me correspond à 100 %. En tout cas, dans mes capacités. Et puis ça me fait plaisir aussi de mettre ma patte et aller dans une direction qui, je l’espère, sera positive pour le golf. Cette mission, elle démarre le 1er septembre prochain.
Vous nous confirmez que vous allez, avant cette date, effectuer quelques autres missions pour la Fédération française de golf ?
Oui. Je pars au Championnat d’Europe Boys du 7 au 11 juillet à Vienne (Autriche). Cela se déroule sur un parcours que je connais puisqu’il était au calendrier du Tour européen pendant quelques années. Je suis impatient. D’autant que les deux personnes en charge des équipes de France Boys et Messieurs sont Jean-François Lucquin et Benoît Telleria. Je suis assez proche d’eux. On échange pas mal depuis et ça me fait plaisir de les retrouver, de me lancer dans une équipe que je connais un peu. Je ne connais pas tout le monde mais je sais qu’il y a pas mal de forces vives et j’ai hâte de les découvrir, d’échanger avec mes idées et les leurs. C’est d’autant plus excitant que la génération Boys est brillante. Et puis ce Championnat d’Europe Boys me rappellera de bons souvenirs (rires).
Qui seront vos interlocuteurs prioritaires ?
Jean-Luc Cayla (Directeur de la performance) et Maïtena Alsuguren (Directrice technique nationale adjointe). Également les staffs de la Fédération et ceux des joueurs concernés. En fait, je vais avoir plusieurs rôles.
Par exemple ?
Mettre en œuvre la stratégie de la filière haut niveau, et ça en relation avec les objectifs de la ffgolf. Je serais néanmoins plus en relation avec les staffs qu’avec les joueurs. Je vais apporter ma philosophie, donner mes points de vue sur les joueurs que je verrai, est-ce qu’ils s’entraîneront assez ou pas assez, est-ce qu’il y aura assez de petit jeu ou pas assez… Je vais un peu amener tout ça. Sans oublier la vision stratégique, sur l’élaboration des calendriers, aller faire tel ou tel tournoi, est-ce que c’est pertinent d’y prendre part, est-ce que l’entraînement doit avoir plus d’importance durant telle ou telle période… J’irai aussi dans les ligues, prêcher la bonne parole. Offrir de l’aide si jamais il y a un gamin de 11 ou 12 ans qui se trouve au fin fond du Cantal et qui a du potentiel, comment pouvoir l’aider, ce que l’on peut faire… J’aurais toujours mon téléphone ouvert H-24 pour toutes les personnes qui auront des problématiques liées à des joueurs qui sont potentiellement des futurs grands champions. Le but sera de trouver d’une manière ou d’une autre des solutions pour qu’il n’y ait pas de frein, ou qu’il n’y ait pas un souci logistique qui empêche un enfant de devenir un super champion un jour. Ce sera mon rôle d’apporter des solutions, et à n’importe quel entraîneur, n’importe quel coach que l’on peut trouver dans n’importe quelle région de France.
Les universités aux États-Unis seront aussi un lieu d’investigation pour vous, non ?
Absolument. Ici, ce sera surtout de faire le lien, assurer une communication régulière, un suivi avec les joueurs qui évoluent là-bas. Mais aussi avec leur staff. On ira les voir et établir des recommandations de travail. Et puis assurer les debriefings. Soit avec les staffs, soit avec les parents. Bref, qu’il y ait du lien.
Vous nous confirmez qu’une collaboration avec Claude Harmon, le fils de Butch Harmon, va également voir le jour ?
Oui, je confirme. Le but est d’avoir un référent technique sur place, aux États-Unis, parce qu’aujourd’hui, même si le système est excellent, il y a le facteur d’éloignement. Quand on a un staff qui se trouve au fin fond de la France et que le gamin se retrouve à 10 000 kilomètres de là, un peu perdu techniquement, il faut trouver une solution. Il nous fallait donc un référent technique. Au moins un. Avoir Claude Harmon, pour les joueurs cibles de la Fédération, qui puisse intervenir ou que les joueurs se déplacent deux, trois jours chez lui en Floride, c’est évidemment une solution exceptionnelle. Pas mal de joueurs en auront besoin car dans les facs US, il n’y a pas de coach. Il y a juste des personnes qui vous disent « l’avion est à telle heure », « tu joues à telle heure… » mais à part ça, tu es un peu livré à toi-même. Les joueurs américains, quand ils rentrent chez eux, ils retrouvent leur coach… Pour les Français là-bas, ce n’est pas la même chose. À nous de les aider à ce niveau-là.
Avez-vous d’ores et déjà identifié des joueurs qui pourraient être ces futures locomotives comme l’ont été chez les filles Céline Boutier ou Pauline Roussin-Bouchard par exemple ?
Pas encore. J’ai suivi la Ganay… Oscar Couilleau est bien ciblé. Il sera d’ailleurs dans l’équipe Boys en juillet en Autriche. Je sais qu’il y a une belle génération. Au début, je pensais lorsque je suis en déplacement faire deux jours avec les Boys et deux jours avec les Messieurs, mais finalement on a trouvé que ce serait plus judicieux que je me concentre sur les Boys car potentiellement, ce sont eux qui auront affaire à moi pendant pas mal de temps. Les Messieurs, il y en aura qui passeront peut-être professionnel, très bientôt, donc cela avait plus de chance d’aller sur les Boys. J’ai vu aussi les joueurs qui ont participé à la Gounouilhou au Golf du Médoc, notamment Ugo Malcor que je connais. Pour l’instant, ce sont des noms sur des listes, sur des pages d’applis que j’ouvre et que je ferme, mais je n’ai pas encore de contacts avec ces joueurs-là. Je suis impatient de mieux les connaitre.
Quel sera votre port d’attache ? Le Centre de performance au Golf National ?
Pas forcément. Je serai probablement entre le Golf National et Terre Blanche. Il y aura aussi les États-Unis pour les déplacements. Il y aura des compétitions et des entraînements. J’irai souvent au Centre de performance car il y a pas mal de joueurs cibles là-bas. Je n’oublie pas également les ligues pour rencontrer un peu tout le monde avec le même but de sortir un, deux, trois ou quatre champions tous les cinq à sept ans… Tous les acteurs de cette filière tirent dans le même sens et je suis quelque part un peu le lien avec toutes ces personnes.
Cette nouvelle mission va-t-elle vous obliger à stopper vos activités annexes, notamment le coaching par exemple ?
Non, je n’ai pas de contrat d’exclusivité avec la Fédération. Et ce n’est pas un volume de jours qui m’empêche de faire des choses à côté. Je me laisse un petit peu de temps, déjà pour m’entraîner car je ne vais pas poser les clubs. Quand je serai chez moi, et que j’aurai un peu de temps, je ferai du sport, je vais garder un peu de golf, partager des bons moments de golf avec mon fils qui adore ça. J’enseigne aussi en Belgique (Golf Club d’Hulencourt) et ce n’est pas un volume de jours incompatible avec ce que me demande la Fédération. Ce qui est prévu, c’est de continuer. J’espère allier les deux. Mais je pars dans l’optique d’y arriver. Une chose est sûre, je n’ai pas l’intention de déménager, je vais rester dans la région bordelaise.
Envisagez-vous de rejoindre le Legends Tour prochainement ?
J’ai 47 ans et demi. Je suis encore à deux ans et demi du Senior Tour. C’est quelque chose que j’ai toujours plus ou moins envisagé. On verra. Si jamais au bout d’un an, le job ne se passe pas bien, que la Fédération n’est pas contente de moi, il est certain que ce sera une bonne perspective car j’ai toujours le jeu dans le sang, c’est quelque chose qui m’anime fortement. Maintenant, c’était quelque chose de plus envisageable avant que je débute mes discussions avec la Fédération. Aujourd’hui, si cette mission me plaît et que je la fais bien, c’est quelque chose qui me retirera complètement du jeu.