Il y a deux ans, Lilas Pinthier s'imposait au bout du suspense sur le parcours de Tenerife. Désormais étudiante aux États-Unis, la Parisienne revient sur l'une des plus belles victoires de sa jeune carrière.
S’il n’y avait eu que deux ans d’écart entre le succès de Karine Icher (1997) et celui de Stéphanie Arricau (1999), il fallut patienter dix ans pour voir une autre Française (Lucie André) soulever la coupe de la Reine.
Une décennie plus tard (2019), Candice Mahé imitait ses aînées avant que Lilas Pinthier ne lui succède au palmarès de ces Internationaux d’Espagne l’année suivante.
Une première grande victoire internationale pour la jeune et talentueuse Parisienne qui n’a rien oublié des stratégies mises en place en qualification et en match play sur le parcours vallonné de Tenerife ni de ses coups décisifs dans ses deux play offs en demie et en finale.
Partie visiter l’université d’Arizona à Tucson entre les Internationaux du Portugal et ceux d’Espagne, Lilas Pinthier avait débarqué aux Canaries sans avoir touché un club depuis trois jours : «J’ai dû vite récupérer du décalage horaire (7 heures) et m’adapter aux conditions de jeu sur un golf très sec à cause de la chaleur et venté, déclare-t-elle. La compétition m’a forcée à me mettre dedans sans tarder.»
Dix-huitième (148) de la qualification («J’avais joué moyennement», reconnaît-elle), elle est montée en puissance au fil des tours du tableau de match play: «J’ai adapté ma stratégie à la formule de jeu, poursuit-elle. En match play, je me suis concentrée sur mon jeu en veillant à ne pas essayer de l’adapter à celui de mes adversaires, à ne pas me focaliser sur elles et en faisant abstraction de l’environnement. Comme s’il n’y avait personne autour de moi. Et cette stratégie a payé. J’étais négative dans chacun de mes matches.»
Deux play offs gagnés au 19e et au 22e trou
Seule Française encore en lice en demi-finales, Lilas Pinthier a dû jouer un trou de play off contre l’Espagnole Carolina Lopez pour passer cet avant-dernier tour : «Je suis restée calme et j’ai évité d’avoir des pensées négatives car je sais qu’elles peuvent parfois me déstabiliser.»
Un match encore plus difficile l’attendait en finale face à une autre Espagnole, Cayatena Fernandez : «Oui, ce fut le plus dur, confirme-t-elle. J’étais «dormie» au départ du 17 et je me suis dit : continue ta partie comme d’habitude. J’ai réussi un par au 17 pour revenir 1 down et rentré une longue «ficelle» au 18 pour égaliser.»
Et, pour ce second play off, la Parisienne est restée fidèle à sa stratégie. Encore et toujours : «Au deuxième trou, un long par 3 de plus de 180m avec un drapeau au fond du green, j’ai tapé un excellent bois 5 qui s’est arrêté à moins d’un mètre du mât, raconte-t-elle. L’Espagnole s’est mise très courte à vingt-cinq mètres du trou avec un plateau à passer et beaucoup de pente. Mais, à aucun moment, je me suis dit : c’est fini, j’ai gagné. Au contraire, j’ai pensé à enquiller absolument mon putt pour le birdie au cas où elle rentrerait le sien. Et, elle y est parvenue. Nous avons terminé le troisième trou en étant toujours «square». Nous sommes allées au départ du 18, un par 5, que j’ai joué comme auparavant, sans prendre de risque. J’ai placé mon bois 3 à l’entrée du green et pris deux putts. Ce birdie m’a offert le titre car elle a dû se contenter d’un par. Je suis restée très calme. J’étais toujours en mode compétition car j’avais canalisé mon cerveau à repartir pour un autre trou. Donc, sur les premiers instants, je n’ai manifesté aucune émotion. Ensuite, la pression des objectifs est retombée et j’ai ressenti une immense fierté.»
Désormais, la «freshman» d’Arizona fréquente les parcours du championnat universitaire américain sur lesquels elle espère briller.