Le 20 juin 2015, huit jours après la victoire de Céline Boutier à Portstewart, Romain Langasque souleva lui aussi le trophée du British Amateur. Sur le tracé de Carnoustie, il devint ainsi le troisième Français à remporter cette si prestigieuse épreuve.
Ce 20 juin 2015 ne fut pas un samedi comme un autre pour Romain Langasque lorsqu’il souleva le clinquant trophée du 120e British Amateur. S’il y a bien une coupe que l’on veut avoir entre ses mains lors d’une carrière amateur, c’est celle-ci. Mais avant d’en arriver là, avant de se prendre au jeu des photos et des interviews en anglais, Romain avait joué un golf remarquable toute la semaine. Retour sur son aventure, cinq ans après.
Un parcours sans embûches
Avant d’arriver à Carnoustie, Romain sortait déjà d’un très bon début de saison. Vainqueur de la Mouchy et de la qualification de la Gounouilhou, il développait alors un jeu de qualité. Sans doute son meilleur golf, en tous cas de quoi le mettre en confiance pour le tournoi : « C’était une année où j'ai eu pas mal de très bons résultats. Et ce British Amateur s’est présenté au moment où je jouais vraiment bien au golf. Toute la semaine mon jeu est monté en puissance, et je sentais que je pouvais aller au bout », se souvient-il.
Qualifié sans trop de soucis pour les matchs, il avait contribué à recouvrir le tableau final de l'épreuve du drapeau tricolore. En effet, pas moins de cinq Bleus étaient encore en course au stade des huitièmes ! Une émulation made in France qui avait joué son rôle sur la motivation de Romain : « J’aime bien être le meilleur. Quand d’autres Français sont encore en course, j’ai envie de me surpasser. Ça m’avait motivé à l’époque. »
C’était donc un passage quasiment obligatoire : Romain allait devoir affronter un Français sur le chemin de la victoire. Et c’est en quart qu’il s’est retrouvé face à Robin Sciot-Siegrist : « Le quart de finale contre Robin a été mon deuxième match le plus compliqué parce qu’il s’agissait d’un Français, déjà », déclarait-il en 2015 au Journal du Golf. « Je ne l’appréhendais pas, mais je savais que je devais répondre présent. Dans ma tête, ça allait être le match le plus dur et ça a été très serré. Je savais que si je passais celui-là, je pouvais aller au bout. »
Ce fut donc un tournant, un match remporté 2 up pour filer vers la demi-finale en compagnie d’un autre Bleu, Alexandre Daydou. Opposés l'un et l'autre à des Écossais, seul Romain Langasque s’en sortait, gagnant de sa demi-finale au 19e trou. Ce fut le match le plus accroché pour le Cabrienc : « J’ai un vrai souvenir en demie où je fais bogey au 16 et au 17 et je me retrouve 1 down au départ du 18. Je fais un push slice à droite vers Jean Van de Velde (rires). Et puis mon adversaire fait un lay-up devant l’eau, tout comme moi, alors qu’il était bien placé pour attaquer. J’ai senti qu’il avait été un peu frileux sur le coup et que j’avais ma chance. Il m’a laissé une porte ouverte, j’ai foncé pour remporter le trou. Je pense que j’ai gagné cette demie sur ce 18 et qu’en prolongation il n’était plus en capacité de repasser devant. »
Romain allait devoir affronter l’Écossais Grant Forrest sur 36 trous dimanche, pour la gloire. Une finale dans laquelle le Français avait laissé très peu de chance à son adversaire menant jusqu'à 7 up. Tout en maîtrise, sans faire de merveilles mais en conservant son avantage, Langasque finissait par faire rompre Forrest et s'octroyait la victoire sur le green du 16, ave un score final de 4&2.
La satisfaction des siens
Le plus bouleversé par cette victoire fut sans doute Philippe Larvaron, le tout premier entraîneur de Romain à Saint-Donat, dès l’âge de deux ans : « Il a réalisé une énorme partie », déclarait-t-il en 2015. « Il est resté calme et a respecté son plan de jeu du début à la fin. Il a démontré une grande maturité durant le match. » Si Romain avoue aujourd’hui ne pas s’être rendu compte de l’exploit sur le coup, pour d’autres personnes de son entourage golfique, cette réussite n’était pas si surprenante que ça. Notamment pour Adrien Mörk, très ému sur le coup et qui estimait que le jeune Français était à sa place ce jour-là.
Sous la houlette de Benoît Ducoulombier, Romain avait réussi à appliquer ses précieux conseils sur cette semaine. Mais comme le disait son coach à l’époque, il avait surtout franchi un cap, développé sa capacité d’écoute et confirmait qu’il pouvait faire partie des grands. Aujourd’hui, il est sur le Tour européen et s’affiche comme l’un des meilleurs joueurs de l’Hexagone. Comme quoi le passage par ce trophée n’est pas anodin.
Cette victoire, dans la foulée de celle de Céline Boutier, marquait aussi à l’époque un élan grandissant au sein du golf tricolore, de quoi rendre fier l’ancien vice-président de la Fédération, François Illouz : « Je ne peux pas être plus heureux avec Céline Boutier, victorieuse en Irlande du Nord, et Romain Langasque en Écosse avec, en plus, quatre Français en demi-finales », commentait-t-il en 2015 auprès du journaliste de la ffgolf sur place. « Ces magnifiques résultats découlent du travail accompli par tous les entraîneurs. Ces occasions me permettent de mesurer la qualité et l’ampleur de ce travail. Que d’émotions. Je suis fier du golf français et cette année est à marquer d’une pierre blanche. »
Romain Langasque, aujourd'hui membre du Tour européen.
En plus de rendre heureux sa famille, Romain avait aussi obtenu un billet pour The Open, le Masters et l’U.S. Open. Cette année là, décrocher le Graal l’avait fait réfléchir quant à son passage pro. Un saut vers le monde des plus grands qui le démangeait de plus en plus mais la tentation d’aller jouer ces tournois si grandioses ne pouvait se refuser, surtout le Masters, classé au plus haut dans le cœur du Tricolore : « Augusta, à l’époque, avait déjà un truc en plus à mes yeux. Cette exclusivité, ce côté inaccessible rend le truc vraiment fou et tu ne trouves ça nulle part ailleurs. » Il avait donc joué les deux premiers de ces tournois en tant qu’amateur et avait surtout brillé au Masters, décrochant des mots forts de la part de l'un de ses partenaires de jeu, l'immense Bernhard Langer : « C’est un super joueur, il va faire de grandes choses ! », avait déclaré la légende allemande.
Romain vivait en 2015 un rêve, un moment hors du temps acquis par une étincelante victoire au British Am' sur la terre du golf, l’Écosse. Aujourd’hui, avec le recul, il garde des souvenirs mémorables, pas si lointains, même plutôt proches, au point de s’en servir comme motivation pour sa carrière actuelle : « C’était une découverte immense, je l’avais vécu à fond. Il s’était passé plein de choses incroyables en terme de golf. Difficile de faire mieux pour mon premier Masters en tant qu’amateur. Et puis ça a clairement confirmé que mon objectif était d’y revenir. »