Disputée depuis 1934 sur le parcours de Fontainebleau (à l’exception de 1948 et 66), cette compétition, créée en 1927, a changé à plusieurs reprises de formule de jeu. En 1972, le match play a cédé la place au stroke play et en 1985, l’épreuve est passée de trois à quatre tours.
Depuis des décennies, la coupe Mouchy, inventée par Henri de Noailles, duc de Mouchy, membre du comité directeur du golf de Fontainebleau et président de l’Union des Golfs de France (de 1924 à 1941), est associée, dans la mémoire collective, au parcours bellifontain. Pourtant, les premières éditions du tournoi se déroulèrent sur d’autres golfs : à Chantilly pour la première d’entre elles en 1927, à Morfontaine en 28, à Ormesson en 29, à Wimereux en 30, à Hossegor en 31, à Saint-Germain-en-Laye en 33. Interrompue pendant la guerre, la coupe Mouchy revint définitivement à Fontainebleau à l’exception des années 1948 (à Saint-Cloud) et 1966 à Saint-Nom-la-Bretèche, pour célébrer la mémoire de Patrick Frayssineau, décédé l’année précédente sur le parcours bellifontain mais, aussi à cause de travaux entrepris sur le site du golf : « La construction du lycée François-Couperin avait permis de récupérer un bout de terrain en accord avec les Eaux et Forêts, précise Christian Majcher, directeur du club depuis avril 1997. Grâce à cette acquisition, trois trous (les 7, 8 et 11) avaient pu être redessinés. »
Dans les années 50, le comité d’organisation de Fontainebleau décida de programmer la compétition pendant le week-end de Pâques. Après trente-six trous de qualification en stroke play, le samedi, les quatre qualifiés se retrouvaient pour les demi-finales puis les vainqueurs, pour la finale. En 1972, le phase de match play fut supprimée. La qualification, dotée depuis 1966 de la coupe Patrick Frayssineau, se joua sur dix-huit trous et la coupe Mouchy, sur trente-six. La formule définitive de la compétition fut adoptée en 1985 avec deux tours de qualification (le vendredi et le samedi) à l’issue desquels trente-neuf joueurs (et les ex aequo) accèdent aux trente-six trous de la coupe Mouchy, le dimanche. « Chaque année, notre hantise, c’est le temps, déclare Christian Majcher. Il est souvent exécrable. Nous avons eu de la neige, des températures polaires (- 6) nous ayant contraints à des départs en shot gun, du vent, de la pluie. Il y a deux ans, pendant la pandémie, je me suis retrouvé tout seul sur le parcours. Ce jour-là, la météo était plutôt clémente. Je me suis dit : quel dommage que la compétition n’ait pas eu lieu. Mais, vers 17h30, un orage s’est rapidement rapproché du parcours et il a plu abondamment ! Il n’y a pas de Mouchy sans eau. » En avril, la saison des Majeurs débute sur l’Augusta National, habituellement situé une semaine avant la coupe Frayssineau-Mouchy, devenue pour les amateurs français leur «Masters». Pas de magnolias, d’azalées ou de cornouillers à Fontainebleau mais, des genêts, de la bruyère, du lilas et des arbres plusieurs fois centenaires conférant à ce lieu une beauté et une magie tout aussi envoûtantes que celles du golf géorgien.
Les cinq victoires de Hervé Frayssineau
Opéré du dos en juillet dernier, Hervé Frayssineau est presque totalement rétabli au point de reprendre l’entraînement : « Je ne peux pas lâcher ce jeu, assure-t-il. Je tape des balles tous les jours et dispute quelques parties amicales. Le golf m’a procuré tant d’émotions comme joueur puis entraîneur. Il m’a comblé. C’est exceptionnel de vivre de sa passion. Je le souhaite à beaucoup de gens. » Vainqueur à cinq reprises (1968, 69, 75, 79 et 81) de la coupe Mouchy, Hervé Frayssineau figure sur le podium des joueurs les plus titrés à Fontainebleau derrière Henri de Lamaze (7 victoires) et Michel Carlhian (6). « C’est la première grande classique du golf français, poursuit Hervé Frayssineau. Je me souviens surtout de mon dernier succès en 1981. Je n’étais pas en tête au départ du dernier tour. J’avais accompli une partie formidable que j’avais conclue par un trois putts au 18 pour un 67 ou 68. Ma mère était présente. Le parcours de Fontainebleau est extraordinaire et toujours très bien préparé pour cette compétition. Les greens étaient très rapides. Mieux valait-il avoir des clous sous les chaussures pour éviter de tomber (rires). »
Le grand champion français a remporté l’épreuve dans deux formules différentes : en match play en 68 et 69 et en stroke play en 75, 79 et 81 : « À l’époque, de nombreuses compétitions se disputaient en match play notamment au niveau international, se rappelle-t-il. Cette formule de jeu avait une saveur particulière. Elle était aussi très formatrice. Puis le stroke play a pris le dessus. Tous les Grands Prix, aujourd’hui, se jouent en stroke play. La Mouchy a suivi cette évolution inéluctable. » Directeur technique national pendant dix-huit ans, Hervé Frayssineau a vécu l’éclosion de joueurs tels que Jean-François Remesy, Laurent Lassalle, Marc Farry, Jean Van de Velde et d’autres : « Des garçons talentueux, reconnaît-il. J’ai beaucoup oeuvré pour le haut niveau français. C’était ma principale préoccupation, ainsi que la détection. La fonction de DTN a un peu changé depuis. J’ai occupé d’autres postes dans ce sport, à peu près tous. Beaucoup de coaching, l’organisation de journées d’entreprise, la direction de golf. Je suis également passionné par la technique et la biomécanique. J’enseigne à mon rythme au Polo de Bagatelle. J’adore ce jeu. C’est ma vie. » Cette année encore, Hervé Frayssineau honorera l’invitation du comité d’organisation de la coupe Mouchy au repas des vainqueurs le 30 avril, jour du second tour de la coupe Patrick Frayssineau.