Joueuse professionnelle sur le LET Access Series, Emily Mollard est également une spécialiste du speedgolf, et figure parmi les favorites pour le titre mondial de la discipline, qui se jouera les 14 et 15 novembre prochains au Japon.

Ça, c'est quand elle speede... © Anthony Le Bourhis / Speedgolf France

Aux Contamines-Monjoie, station perchée à 1170 mètres d'altitude au pied du mont Blanc, les exploits des champions locaux font la fierté de tous. Mais dans ce petit village haut-savoyard d'où sont issus bon nombre de skieurs, sauteurs, fondeurs et autres combinés, le profil d'Emily Mollard se démarque nettement des trajectoires classiques des Didier Mollard, Marie Marchand-Arvier, Nicolas Raffort, Ludovic Roux ou encore Nicolas Martin. La jeune femme de 25 ans est en effet... golfeuse professionnelle ! Pourtant, elle aussi a grandi avec la montagne dans le cœur : « Je fais du ski depuis toute petite et ça a longtemps été mon sport principal. J'en fais toujours d'ailleurs, et comme beaucoup de jeunes du ski club, j'en suis venue à obtenir mon diplôme, et je passe tous mes hivers à enseigner sur les pistes », explique-t-elle.

Mais, si les mois de décembre à mars sont consacrés à transmettre aux vacanciers l'art du planté de bâton, le reste de l'année est plutôt dédié à celui du planté de drapeau. « Ma mère – qui est anglaise – joue au golf, et m'y a mise quand j'avais dix ans environ », poursuit-elle, « et j'ai rejoint l'école de golf de Chamonix. J'y allais une fois par semaine jusqu'à quinze, seize ans, et je m'y suis mise plus sérieusement à cette époque. »

L'expérience au-dessus du résultat

Des compétitions de clubs, Emily est passée aux Grands Prix, puis à des championnats d'envergure internationale, en France et à l'étranger. Mais entre ces deux extrémités de son cursus amateur, cette fille d'un Contaminard pure souche et d'une Anglaise est partie à la découverte de sa culture maternelle, à la fois pour perfectionner son golf et étoffer son bagage universitaire. Trois ans outre-Manche à la fac à Exeter, suivis d'un MBA à l'université Campbell de l'autre côté de l'Atlantique, lui ont valus de rentrer au pays avec un Bachelor's Degree en Sport & Exercise Science et un MBA en Business Administration & Management. Avec, aussi, quelques idées bien plus nettes sur son avenir professionnel à court terme : « Je me suis dit "pourquoi ne pas tenter ma chance dans le golf ?" J'avais fini mes études, et j'ai voulu aller aux Cartes européennes pour voir ce que ça donnait », raconte-t-elle.

Suite à l'obtention, fin 2023, d'un droit de jeu sur la seconde division européenne, elle a bouclé sa première saison sur le LET Access Series, la deuxième division continentale, à la 93e place de l'ordre du mérite, et devra donc repasser par les Cartes en décembre prochain. Sans amertume, et sans cesser de placer l'expérience en elle-même au-dessus du résultat : « J'adorerais que ça marche et je vais tout faire pour, et si ça ne marche pas je ferai autre chose, mais je veux vraiment tenter ma chance à fond », indique-t-elle. « D'autant plus que je suis dans une position qui fait que je peux me le permettre : je travaille tout l'hiver sur les pistes, donc financièrement je peux me payer une saison de golf derrière. »

Cinq fois championne de France

Mais avant de retourner au Maroc pour la Q-School du LET, la joueuse qui s'entraîne principalement avec Chris Forsyth à Évian va toutefois s'attaquer à un objectif bien différent. Dans dix jours, elle participera en effet aux championnats du monde de speedgolf, qui se tiendront sur le parcours du Seven Hundred Club à Sakura, au nord-est de Chiba. Avec, cette fois-ci, de sérieux arguments pour jouer les premiers rôles, puisqu'elle a remporté les cinq derniers titres de championne de France ! Pourtant, sa rencontre avec le speedgolf – variante athlétique du golf dans laquelle il faut non seulement boucler le parcours en le moins de coups possible, mais aussi le plus vite possible – relève du pur hasard : « En 2019, le premier Open de France a eu lieu à Chamonix. Le lendemain de mon retour de la fac en Angleterre, j'ai vu que ça allait avoir lieu dans mon club, et je me suis dit pourquoi pas et je me suis inscrite. Je n'avais jamais fait la moindre partie d'entraînement, je me suis lancée direct, et même si j'ai fini deuxième derrière une Finlandaise, j'ai gagné le titre de championne de France. Donc je n'ai pas eu le choix : je suis revenue chaque année le défendre ! » plaisante Emily.

Et chaque année, à Chamonix (2021) puis à Roissy (2022-24), elle a appliqué la même recette pour gagner : un score autour du par et un temps de course inférieur à une heure. En 2023, elle a même battu l'Américaine Lauren Cupp, considérée comme la légende du speedgolf féminin, et s'est dit qu'elle avait « peut-être un truc à jouer » en allant voir ce qu'elle valait à l'échelle mondiale.

... Et ça, c'est quand elle prend son temps. © Timothé Renaud

Une délégation de huit Bleus

Cette année, après une préparation spécifique speedgolf constitué de deux tours gagnants à l'Open de France en juillet et de deux parties d'entraînement à Chamonix avant de s'envoler pour le Japon – « en toute franchise, je suis loin d'être une spécialiste », plaisante-t-elle sur un ton d'excuse – c'est donc la médaille d'or mondiale que vise la Contaminarde. « Il n'y a pas encore beaucoup de pratiquants, donc le niveau n'est pas excessivement relevé. Je mise davantage sur le golf que sur la course, et sais que dans un bon jour, je serai capable de ramener une médaille. Mais il y aura beaucoup de très bonnes concurrentes, et il faudra être au top aussi bien dans les jambes qu'avec les clubs. »

Les 14 et 15 novembre, Emily Mollard et sept autres Français (six hommes et une femme) défendront donc le drapeau bleu, blanc, rouge lors d'un événement qui laissera forcément à tous des souvenirs impérissables. « Ça fait plaisir d'avoir la chance de participer à un championnat du monde, et ce sera une belle expérience quoi qu'il en soit », anticipe-t-elle depuis le Japon, où elle s'est octroyée deux semaines de vacances touristiques avant les Worlds. « Ça va être très convivial puisque tous les participants seront logés dans le même hôtel et passeront la semaine ensemble. Et entre Français, il y a un vrai esprit d'équipe qui est en train de se créer : on en parle depuis pas mal de temps déjà sur notre groupe WhatsApp, et tout le monde est très excité à l'idée d'y être ! »