Auteur d'une brillante saison dans les rangs Mid-Amateurs, Alexis Leray est le nouveau n° 1 français au classement mondial, un honneur qu'il prend avec une humilité doublée d'une forte envie de confirmer l'an prochain... chez les Messieurs.
Des victoires à la coupe Cachard, à la Mouchy et aux Internationaux de Belgique ; des podiums à la Illouz, à la Murat et au Grand Prix de Montpellier-Massane ; une médaille d'argent sous la bannière tricolore au championnat d'Europe Mid-Amateurs par équipes ; une sélection dans l'équipe européenne de Concession Cup (sorte de Ryder Cup Mid-Amateur et Senior jouée le mois dernier aux États-Unis) : la saison d'Alexis Leray a été non seulement bien remplie, mais surtout couronnée de performances de premier plan à chaque sortie ou presque ! « Cette année a été top, et je suis super content de la façon dont j'ai évolué », se félicite le licencié du Golf de Chantilly, trois jours avant de s'envoler pour la Floride où l'attend son dernier tournoi en 2024, le South Beach International Amateur.
Cette fameuse épreuve disputée à Miami, traditionnel rendez-vous de fin d'année équivalent pratiquement à un Majeur amateur, est d'ordinaire la chasse gardée des meilleurs espoirs de la planète. Alexis, lui, a 27 ans, et fera figure de vétéran - pour ne pas dire de « vieux » - au milieu de ces très jeunes joueurs déjà au sommet du golf amateur mondial, dont la quasi-totalité se destine à passer pro. Mais sa présence sur les fairways du Miami Beach Golf Club et du Normandy Shores Golf Course ne relève pas du hasard, et encore moins de l'erreur : depuis plus d'un mois, il est le Français le mieux classé au World Amateur Golf Ranking (WAGR).
Meilleur Français au classement mondial
Depuis le récent passage professionnel de Bastien Amat, précédent titulaire du poste (16e le 5 novembre avant de disparaître des tablettes, ndlr), c'est bien lui qui occupe cette place honorifique, s'affichant ce 12 décembre au 134e rang. « Bon, j'ai un WAGR un peu boosté par rapport à d'autres puisque je n'ai que très peu joué l'an dernier ; et je n'ai donc fait que cumuler des points en 2024 sans perdre ceux des années d'avant », précise-t-il humblement. « Même si ça n'enlève rien à ma belle saison et à mes performances, je suis conscient de cela. Il faut que je confirme l'an prochain en gardant un niveau de jeu similaire. Mais être premier Français au ranking mondial, c'est une vraie fierté, évidemment, et j'espère que ça va continuer comme ça quelque temps ! »
Le temps est évidemment un facteur clé pour confirmer cette position. Cependant, à la différence des « petits jeunes » déjà évoqués, Alexis n'en a pas énormément à consacrer à son golf. S'il a un moment caressé l'idée de tenter sa chance chez les professionnels, il a opté pour une autre voie à l'issue de son cursus post-bac, effectué d'abord à l'université Paris-Dauphine en éco-gestion, puis à l'université Laval à Québec en business management et gestion de projet. « Lors de ma dernière année au Canada, je me lançais dans la vie professionnelle, et le golf a été relégué au second plan. J'ai un peu stoppé le haut niveau », raconte-t-il. Entré en alternance au sein du groupe Thalès, il y occupe aujourd'hui un poste de cadre à la tête d'une équipe de six ingénieurs informaticiens. « Sans regret », assure-t-il, « mais c'est vrai que vu mon niveau de jeu et mes résultats cette année, je me demande ce qui se serait passé si j'avais pris cette autre option. Mais je reste les pieds sur terre : je suis conscient d'avoir une belle expérience dans un grand groupe, un bagage universitaire important, des diplômes, et un bon jeu de golf, donc tout va bien ! »
Le poids de l'expérience
Dans cette vie de monsieur Tout-le-monde rythmée par le travail, Alexis parvient néanmoins à dégager juste ce qu'il faut de temps pour entretenir son jeu. « Ça dépend vraiment des tournois : quand je n'ai rien à l'horizon, je peux ne pas toucher à un club pendant plusieurs semaines ; et quand une échéance se profile je sais combien de temps d'entraînement il me faut pour retrouver de bonnes sensations et faire les réglages nécessaires », explique-t-il. En cela, il s'appuie sur la connaissance de soi acquise depuis qu'il a tapé ses premières balles au Golf de Compiègne à l'âge de 5 ans, avant de rejoindre Chantilly en 2011. « En tant que Mid-Amateur, on utilise beaucoup notre expérience pour aller à l'essentiel. Globalement, on va jouer le milieu du fairway, prendre le green et faire deux putts, sans chercher la lune. On est exigeant, bien sûr, mais on sait se satisfaire d'un jeu simple, sans trop de risques. On a tellement tapé de balles depuis notre plus jeune âge qu'on se connaît par cœur, on sait d'où viennent nos erreurs et on est capable de jouer un golf efficace en termes de score, sans être forcément spectaculaire », développe-t-il.
Il lui faudra toutefois en faire un peu plus l'an prochain pour réaliser ses objectifs. « Je ne me mets pas de limites », assure-t-il. « En 2025, je vais jouer tout ce qu'il sera possible de jouer, au plus haut niveau possible : pas seulement chez les "Mid-Ams", mais aussi chez les Messieurs. Je me prépare physiquement depuis deux mois pour être opérationnel sur toute la saison prochaine. » Animé par la passion de la compétition, le prestige des grands tournois amateurs internationaux et le plaisir de rivaliser avec les futurs pros - « je sais que ça les fait ch... de se faire battre par des Mid-Ams qui s'entraînent beaucoup moins qu'eux ! » rigole-t-il - Alexis Leray voit grand pour 2025. Sur son calendrier sont cochées certains tournois, et pas seulement en France : la Jones Cup, les Internationaux d'Espagne, le St Andrews Links, le British Amateur... « L'équipe de France, je l'ai aussi dans un coin de la tête », conclut-il. « J'y ai joué chez les Boys et les Mid-Amateurs, mais jamais chez les Messieurs. J'adorerais représenter mon pays au plus haut niveau. »