Vainqueur de deux titres par équipes cet été, le joueur de Chantilly compte bien en remporter un de plus, avec son club, à l'occasion du trophée Jean Lignel qui s'ouvre vendredi au Golf de Mérignies.
Alors qu'il avait goûté par deux fois aux joies d'un succès individuel dans un championnat de France, en 2019 chez les U12 et en 2022 chez les U16, Arthur Carlier a découvert cet été les saveurs différentes, mais non moins succulentes, de la victoire collective. À deux reprises, là aussi, et presque coup sur coup, puisque le jeune homme qui a fêté ses 17 ans le 28 janvier dernier a enchaîné les médailles d'or avec l'équipe de France lors du Championnat d'Europe Boys, puis avec le Continent européen lors du Jacques Léglise Trophy. « Ça a été deux expériences exceptionnelles et inoubliables », glisse-t-il avec une émotion encore bien présente dans la voix, même si les faits remontent déjà à quelques semaines. À ces deux lauriers on peut même ajouter le succès, toujours par équipe, lors du Quadrangulaire d'avril qui avait réuni à Hossegor les meilleurs U18 de France, d'Allemagne, d'Espagne et d'Irlande.
Europe Boys : un artisan de la revanche des Bleuets
C'est mi-juillet en Autriche que le plus prestigieux de ces trois succès s'est dessiné, lors d'une finale remportée sur le fil par les garçons de Jean-François Lucquin et Pierre-Jean Cassagne face aux Anglais. Dans ces Europe Boys auxquels il participe pour la première fois, Arthur Carlier joue parfaitement son rôle en terminant 8e de la qualification en stroke play : « J'ai montré aux sélectionneurs que j'étais bien dans la balle et que j'avais ma place dans les matchs », analyse-t-il. Avec un point rapporté en simple en quart de finale contre la Suisse (6&5), puis un autre en demi-finale face à l'Allemagne (6&4), il participe pleinement à l'opération revanche de l'équipe de France, battue en prolongation pour le titre l'année précédente.
Dans une finale jouée en formule réduite en raison des intempéries, il est à nouveau aligné en simple. « J'ai eu un petit passage à vide, j'ai perdu quatre trous consécutifs en milieu de match (défaite 3&2, ndlr), mais l'équipe a fait ce qu'il fallait pour ramener la victoire. C'était assez particulier parce que le titre a été gagné sur un putt de 30 cm manqué par un Anglais... Il y a eu un moment de blanc, mais après, on s'est regardés et on s'est tous jetés les uns sur les autres. C'était exceptionnel ! » raconte-t-il. En remportant le trophée, Carlier et ses coéquipiers offrent à la France un cinquième titre dans l'histoire du championnat d'Europe Boys, cinq ans après le dernier : « C'était génial de ramener le titre à la Fédération, mais surtout, c'était une semaine inoubliable pour nous, puisqu'on est vraiment une bande d'amis. »
Jacques Léglise Trophy : le point de la victoire
Huit jour après le sacre, le jeune homme est en Angleterre pour jouer le Carris Trophy, le championnat d'Angleterre amateur Boys en stroke play. Accompagné seulement par son coach, Alexandre Kaleka, il livre une nouvelle perforamnce de haut standing, conclue sur une deuxième place à -14 total, à deux coups du vainqueur. « Le dernier tour a été super, car je me suis vite retrouvé avec quatre ou cinq coups de retard parce que mon adversaire avait très bien démarré, mais j'ai grappillé petit à petit. Il m'a manqué deux coups pour jouer la gagne, mais c'était une super semaine, dans la lignée des Europe », évoque-t-il. S'il ne repart pas du Omskirk Golf Club avec la coupe, une autre récompense l'attend toutefois le lendemain, lorsque son téléphone sonne : Pierre Relecom, le Belge capitaine de l'Europe continentale, lui fait part de sa sélection pour le Jacques Léglise Trophy. « Je ne m'y attendais pas du tout, donc ç'a été une grande joie ! »
Un mois plus tard, le voilà de retour en Angleterre pour disputer cette épreuve opposant les meilleurs U18 du Continent européen à leurs homologues de Grande-Bretagne et d'Irlande. « On a passé une nouvelle semaine exceptionnelle, avec des Boys de toute l'Europe. On a créé de nouvelles relations avec des joueurs de notre âge, ce qui était top car on n'a pas souvent l'occasion de faire copain-copain avec des étrangers », souligne-t-il. Pour ne rien gâcher à l'atmosphère de camaraderie, Arthur Carlier retrouve dans l'équipe ses compatriotes et coéquipiers Oscar Couilleau et Hugo Le Goff, ainsi qu'un autre pensionnaire du Centre de performance du Golf National, l'Ukrainien Lev Grinberg. « C'était très chouette de partager ce moment tous les quatre. »
Sur le terrain, l'alchimie entre les Continentaux fonctionne à merveille, malgré l'annulation de la première session de foursomes en raison, là encore, d'une météo peu clémente. Si Carlier perd son simple le premier jour et se voit privé de double le lendemain matin, il se remotive en voyant ses huit coéquipiers réaliser le sweep (quatre sur quatre). L'après-midi, en simple, il prend alors ses responsabilités : « Je ne suis pas très bien parti puisque j'étais 3 down à 6 ou 7 trous de la fin, mais derrière l'Anglais a eu un passage à vide et j'ai gagné cinq trous d'affilée pour conclure 2&1. Apparemment, c'est moi qui ai rapporté le point de la victoire, mais par rapport au travail qu'a fait toute l'équipe, c'était vraiment anecdotique », précise-t-il.
Plus de plaisir, plus de confiance
Ces victoires collectives, acquises en jouant à chaque fois un rôle déterminant dans le résultat final, sont le fruit d'un changement opéré l'hiver dernier par le joueur et son encadrement. « Après une année 2023 décevante, où je n'étais pas très bien dans mon golf et dans ma tête, j'ai beaucoup travaillé avec mon préparateur mental Julien Fichot-Lefort et mon coach technique Alexandre Kaleka. On m'a recréé un mindset un peu différent, dans le sens où je prends beaucoup plus de plaisir sur le parcours. Mon jeu a aussi évolué, grâce aux entraînements quotidiens au Centre, et la combinaison des deux m'a permis de bien progresser. Je suis beaucoup plus dans le plaisir, et donc j'ai plus de confiance en moi », résume Arthur. Le fait de s'entraîner au Centre de performance du Golf National, au contact de quelques-uns des meilleurs joueurs de sa catégorie, n'est pas non plus étranger à cette progression. « Ça apporte énormément ! » tranche-t-il. « C'est un avantage considérable de m'entraîner tous les jours dans ce cadre. Et le fait d'avoir un très bon groupe de copains, dans lequel tout le monde joue très bien cette saison, est encore plus motivant : on se tire tous vers le haut à l'entraînement. »
Pour Arthur Carlier, l'avenir proche a donc toutes les chances d'apporter de nouveaux succès. Collectif, comme cette semaine au Golf de Mérignies où il tentera d'offrir à son club de Chantilly le trophée Jean Lignel ; ou individuel, le mois prochain lors du Championnat de France Cadets au Golf du Gouverneur. « De toute façon, ces résultats chez les amateurs servent à construire le passage professionnel », conclut sentencieusement celui qui portera, dès l'été 2025, les couleurs de l'université du Kansas. « Chaque chose en son temps : avant de penser à être pro, j'ai la fac américaine qui m'attend ; et avant de penser aux études, j'ai encore un an au Centre de perf' pour continuer à évoluer avec les copains et le staff. »