Le Championnat du monde par équipes amateurs messieurs, qui se tiendra (comme celui des dames) en France en 2022, a vu sa première édition se dérouler en 1958. Coup de projecteur en cinq questions sur l’histoire particulière d’une compétition qui ne l’est pas moins.
Pourquoi une première édition en 1958 ?
Que ce soit pour les professionnels ou les amateurs, les grands championnats britanniques ou américains existent depuis le XIXe siècle. Malgré cela, la perspective de disputer un championnat du monde ne s'est pas naturellement imposée avant le milieu du XXe siècle. Tout d’abord aucun organisme n’a encore été créé dans la perspective de rassembler une large part des nations du golf, ou d’organiser un événement d’ampleur mondiale.
Et puis surtout, le golf au niveau international est encore une histoire très américano-britannique : sur toute la période précédant la Seconde guerre mondiale, tous les vainqueurs du British Amateur ou de l’US Amateur étaient originaires des Îles britanniques ou d’Amérique du Nord.
L’idée d’un championnat du monde par équipes a finalement émergé par l’entremise des "petites" nations du golf. En 1957 est suggérée l’idée d’une rencontre golfique entre États-Unis et Japon. Dès lors l’USGA (l’organe régulateur du jeu de golf chez l’Oncle Sam), se retrouvant surchargée d’invitations de ce genre lancées par d’autres pays, promeut l’idée de la création d’un championnat du monde.
En janvier de l’année suivante, une rencontre entre officiels de l’USGA et du Royal & Ancient (R&A, le penchant britannique de l’USGA), entérine le principe, et la première édition se déroule en octobre sur l’Old Course de Saint-Andrews. Coup de pouce à la naissance pour le tournoi : Bobby Jones en personne assure le capitanat de l’équipe américaine.
Pourquoi le trophée s’appelle Eisenhower ?
À la question que vous vous posez forcément : oui, il s’agit du Eisenhower, Dwight de son prénom, qui fut chef suprême des Forces alliées lors de la Seconde guerre mondiale, puis 34e président des États-Unis de 1953 à 1961... mais surtout grand amateur de golf.
Raison pour laquelle "Ike", de son surnom, a été jusqu’à recevoir les délégués de 32 organes de régulation nationaux directement dans le Rose Garden de la Maison Blanche, en mai 1958, lors de la conférence d’organisation de la première édition du championnat. Une conférence qui allait déboucher sur la création du World Amateur Golf Council, ancêtre de l’actuelle Fédération internationale de golf (IGF), et durant laquelle le président américain a accepté de donner son nom au trophée.
Comment a évolué le championnat ?
Depuis cette édition inaugurale, l’Eisenhower Trophy n’a fait, pour ainsi dire, que grandir et s’internationaliser. Des pays tels que le Brésil, Taïwan ou le Japon font des apparitions sur le podium dans les années 1970-1980.
Surtout, le nombre de pays participants, compris entre 24 et 39 jusqu’au début des années 1990, passe subitement à 49 en 1992 au Canada, année lors de laquelle le tournoi se joue pour la première fois simultanément sur deux parcours. En 2012 en Turquie et en 2018 en Irlande, ce nombre atteint ce qui est aujourd’hui le record (en tout cas jusqu’à l’été prochain) : 72.
Deux changements importants (l’un passé et l’autre déjà entériné mais à venir) ont en outre marqué l’histoire du championnat : En 2002 en Malaisie, les équipes ont été réduites à trois joueurs et deux cartes retenues par jour, contre quatre joueurs et trois cartes auparavant. Le changement à venir, lui, concerne les dates : les championnats du monde amateurs par équipes vont continuer à se disputer tous les deux ans, mais lors des années impaires, pour se détacher des Jeux Olympiques. Après la France en 2022, rendez-vous donc à Dubaï dès 2023.
Qui a gagné le plus souvent ?
Pas de surprise : les États-Unis détiennent le record de victoires, avec 15 succès en 31 éditions. La dernière en date est intervenue en 2014 au Japon, avec une équipe comptant notamment dans ses rangs un Bryson DeChambeau maigrelet. La Grande-Bretagne et l’Irlande (qui jouaient ensemble jusque dans les années 2000) et l’Australie comptent en outre quatre succès chacune.
Et la France dans tout ça ?
Côté organisation, la France a reçu l’Eisenhower Trophy une seule fois, en 1994, sur les parcours du Golf National et de La Boulie. Le leader de l’équipe américaine se nommait alors Tiger Woods.
Pour ce qui est des résultats sportifs, le premier podium (une médaille de bronze) a été signé en 1992 à Vancouver par Christian Cévaër, Grégoire Brizay, Sébastien Delagrange et Frédéric Cupillard. Un deuxième a suivi, mais cette fois en argent, pour Grégory Bourdy, Eric Chaudouet et Raphaël Pellicioli en 2002 à Kuala Lumpur. Une autre médaille de bronze a été glanée par Paul Barjon, Julien Brun et Edouard España en 2012 à Antalya.
Le point d’orgue reste bien évidemment la victoire, en 2010 à Buenos Aires, signée par Alexander Levy, Johann Lopez-Lazaro et Romain Wattel. Une pierre angulaire dans l’histoire du golf français, qui en espère d’autres dans un proche avenir.