Les Internationaux de France messieurs, qui se disputeront la semaine prochaine au golf des Aisses (45), sont désormais dotés de la coupe Gordon Bennett, un trophée mythique dépoussiéré après treize années passées au placard.
Depuis 1986, les Internationaux de France de stroke play messieurs étaient dotés de la célèbre coupe Murat, et disputés en sa demeure ancestrale du Golf de Chantilly. Ce n'est plus le cas à partir de cette année, et il va falloir s'habituer à ne plus évoquer l'épreuve comme « la Murat », l'aiguière cantilienne étant désormais promise au lauréat des Internationaux de France mid-amateurs messieurs. Toutefois, le vainqueur de la prochaine édition du plus ancien championnat de golf organisé dans l'Hexagone ne repartira pas les mains vides, puisque la non moins célèbre coupe Gordon Bennett lui est promise. Celle-ci, offerte en 1902 à la Société du Golf de Paris par le milliardaire américain James Gordon Bennett Jr. (cf. encadré ci-dessous), a été décernée pour la première fois en juin 1904 à La Boulie, à l'issue de l'édition inaugurale des Internationaux de France messieurs, disputés en match play – la formule reine à l'époque – et remportés par le Chilien Hector G. Beéche.
Ces Internationaux de France, qui ont perduré tels quels jusqu'en 1985, ont ensuite été disputés en alternance avec leur version stroke play entre 1986 et 2001, puis à nouveau de 2008 à 2010. Avant de s'éteindre discrètement : « Après sa mise en sommeil il y a une vingtaine d'années, on avait tenté de le relancer en 2008, mais ça n'avait pas vraiment mordu. Ça faisait un championnat franco-français de plus, sans trop de caractère international », indiquent Maïtena Alsuguren et Arnaud Bonardi, respectivement DTN adjointe et directeur des grands événements sportifs à la Fédération française de golf.
Cap sur les Aisses
Gary Stal, Thomas Elissalde et Clément Berardo sont donc les trois derniers joueurs à avoir soulevé l'élégant trophée Gordon Bennett, après leur victoire respective à Fontainebleau en 2008, Saint-Cloud en 2009 et Saint-Germain en 2010. Depuis, la coupe décorait le 68, rue Anatole France à Levallois-Perret, mais n'avait plus jamais été sortie de sa vitrine. « On était confrontés à des problématiques de date dans un calendrier international très étoffé. C'est difficile de ressusciter des épreuves anciennes ou d'en créer de nouvelles, car les champs sont hélas souvent dilués puisque les meilleurs amateurs ont aujourd'hui tendance à privilégier les tournois professionnels au détriment des classiques amateurs », poursuivent les responsables fédéraux.
Le changement de cap de la Murat fournit donc l'occasion de remettre en jeu un trophée mythique, qui porte entre autres noms prestigieux ceux de Francis Ouimet (1914) et Sergio García (1997). Mais aussi, pour les Internationaux de France de stroke play, de visiter pour la première fois un autre parcours que celui de Vineuil à Chantilly. « Le tournoi reste le même dans son format, sa date et ses critères sportifs, mais va se jouer cette année aux Aisses, car on voulait un tracé de très haut niveau pour attirer les meilleurs amateurs internationaux », concluent Maïtena Alsuguren et Arnaud Bonardi. Avec, enfin, une ultime et appréciable nouveauté pour cette édition 2023 : en plus de la coupe, le vainqueur recevra une invitation pour un autre championnat emblématique de notre patrimoine national : l'Open de France. Une récompense qui sera également attribuée au lauréat du circuit national amateur 2023, un ensemble de grandes épreuves dont ces Internationaux de France sont la cinquième et dernière levée.
Qui était Gordon Bennett ?
Si vous êtes passionné de sports en vogue au tournant du XIXe siècle, il est probable que vous ayez déjà entendu parler de James Gordon Bennett Jr. Né à New York en 1841, fils et homonyme du riche éditeur du New York Herald, ce patron de presse au style de vie flamboyant s'est installé à Paris où il a lancé en 1887 le Paris Herald, un quotidien en langue anglaise (aujourd'hui l'International New York Times). Fervent amateur de sports en tous genres, il a doté certaines des plus anciennes compétitions internationales, notamment la coupe automobile (1900), la coupe aéronautique (1906) et le trophée d'aviation (1909) qui portent tous son nom. Membre du comité du Golf de Paris à La Boulie, il est donc l'un des premiers mécènes de l'histoire du golf français. Au terme d'une existence de 77 ans non exempte de scandales, il est mort en 1918 à Beaulieu-sur-Mer et repose au cimetière de Passy, à Paris.