La tenue du Championnat de France des Jeunes, cette semaine au Golf de Bondues, donne l'occasion d'apporter quelques éclairages sur la façon d'adapter un parcours de golf aux différentes catégories d'âge.
Pour un golf, accueillir un Championnat de France des Jeunes, avec ses quelque trois cents participants répartis dans quatre catégories d'âge, suppose un certain nombre de prérequis absolument incontournables. Disposer de deux parcours de 18 trous est le premier, que remplit le Golf de Bondues, qui reçoit cet été l'épreuve pour la cinquième fois de son histoire. Avec ses deux tracés signés Robert Trent Jones et Fred Hawtree, le club nordiste est idéalement équipé, mais cela ne suffit pas : encore faut-il savoir les adapter aux caractéristiques physiques, et notamment de puissance, des meilleurs jeunes du pays entre dix et quatorze ans. « Nous avons travaillé en amont avec les équipes de la Fédération sur les distances officielles requises pour ce type de championnat. Nous avons aussi bénéficié de l'aide des conseillers techniques régionaux, qui sont venus vérifier les distances, tout recalculer trou par trou, avant de valider qu'on était en phase avec les préconisations fédérales », expose Anton Mahé, le directeur du club situé dans la banlieue lilloise.
Garder ses distances
Si la distance préconisée pour chaque catégorie est clairement indiquée dans la documentation fédérale (cf. tableau ci-dessous), une particularité supplémentaire est à prendre en compte au CFJ (ainsi qu'aux Grands Prix Jeunes Majeurs) : chaque catégorie joue des repères de la catégorie du dessus. Ainsi les U12 partent des repères U14, et les U14 des Minimes. Pourquoi ? Car c'est le championnat de France, tout simplement !
Une fois cela dit, comment ramener des tracés étalonnés, des marques blanches, à 5924 (Trent Jones) et 6201 mètres (Hawtree) respectivement, à 5675 et 5272 mètres, pour ne parler que des Benjamins et U12 Garçons ? Suffit-il de raccourcir chaque trou de la même proportion (en l'occurrence 96 et 85 %), en avançant dix-huit fois les marques de départ ? Que nenni : « On construit un parcours adapté à partir des repères adultes blancs, jaunes, bleus et rouges existants, pour que les jeunes aient une longueur totale qui corresponde aux recommandations, tout en leur permettant d'avoir des trous de longueurs variées pour un même par », explique Anton Mahé.
Cette semaine, à titre d'exemple, le Trent Jones pour les Benjamins mesure 5675 mètres, un total obtenu en combinant neuf trous joués des repères blancs adultes, et neuf des jaunes. On y trouve un court par 3 (120 m), deux moyens (139 et 146 m) et deux longs (152 et 166 m) ; ou encore, aux extrêmes, un petit par 4 de 289 m et deux à plus de 360 m. « Le but est de leur proposer des options de jeu différentes, comme des par 4 presque atteignables au driver et d'autres difficiles à prendre en régulation, ou des par 3 sur lesquels ils ne jouent pas tout le temps le même club. On veut qu'ils tapent un maximum de clubs durant la partie », poursuit le directeur.
Soigner l'entretien
L'autre grand levier pour adapter un parcours au jeu des plus jeunes est la façon de le préparer. À Bondues, club à la longue tradition sportive habitué à accueillir des compétitions nationales, les équipes sont parfaitement rodées à cet exercice délicat, et ont employé pour cette semaine une recette qui a fait ses preuves : « On a fait comme d'habitude quand on prépare des championnats », indique Anton Mahé.
Dans le détail : « On a préparé les greens avec doubles tontes, roulages et grooming pour leur donner la vitesse à laquelle on est en droit de s'attendre à ce niveau. On est entre 3,30 et 3,40 m au stimpmeter, donc des greens qui roulent bien, tiennent la ligne et réceptionnent bien la balle sans être trop fermes. On a gardé les roughs comme ils sont d'habitude, mais on a pu retravailler les semi-roughs qu'on n'avait pas mis en place en début de saison en raison des conditions météo. C'est plus joli visuellement, et puis c'est plus intéressant pour le jeu. On a pu faire ça notamment grâce à nos robots-tondeuses, qui sont d'une précision chirurgicale et qui permettent de garder au centimètre près la largeur de fairway voulue. »
Il n'est donc pas question de rendre les choses trop faciles pour les joueurs et joueuses du CFJ, en élargissant les fairways ou en assouplissant les greens, par exemple. Après tout, c'est en se confrontant à la difficulté que l'on progresse le plus, et vu la qualité du spectacle proposé par l'élite des U12 et Benjamins français, il est clair que ces graines de champions en ont pleinement conscience !