L’édition 2022 du championnat du monde amateur par équipes dames, qui se déroulera du 24 au 27 août au Golf National et à Saint-Nom-la-Bretèche, sonnera comme un retour aux sources. En effet, tout a commencé en France en 1964, et sous l’impulsion d’une Française : Lally Segard.
Le nouveau coup de Lally
Pour ce qui est de créer un nouvel événement d’importance pour promouvoir et développer le golf féminin, Lally Segard n’en était pas à son coup d’essai. Celle qui avait, entre beaucoup d’autres, remporté le British Ladies Amateur en 1950, avait notamment mis sur pieds le premier Championnat d’Europe par équipes dames, en 1957 à Cologne. Et l’avait au passage remporté avec l’équipe de France.
Or, depuis 1958, les messieurs disputaient tous les deux ans un Championnat du monde par équipes. Seuls dans leur coin. Mais en 1964, les choses étaient sur le point de changer. « En 1964, je propose à Madame Prunaret, présidente de la section féminine de l’USGA de créer la même épreuve pour les femmes avec pour seule différence, trois joueuses au lieu de quatre joueurs, et avec la même formule : quatre jours de stroke play retenant chaque jour les deux meilleurs scores. L’USGA fut enthousiasmée par l’idée », narrait dans ses mémoires* celle qui était née Lally Vagliano, et s’était auparavant appelée Lally de Saint-Sauveur, de son premier mariage.
Une première à Saint-Germain
L’USGA (l’organe régulateur du golf aux États-Unis) était certes enthousiasmée, mais surtout à l’idée de voir Lally Segard et les Français de manière générale se charger d’organiser la première édition de A à Z. Édition que la fédération américaine ne parraina même pas par peur du bide (ce qui changea dès l’édition suivante).
Mais de bide, justement, il n’y eut pas : grâce au financement de la Fédération française de golf, et l’aide d’Anne Bouton et de la secrétaire allemande (recrutée par hasard par petite annonce) Birgit Raschig, vingt-sept équipes se retrouvèrent sur le parcours de Saint-Germain pour la première édition. « Nous étions surprises et heureuses qu’elles soient aussi nombreuses », confiait Lally Segard.
Un trophée russe trouvé au Portugal
Mettre sur pieds une nouvelle compétition c’est bien, encore faut-il avoir quelque chose à remettre au vainqueur. Et si possible un objet de valeur, championnat du monde oblige. Là encore, Lally Segard mettait la main à la pâte, en prenant contact avec une famille portugaise amie de la sienne, et qui avait fait l’acquisition, aux enchères, d’un trophée ayant appartenu aux Tsars de Russie.
Une rencontre à Paris a alors suffi pour comprendre l’enthousiasme des Lusitaniens à ce que cette coupe devienne le trophée remis à l’équipe championne du monde. Trophée qui, bien entendu, prit leur nom, et le conserve aujourd’hui : Espirito Santo.
La France pionnière, même au palmarès
Comme si cela ne suffisait pas, la France allait définitivement marquer de son empreinte l’avènement du Championnat du monde amateur par équipes féminin, en s’adjugeant la première édition. La chose était pourtant loin d’être gagnée. Tout d’abord, l’équipe tricolore alignée était jeune, à l’image de Catherine Lacoste, 19 ans seulement, faisant équipe avec Brigitte Varangot et Claudine Cros.
Ensuite et surtout, l’équipe américaine se montrait un adversaire redoutable, menant d’un coup à l’aube du dernier tour, alors que les Françaises avaient mené à l’issue des deux premières journées. Les Bleues n’allaient finalement s’en sortir que sur une erreur de Barbara McIntire, sur le dernier trou, qui ne parvenait que trop tard et après trop de tentatives infructueuses à sortir d’un bunker. « La foule tendue et fair-play vécut ce mélodrame navrant… qui nous arrangeait bien quand même ! », racontait Lally Segard, naturellement capitaine de l’équipe de France, dans ses mémoires.
Deux ans plus tard, la deuxième édition de l’Espirito Santo Trophy était organisée à Mexico, conjointement avec le championnat des messieurs. Les deux n’allaient désormais plus se quitter. Le pari de Lally Segard était gagné.
* Les mémoires de Lally Segard (décédée en 2018), très richement illustrées, ont été publiées en 2011, à l’initiative de Nathalie Jeanson.