À 15 ans seulement, Mila Tamisier a accompli un rêve d’adolescente. En remportant le trophée Cécile de Rotschild mi-septembre, l’Aixoise s’est offert une semaine parmi les très grandes au Lacoste Ladies Open de France ; un moment gravé pour la vie qui a renforcé ses désirs de carrière professionnelle.

Mila Tamisier a participé à son premier Lacoste Ladies Open de France à seulement 15 ans. © Tomas Stevens / ffgolf

Que trop rarement, elle n’avait vu des joueuses professionnelles de près. En réalité, ce n’était arrivée qu’une fois, à l’occasion d’un pro-am au Terre Blanche Ladies Open. Passionnée par son sport mais déjà trop occupée pour avoir le temps d’aller observer les stars du Ladies European Tour ou de son anti-chambre, le LET Access Series, Mila Tamisier n’avait en fait aucunement conscience de ce que pouvait être la vie de pro jusqu’à présent. Alors le lundi 23 septembre, lorsqu’elle est arrivée au Golf Barrière Deauville, hôte du Lacoste Ladies Open de France, c’est avec des yeux ébahis et brillants qu’elle a découvert ce monde. Mais du haut de ses 15 ans, Mila n’était pas une simple spectatrice. Car soixante-douze heures plus tard, elle aussi était au départ du 1, là-haut, sur ce tee box devenu symbole de l’événement. « Jouer mon premier tournoi pro à 15 ans, c’est dingue ! » s’exclame-t-elle une semaine après son expérience. Dans sa voix, c’est la fraîcheur d’un regard juvénile qui domine. « J’ai eu une chance incroyable, je n’oublierai jamais ça, ça m’a donné envie d’en faire plein d’autres », poursuit-elle alors qu’elle réalise dans le même temps qu’elle se prête au jeu de l’interview.

Comme un lundi, ou presque

Loin d’être descendue de son nuage, la licenciée d’Aix-Marseille est retournée cette semaine à son quotidien de lycéenne du Creps (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive) d’Aix-en-Provence, huit jours après avoir présenté son excuse la plus belle pour justifier son absence. « Pour une fois, les professeurs m’avaient dit de ne pas me soucier des cours ! Et à mon retour, ils étaient tous intéressés donc je leur ai raconté ma semaine. Bon, je ne suis pas trop rentrée dans les détails techniques parce que c’est un peu compliqué pour eux, mais c’était sympa », ajoute-t-elle avec empathie. Dans ses récits, l’adolescente décrit la grandeur d’un parcours « bien plus long que ceux qu’[elle] joue habituellement », le caddeyage de son père le jeudi et de son grand-père le vendredi, mais aussi la négociation avec l’organisation du tournoi pour ramener chez elle ce qui s’apparentait à un trophée : la chasuble de caddie, estampillée du patronyme Tamisier. « Pour moi, un tournoi à la télé c’est ça, c’est le dossard, et je voulais absolument le garder », explique-t-elle satisfaite d’avoir obtenu ce souvenir.

Au milieu du récit d’une tempête qui a animé le tournoi pendant trois jours et d’un cut manqué pour deux petits coups, la n° 13 du mérite national jeunes Dames a à peine dévoilé l’œil qu’elle a porté sur ses aînées professionnelles. « Comme je ne regarde pas souvent les tournois à la télé, je n’ai pas trop reconnu les joueuses, donc ça ne m’a pas trop impressionnée, en fait », avoue-t-elle en souriant. En revanche, certains aspects du tracé normand ont bien instigué une certaine timidité chez elle. « En voyant les greens pentus le premier jour, j’étais plus défensive qu’à mon habitude. Et en général, c’est une attitude qui permet de limiter la casse mais pas de rendre des bonnes cartes. »

© Tomas Stevens / FFGOLF

L’exigence précoce

À ces mots, la jeune joueuse laisse paraître son autre soi. Celui du terrain, celui qui connaît son sujet. Malgré une expérience très courte, Mila Tamisier tient déjà une analyse de sa performance comme le ferait ses doyennes des circuits professionnels. « C’est hyper encourageant de voir que pour mon premier tournoi du LET, je finis à deux coups du cut. Mais forcément j’ai repensé tout de suite aux trous où j’aurais pu gratter ces coups. Le premier jour j’ai eu des opportunités mais je n’ai pas osé. Et le deuxième jour j’ai changé d’attitude sur le petit jeu. J’ai tenté un peu plus et au final, j’ai tout mis "donné". Vu les conditions météo, c’était une super carte (+2, ndlr). »

Cet état d’esprit réaliste découle d’un changement récent dans son approche de la performance. Sans aucune victoire au niveau amateur jusqu’au début du mois de septembre, la jeune Française cumulait les résultats moyens alors que le jeu, lui, était bien à ses yeux. Une constante qui la frustrait jusqu’à trouver son point de rupture après les Internationaux d’Italie U18, à la fin du mois d’août. « J’en avais marre de ressentir que je n’étais pas à ma place quand je jouais bien. Alors je me suis énervée et c’est cette colère qui m’a aidée à la Rothschild. » En effet, deux semaines plus tard, sur les fairways du  golf de Morfontaine à l’occasion des Internationaux de France Dames, Mila prouve sa réussite lors de deux très bons premiers tours avant de dérouler dans le troisième et dernier, sans jamais exulter : « À chaque birdie, je voulais juste en faire un autre », résume-t-elle. Pour sa toute première participation, l’Aixoise a fini par ajouter son nom au palmarès du trophée Cécile de Rothschild, dans un tournoi où elle n’avait appris qu’à la veille du premier jour que la vainqueur serait invitée à l’open national féminin. « Avec mon père on se disait en rigolant "imagine, on gagne la Rothschid, imagine on va à l’Open de France..." » Imagine…