Cinq ans après avoir quitté le monde professionnel, Alexandra Vilatte-Farret arrive au bout d’une saison dorée en catégorie mid-amateur. Une strate qu’elle ne pensait pas aussi riche en rendez-vous et en émotions.
Ça a été une grande première. Envolée début septembre du côté du Massachusetts et la grande bourgade de West Newton, Alexandra Vilatte-Farret débarquait pour la première fois dans le champ de l’U.S Women’s Mid-Amateur, tournoi de haut rang réunissant les meilleures joueuses amateurs de plus de 25 ans. La représentante du Racing Club de France en a seize de plus, animés par une carrière professionnelle sur le Ladies European Tour, un diplôme d’État de docteur en pharmacie et par l’arrivée de deux enfants entre temps. C’est avec toutes ces casquettes qu’elle est revenue dans le monde amateur en 2019. Le but y était simple : s’amuser dans des tournois qui l’avaient faite vibrer plus jeune, à l’instar du championnat de France par équipes Dames. C’est d’ailleurs ce même trophée Golfers’ Club qu’elle a soulevé à trois reprises avec les Ciel et Blanc lors des trois dernières années. Mais sans qu’elle le sache, il y avait plus à aller chercher.
Merci Hugo !
Ainsi, Hugo Rouillon, son partenaire de club lui a (ré)exposé au printemps dernier les nombreux autres rendez-vous qui marquent le calendrier mid-amateur. Un en particulier a fait l’objet de leur discussion. « Cela faisait deux ans qu’il me disait d’aller au championnat d’Europe mid-amateur et cette année, mon emploi du temps me le permettait un peu plus », relate l'intéressée. Alors, engagée début juin en Lettonie, Alexandra Vilatte-Farret a fini par remporter le titre européen au terme d’une grande semaine, s’offrant un deuxième trophée prestigieux dans l’année mais surtout une qualification immédiate pour l’U.S Women’s Mid-Amateur.
Au contraire de sa participation, cette traversée de l’Atlantique n’a pas été une première dans la carrière de l’amateur. En 2023 déjà, le même Hugo Rouillon lui proposait de planter le tee au Nord de New York à l’occasion de The Farrell, évènement organisé par la ligue de la Grande Pomme. Et là encore, sa première était auréolée d’un succès. Mais cette expérience n’avait qu'un poids relatif en vue du rendez-vous plus exigeant qui se profilait. La quadragénaire n’avait en fait aucune idée ce qui l’attendait vraiment sur le tracé du Brae Burn Country Club. « Je ne connaissais ni le parcours, ni le niveau des filles. Mon seul repère était le niveau des joueuses avec qui j’ai partagé mes parties de reconnaissance », raconte la 206e joueuse mondiale amateur. Mais deux jours plus tard, au terme des qualifications sur un dessin qui lui sied car court et technique, l’analyse s’est affinée. En terminant 13e sur 132 engagées, la seule Tricolore du tournoi sentait qu’elle « en [avait] encore sous le pied. »
Ce gain chronique de confiance l’a ensuite amenée à faire tomber trois adversaires en 16e, 8e et quart de finale lors de la phase de match play. « Avant le tournoi, j’aurais signer tout de suite pour jouer une demi-finale », glisse-t-elle dans le récit. Toujours en réussite, ce duel du dernier carré était d’ailleurs dans la lignée des autres. Mais un retour héroïque de la Tchèque Hana Ryskova au 17, puis un putt vainqueur au quatrième trou de mort subite, a mis fin au parcours idyllique de la Française. « Il y a eu de la déception parce que je me suis vue gagner. Mais avec le recul, c’était une super semaine », retrace-t-elle avec un sourire qui ne quitte que rarement sa voix.
Le choix cornélien
Avec ce résultat, sa qualification pour les deux prochaines éditions est déjà assurée. Du moins, en attendant la découverte du calendrier européen. Car avec l’apparition du championnat d’Europe par équipes mid-amateur cette année, disputé la même semaine que « l’U.S. Mid-Am », Alexandra Vilatte-Farret a dû faire un choix entre l’appel de la nation et l’opportunité de jouer un tournoi qui aurait pu être le seul de toute sa vie. Un choix qui pourrait possiblement se représenter.
D’ici là, la Racingwoman va continuer son train-train quotidien : celui d’une vie en pharmacie, ponctuée par un entraînement hebdomadaire d’une heure et demie avec Olivier Rozner et par une ronde dominicale au RCF La Boulie. Celui d’une vie à préparer les mêmes tournois, à revenir dans l’arrière-boutique à peine sortie de l’avion et à « trimer un peu » pour compenser le travail de ses équipes en son absence - « il faut bien savoir se faire pardonner ! » conclut-elle. Enfin, celui d’une vie de maman et de joueuse, à retrouver des visages qu’elle côtoyait à un âge où, justement elle rêvait de monde pro. Mais désormais loin de cette strate et plus près de toutes les émotions qu’elle cherchaient au moment de revenir chez les amateurs, celle qui brille dans sa catégorie ne boude pas sa nouvelle carrière. Parce que, après tout, c'est ça, le golf qu'elle aime.