Gounouilhou : Albi-Lasbordes, la dernière croisade ?

Chaque printemps, le championnat de France par équipes de première division voit quatre promus se frotter aux douze clubs ayant assuré leur maintien l'année précédente. Parmi ces quatre, rares néanmoins sont ceux qui accèdent pour la toute première fois à la plus grande et plus ancienne compétition par équipes de l'Hexagone, créée en 1926. Monté l'an dernier en compagnie du RCF La Boulie, d'Aix-Marseille et du Château de Preisch, Albi-Lasbordes appartient pourtant à cette catégorie bien particulière. « On a gagné notre match contre Chantaco, qui était monté l'année précédente avec nous. C'était une belle expérience et les jeunes étaient super heureux », se remémore le capitaine albigeois, Anthony Bonsergent, en évoquant la victoire des siens au Vaudreuil.

Également directeur du golf d'Albi-Lasbordes, Anthony Bonsergent s'apprête donc à emmener les siens défier l'élite française dans cette Gounouilhou 2023. Formé à Limère « à la grande époque, quand on gagnait des Saint-Sauveur, des Puiforcat », le meneur des troupes tarnaises a baigné dans cette culture sportive, au contraire de ses joueurs. « Le plus jeune a 14 ans, la majorité ont entre 17 et 20, et il y a deux mid-amateurs. Certains commencent à avoir l'expérience de la compétition, ils sont pour la plupart tous les week-ends en Grand Prix, mais cette Gounouilhou va vraiment être quelque chose de nouveau pour eux », indique-t-il. Petit Poucet sur le papier, les Albigeois ne se font guère d'illusions sur leurs chances de remporter le trophée : « Si on arrive à se maintenir, ça sera très bien... Et si on arrive à accrocher un quart de finale, ce serait l'apothéose ! Mais l'avenir du club est tellement incertain qu'on veut juste profiter de cette expérience », admet le capitaine.

Difficile, en effet, de se projeter dans le futur pour un golf qui traverse depuis plusieurs années une crise judiciaire opposant les propriétaires des lieux à la société qui en assure l'exploitation. Sur décision du tribunal l'an dernier, cette dernière a été priée de quitter les lieux, cette expulsion prenant effet le 30 juin prochain. « Notre crainte était que l'on doive fermer avant la Gounouilhou et qu'on ne puisse même pas la jouer, donc au moins on est rassurés de ce côté-là », positive Anthony Bonsergent. « Ç'aurait été dur à vivre pour nos jeunes, qui se sont investis dans ce club et cette équipe malgré le peu de moyens de notre association sportive, et qui ont pour certains refusé de signer ailleurs pour aller au bout avec Albi. » L'arrivée d'un repreneur potentiel, évoquée récemment dans la presse locale, pourrait toutefois permettre au club de poursuivre l'aventure. Mais en attendant, les Albigeois se préparent à tout donner pour ce qui sera peut-être leur dernière croisade. En espérant que l'avenir nous donne tort...