Le champion de France amateur en titre fait partie de l’équipe tricolore engagée à la European Nations Cup, cette semaine à Sotogrande. Une occasion de poursuivre sa belle progression des deux dernières années, et pourquoi pas de faire un pas de plus vers les pros.
Être le vétéran d’une équipe à 20 ans, ça ne lui arrivera pas mille fois dans sa carrière de golfeur. Mais Darren Strachan accepte d’autant mieux ce rôle, cette semaine à Sotogrande, que dans son esprit, arriver à maturité sportive plus tard que les autres n’est absolument pas un problème. Au contraire, l’important pour lui, sera surtout d’y arriver.
Le champion de France amateur en titre fait partie du quatuor de l’équipe de France messieurs qui prend le départ, ce mercredi, de la European Nations Cup (lire plus loin). Et il le lance sans périphrase : « C’est un kif d’être là. Je ne connaissais pas Sotogrande, et c’est un très bon parcours, avec de belles opportunités de birdies sur certains trous, et d’autres trous beaucoup plus durs, surtout les pars 3. Quand il y a du vent, c’est un sacré défi. »
La jeune garde bleue à Sotogrande
Pour cette édition 2024 de la European Nations Cup, le staff de l'équipe de France messieurs, représenté sur place par Benoît Teilleria, a choisi, comme les années précédentes, de mettre les jeunes dans le grand bain. Hugo Le Goff, Noa Auch-Roy et Callixte Alzas, tous les trois encore dans les catégories Boys, seront ainsi les trois coéquipiers de Darren Strachan.
Le tournoi, qui regroupe 21 équipes chez les messieurs, propose une formule simple : quatre tours de stroke play en individuel, avec, à la fin de chaque journée, un total obtenu en additionnant les trois meilleures cartes de chaque nation.
Le vent, Darren Strachan connaît. Né à Boulogne-sur-Mer, il a très longtemps joué au golf d’Hardelot, que son père a dirigé pendant 22 ans, avant de glisser vers Wimereux, toujours sur la Côte d’Opale. Et même si sa licence le rattache aujourd’hui à Chantilly, club dont il compte défendre les couleurs lors du prochain Trophée Gounouilhou (22-26 mai), le littoral venteux du Pas-de-Calais et le paysage de links sont toujours son idéal-type du jeu de golf.
Il a donné une très belle preuve de ces dispositions, l’an passé, en remportant début mai le titre national amateur messieurs sur le parcours de Granville, tracé dans le plus pur style links, avant de signer une belle 8e place au Scottish Men’s Open Championship. Deux épreuves qu’il ne disputera pas cette année, en revanche, et ce pour de bonnes raisons : il espère aller chercher encore plus gros ailleurs.
« Mon premier objectif cette année, c’est de me qualifier pour l’Open britannique », livre-t-il. Et pour y parvenir, des tournois tels que le St Andrews Links Trophy ou The Amateur Championship, pour parler d’épreuves qui se joueront sur des links, ou encore le Championnat d’Europe individuel messieurs, fin juin au Danemark, sont de belles portes d’entrée… à condition, bien entendu, de les remporter. Et pour mettre toutes les chances de son côté, Darren Strachan a choisi d’alléger un peu son calendrier, en se reposant notamment lors du Scottish Men’s Open Championship. « Même si c’est dommage, car il se joue à Muirfield », sourit-il.
Car il faut bien reconnaître que, de cette semaine à Sotogrande jusqu’au mois de juillet et, souhaitons-lui d’y parvenir, une entrée à The Open Championship, son agenda ne va pas compter beaucoup de cases vides. Une fois rentré d'Espagne, il se préparera à revêtir de nouveau le maillot bleu, les 11 et 12 mai, sur le tracé anglais du Moortown Golf Club, pour disputer le traditionnel match biennal France-Angleterre. Une deuxième sélection qui pourrait en appeler une troisième, du 9 au 13 juillet, au Championnat d’Europe par équipes, son principal objectif en dehors des compétitions individuelles.
Darren Strachan, qui a disputé son premier Open de France l'an passé
Dans l’intervalle, il y aura donc moult tournois individuels prestigieux, de cette catégorie qu'il n'avait disputé que rarement voire jamais auparavant, et qu'il se réjouit à chaque fois de découvrir. De quoi se mesurer plus d’une fois au haut niveau. Et après ? Tout dépendra. Car si Darren Strachan a la ferme intention de rejoindre plus tard les rangs professionnels, il n’envisage pas la transition en termes de date, mais plutôt de niveau. « Ces deux dernières années j’ai beaucoup progressé, constate-t-il. Mais je sais qu’il y a encore du travail avant de passer pro, car moi j’ai envie de passer pro quand je suis prêt. L’idéal, ce serait de ne pas aller sur les troisièmes divisions, mais d’avoir au minimum le niveau de jeu Challenge Tour ou DP World Tour. »
Ainsi, passer les Cartes européennes dès la fin de cette année 2024 n’est pas la piste la plus privilégiée par Darren Strachan et son père, ce dernier continuant à assurer auprès de lui le rôle de coach et de principal accompagnateur lors des tournois. « Ça dépendra de mes résultats dans les grands tournois amateurs », explique-t-il simplement. Mais pour ce qui est de savoir s’il peut se montrer au niveau lors d’un tournoi professionnel, il a déjà pu fournir deux solides éléments de réponse.
35e de son premier Open de France
En septembre dernier, invité pour la première fois à l’Open de France, il a franchi le cut, et pris une 35e place, avec comme "pire" carte un 72 (+1). « J’ai tout fait, cette semaine-là, pour ne pas regarder autour de moi, raconte-t-il. Au practice, si j’avais regardé autour, j’avais Tom Kim d’un côté et Min Woo Lee de l’autre. J’ai plutôt joué contre le parcours, en disant à mon père que j’allais essayer de le battre tous les jours. Au final, j’ai réussi trois fois sur quatre. Si j’avais commencé à regarder les noms, j’aurais moins bien joué. »
Et puis, début avril 2024, lors du Championnat de France professionnel MCA au Médoc, il a de nouveau passé le cut, cette fois pour une 40e place finale. « Ça me conforte sur le fait que je suis capable d’évoluer dans ce milieu-là, analyse-t-il. Au niveau technique et physique, je sais que je peux encore progresser. J’ai eu une croissance très tardive : il y a deux ans, j’ai pris 20 cm en une année. Je sais qu’il y en a qui passent pro à 18 ans, et que moi, je vais passer pro à 22 ou 23 ans. Je ne suis ni inquiet ni embêté avec ça. »
Il est vrai que récemment, un Bordelais trentenaire et barbu a démontré à tous les professionnels français que le succès peut mettre quelques années à venir… mais venir quand même. « Matthieu Pavon, c’est un très bon exemple, approuve Darren Strachan. En tout cas je suis ambitieux, et on ne sait jamais. »