Même si chaque fac construit son calendrier comme elle l’entend, une saison de golf universitaire obéit toujours à un schéma bien particulier, articulé autour de trois gros temps forts : la saison automnale ("fall season"), la saison printanière ("spring season"), puis la "postseason", point culminant entre avril et début juin. Rassurez-vous : oui, on va détailler.
Il aura fallu attendre le deuxième épisode de cette série, mais nous y voilà, on va enfin parler d’étudiants qui tapent dans des balles de golf lors de tournois. Quant au fait qu’un épisode tout entier soit consacré à l’organisation générale d’une saison universitaire aux États-Unis, il est sans doute éloquent quant au degré de complexité de l’affaire.
Les tournois réguliers
Étant donné qu’il s’agit de la plus en vue et de la mieux peuplée en termes de talents, l’explication se focalisera ici sur la division I de NCAA, sachant que tant les divisions inférieures que les autres associations interuniversitaires (lire épisode 1) fonctionnent sur un principe similaire.
À partir de la rentrée (vers septembre-octobre) débute la série des tournois réguliers, elle-même organisée en deux temps : une première série de tournois à l’automne, la "fall season", et une deuxième à la fin de l’hiver et au début du printemps, la "spring season". Les deux sont séparées par une interruption s’étendant environ de novembre à fin janvier, mais qui concerne seulement les tournois en eux-mêmes. Pour le reste, les étudiants s’entraînent sur leurs campus respectifs, ne quittant réellement les murs de la fac qu’autour des fêtes de fin d’année.
Séparées au calendrier donc, la "fall season" et la "spring season" sont en revanche identiques sur le principe : chaque université prend part à des tournois organisés à chaque fois par une université hôtesse. Le modèle standard pour ces tournois met aux prises des équipes de cinq joueurs ou joueuses, disputant quatre tours de stroke play en simple, les quatre meilleures cartes étant retenues chaque jour pour le total de l’équipe.
Un classement individuel est bel et bien établi à chaque tournoi, son vainqueur étant désigné comme le "Medalist". Certes, cette performance est un accomplissement non négligeable, aidant particulièrement à se faire un nom ou à convaincre son staff de faire de nouveau partie de l’équipe au tournoi suivant. L’important pour les universités demeure cependant la lutte pour la victoire par équipes. Ces victoires ont en effet d'autres utilités que le simple prestige d'un trophée ramené au bercail. Elles permettent en effet de progresser dans les différents classements généraux entre universités, afin d'attaquer la "postseason" dans la meilleure position possible. Mais n'allons pas trop vite...
Ces tournois régulier ne sont pas tenus de mettre aux prises uniquement des universités d’une même conférence. Ceci dit, étant donné la relative proximité géographique des membres de certaines conférences, les équipes se retrouvent fréquemment face aux mêmes adversaires. Autre point important : les universités ayant généralement davantage de joueurs ou joueuses dans leur effectif que de places dans l’équipe lors d’un tournoi, les étudiants sont tenus de montrer au maximum leur bonne forme et leur implication personnelle, tant pendant le tournoi lui-même qu'à l'entraînement sur leur propre campus, afin d’être sélectionnés par les coaches.
La "postseason"
Fin avril débute le gros temps fort de l’année, celui attendu avec le plus d’impatience, tant par les facs que par leurs étudiants : la "postseason". Celle-ci débute par les championnats de conférence. Pas de piège ce coup-ci : ces épreuves se déroulent seulement entre les équipes d’une même conférence. Outre le prestige de dominer ses rivaux les plus directs, la victoire dans ce championnat (dont le format est variable suivant les conférences) apporte la garantie non négligeable de disputer le championnat national, quelques semaines plus tard.
Deuxième étape de ce triptyque infernal : les championnats régionaux (les "Regionals", dans la langue locale), au nombre de six chez les messieurs et quatre chez les dames en division I de NCAA. Championnats au nom relativement impropre, puisque la liste des équipes qui y participent n’est pas déterminée sur des critères purement géographiques. Les meilleures universités selon le classement établi par les spécialistes du golf universitaire américain choisissent chacune leur destination. Le reste des participants est réparti de manière aléatoire dans les tournois, tous disputés sur 54 trous de stroke play. Le but de ce championnat est simple : déterminer les équipes qui participeront ensuite au championnat national (ainsi que les meilleurs en individuel ne faisant pas partie d'équipes déjà qualifiées).
Ce dernier, le NCAA Championship, clôture la saison en déterminant l’université championne du pays pour ce qui est de la division I. L’événement est tel qu’il est même diffusé en direct Outre-Atlantique par Golf Channel, comme le serait un grand tournoi professionnel. Il se déroule sur un format qui rappelle par certains aspects celui des championnats de France amateurs par équipes. Trois tours de stroke play en simple sont d’abord disputés (avec toujours cinq joueurs par équipe et quatre cartes dans le total), avant un quatrième réservé aux 15 équipes les mieux classées jusqu’alors. Après ces 72 trous, les huit meilleures équipes intègrent le tableau de match play, et jouent des rencontres à élimination directe constituées de cinq matches en simple. Le champion est bien évidemment le vainqueur de la finale. Cette épreuve est la meilleure occasion pour le grand public d'avoir un aperçu direct du talent des futurs stars du golf mondial. Phil Mickelson en 1990 avec Arizona State ou Tiger Woods en 1994 avec Stanford ne sont que deux exemples d'une longue liste de grands joueurs auréolés d'un titre NCAA dans leurs jeunes années.