Mi-octobre, des jeunes issus d’écoles élémentaires et d’autres d’instituts médico-éducatifs ont eu la chance de découvrir au golf Isabella (Yvelines) un sport dont ils n’avaient jamais imaginé les contours. Une journée qui a véhiculé les émotions les plus simples et quelques vocations.
La journée aurait pu être un échec, minée par la tempête Kirk et annulée en raison d’inondations et de conditions suffisamment sûres pour accueillir autant d’enfants. Mais il en fallait plus pour décourager les équipes du golf Isabella et celles de la Fédération française de golf. En définitive, ce jeudi 10 octobre était, malgré la grisaille et quelques gouttes de pluie, bien à la fête. Alors certes, les 300 enfants attendus n’ont finalement formé qu’une petite légion d’une cinquantaine de jeunes mais ces grands téméraires, petits en âge, ont eu le plaisir de vivre une journée loin de leur quotidien.
Il y avait d’un côté les très jeunes : une classe de CE1 de Plaisir, ville voisine au golf hôte, composée de sa vingtaine d’enfants et de ses deux enseignantes. De l’autre, des plus grands en provenance de l’institut médico-éducatif (IME) René Fontaine (institut accueillant des enfants et adolescents en situation de handicap mental). Tous étaient venus avec hâte et sans attente. À la découverte de la structure associative nichée en forêt, leurs regards ont vite trouvé une multitude d’accroches. Le practice d’abord, le putting green ensuite, les drapeaux plus loin, toujours pointés du bout de l’index au cas où les camarades n’auraient pas vu l’immensité des zones d’entraînement. Une première balade à suivi. Une aventure sur ce qu’ils pointaient comme « le grand parcours » sans totalement réaliser qu’il n’en foulaient en réalité que le premier trou. Puis une seconde marche s’est opérée, cette fois menée par trois des quatre mousquetaires* de l’équipe de France Paragolf championne d’Europe que sont Philippe Pee Dit Grabet, Mathieu Cauneau et Charles-Henri Quélin. « En les voyant, certains ont réalisé que le golf était comme le football, le basket et d’autres sports plus médiatisés, amorce Aurélien Lacour, le référent national Jeunes, Scolaires & Paragolf à la Fédération française de golf, et organisateur de l’événement. Non seulement ils ont découvert qu’il y avait des équipes de France, mais aussi qu’elles gagnaient et qu’il était possible de les rencontrer. »
Parakids, projet d’avenir
La présence des athlètes tricolores n’était en aucun cas le fruit du hasard. Car en plus d’être l’hôte d’une journée découverte, le golf Isabella officialisait son adhésion au projet Parakids golf. Débuté en 2019 au Golf National en succession du feu projet Crocogolf, Parakids golf est venu mettre les thématiques du sport handicap et des enfants au centre de l’attention en associant, à partir de l’expertise des ligues régionales, un établissement médico-social à un club de proximité. L’objectif est simple : « mettre trois mondes en relation : celui du golf, celui des écoles et celui du handicap » précise Aurélien Lacour. « D’une unique structure en 2019, nous comptons désormais 48 clubs affiliés en Métropole et Outre-Mer dans un projet qui bénéficie du soutien du Plan Héritage des Jeux de Paris 2024 pour se déployer davantage à l’échelle nationale » se réjouit le licencié du club, non sans fierté de voir son golf estampillé d’une plaque Parakids golf. À l’instar de tous les autres golfs participants à l’initiative depuis cinq ans, les enseignants de la structure des Yvelines que sont Julien Grillon et Pierre Girard ont suivi une formation afin de pouvoir encadrer chaque jeudi, tout comme ce jour-là, six à huit jeunes de l’IME René Fontaine.
Paul Pfister, responsable de l’école de golf Isabella
Le golf, plus simple que jamais
Il a suffi d’un seul coup de wedge de Charles-Henri Quélin pour conquérir l’assemblée de novices. D’un « wouah » collectif, l’impatience d’essayer s’est faite grandissante jusqu’à tirer quelques larmes aux plus quémandeurs. « C’est tout de même une belle preuve que les enfants ont accroché » sourit Aurélien Lacour. Alors après les dernières démonstrations de puissance et de précision, les trois joueurs de l’équipe de France ont embrassé le rôle d’enseignant aux côtés du licencié du club. Et la magie a opéré, jusque chez les encadrants des groupes. « Certains auront peut-être des envies de vocations, d’autres demanderont peut-être à leurs parents de les inscrire dans le club du coin, en tout cas c’est la base pour avoir un jour des pratiquants et pourquoi pas des champions » estime Charles-Henri Quélin. Une expérience que son équipier Philippe Pee Dit Grabet compare à une chance, lui qui n’a pas eu le plaisir de découvrir la discipline à un si jeune âge. « Ils sont à un stade où ils comprennent vite sans se poser de question. Ils se focalisent sur le simple fait de toucher la balle et ils s’en amusent c’est l’essentiel » conclut-il. Et si d’aventure ils avaient besoin de regoûter au plaisir de propulser la balle blanche, une nouvelle journée découverte est déjà actée au printemps prochain au même endroit. Sans tempête et avec autant d’envie : rendez-vous est pris.
*Mélody Roccaz, quatrième membre de l’équipe, n’a pas pu faire le déplacement.