Avec un tout nouveau format dès cette année, le championnat d’Europe par équipes Paragolf espère bien contribuer à la mise en place d’un pendant mondial et surtout, à termes, d’une entrée au programme paralympique.

L'équipe de France Paragolf joue cette semaine pour un titre européen à Düsseldorf. © ffgolf

Dès ce jeudi et jusqu’à samedi, l’équipe de France Paragolf fait des fairways du Golfclub Hösel (à l'Est de Düsseldorf) son terrain de jeu à l’occasion du championnat d’Europe par équipes Paragolf. Auréolée d’un titre en 2017, d’une médaille d’argent en 2019 et d’une cinquième place en 2022, son palmarès riche n’aura pourtant qu’un poids relatif dans la gestion de cette nouvelle édition. Car pour cette année, le format est revisité. Entièrement disputé en double, en équipe mixte (composition libre) et avec l’obligation de représenter quatre catégories de handicap différentes, l’événement vient perturber la hiérarchie qui existait jusqu’à présent à l’internationale. « On ne sait plus trop ce que valent les grandes équipes comme l’Angleterre ou la Suède, donne en exemple le sélectionneur des Bleus, Frédéric Cupillard. Les nations se sont adaptées au règlement et ont sélectionné de nouveaux joueurs que l’on ne connaît pas forcément. Donc le premier tour permettra d’en savoir plus sur chacune. »

Le format en bref

54 trous stroke play

Formules foursome, greensome et guatre-balles

Équipe mixte de 4 para-athlètes

4 catégories de handicaps différentes sur 8 éligibles

Malgré cette nouveauté, le technicien a tout de même retrouvé quelques repères qui ne trompent pas. Au détour d’une première reconnaissance effectuée deux semaines plus tôt, il a appris que la formation néerlandaise - dont il se méfie pour les athlètes qu’elle a sélectionnés - avait également jugé bon de ne pas attendre la semaine de la compétition pour découvrir le tracé allemand. « Comme les parcours sont assez compliqués et qu’il y a des handicaps différents d’un joueur à l’autre, il est nécessaire de mieux préparer les parcours. De notre côté, on a analysé les pentes qui peuvent mettre les joueurs en difficulté et on en a aussi profité pour tester nos associations en greensome. » Un procédé qu’il avait déjà appliqué en 2017 lors du sacre de ses joueurs et qui, non sans un peu de superstition, lui semblait primordial pour avoir un coup d’avance sur les autres nations.

Une équipe bâtie pour le collectif

Le voilà donc aux côtés de Mélody Roccaz, Philippe Pee Dit Grabet, Mathieu Cauneau et du joueur-capitaine Charles-Henri Quélin. Parmi eux, les trois hommes peuvent déjà se targuer d’avoir décroché l’or sept ans plus tôt sous les ordres du même coach. Et leur quatrième mousquetaire qu’est la championne d’Europe individuel assis espère bien apporter une petite soeur à cette distinction, une récompense qui serait sa première sur le plan collectif. « L’ambiance est très bonne, il y a beaucoup d’entraides et l’équipe est motivée » s’est félicité le sélectionneur. Car la cohésion a été l’un de ses principaux piliers dans la construction de son équipe. Le niveau de jeu l’a évidemment aiguillé mais après plusieurs rassemblements et stages, ses choix ont été verrouillés par l’entente entre les siens. « Dans un tournoi en double s’il y a un athlète qui se positionne comme juge, c’est le groupe qui en pâtit. Le fait que Philippe et Mathieu se connaissent très bien et que Charles-Henri soit expérimenté et très bienveillant avec Mélody, offre une très bonne complémentarité » explique celui qui a évolué dans ses années professionnelles sur les premières divisions du circuit européen.

Le dépassement de fonction

Dans le cadre des tournois (co)sanctionnés par l’EGA (European Golf Association), les joueurs ont droit d’échanger sur le parcours avec un team advisor. S’il s’agit souvent du capitaine ou du coach de l’équipe, pour les Bleus cette semaine, c’est l’ostéopathe Damien Grison qui aura probablement ce rôle. « Avec lui, les joueurs peuvent être un peu plus détendus et sortir du cadre technique dans lequel ils pourraient tomber si j’étais en face. D’autant plus que Damien les connaît bien donc il n’aura aucun mal à faire passer quelques consignes si c'était nécessaires. »

« C’est un format compliqué sur un parcours assez exigeant et long. Je leur ai dit que le bogey serait un bon score sur chaque trou, et le par un bonus. »

Frédéric Cupillard

Un format pour l’avenir paralympique

À l’orée du premier tour, les Bleus ont donc mis toutes les chances de leur côté pour finir sur la plus haute marche du podium samedi. Un objectif à court terme qui, s’il sert les intérêts de chaque nation, s’inscrit plus largement dans la profession du golf à échelle internationale. « Ce nouveau modèle montre que l’on est en phase avec les demandes du para-sport dans l’objectif d’intégrer le golf aux Jeux paralympiques. Notre prochaine étape est d’avoir un championnat du monde et ça pourrait peut-être se faire l’an prochain » avance-t-il sans trop de certitudes.

Au titre des athlètes, la nouvelle version du championnat d’Europe permet également d’ouvrir la porte à un plus grand panel de joueuses et joueurs potentiels. Cette année déjà, Frédéric Cupillard en a apprécié les influences puisqu’il a préparé cette échéance en suivant un groupe de 14 profils contre 6 à 8 lors des éditions précédentes. « Ça remet des joueurs en selle, c’est une très bonne chose. » Malgré ces bonnes nouvelles, certaines nations ont joué les mauvaises élèves, les menant à ne pas s’inscrire cette semaine faute de joueurs suffisants pour remplir les conditions du règlement. « On aurait presque pu monter trois équipes » ironise le coach en conclusion. De quoi envoyer le message que la France est déjà prête pour un nouveau titre de championne d’Europe et surtout pour envoyer ses représentants batailler sous la bannière paralympique.