À 26 ans et sans désir de passer professionnelle, la nouvelle championne de France fait figure d'exception dans le haut niveau national, ce qui ne l'empêche pas de nourrir des ambitions élevées dans les compétitions amateurs de tous types.
L'air de rien, c'est une page de l'histoire du golf français qu'a écrite Pauline Stein en remportant, dimanche dernier au Golf Club de Lyon, le championnat de France amateur. Jamais, en effet, une joueuse n'avait décroché le titre suprême individuel après avoir remporté celui des mid-amateurs, la catégorie d'âge réservée aux joueuses de 25 ans et plus ! « Le fait d'avoir un peu de bouteille m'a bien aidée, indéniablement », admet la sociétaire du Paris Country Club. Plus que la manière renversante - putt de 15 m pour eagle au 18 pour revenir à égalité et l'emporter dès le premier trou de mort subite - dont elle est allée chercher la coupe Pierre Deschamps dans cette édition qui marquait le centenaire de l'épreuve, c'est bien le profil de la lauréate qui détonne dans cette catégorie reine d'ordinaire dominée par des joueuses bien plus jeunes, voire même souvent mineures.
Pauline Stein affiche en effet 26 printemps à l'état civil, un âge auquel la plupart des très bonnes joueuses sont déjà professionnelles, ou s'apprêtent à le devenir. Mais pas elle : « J'avais l'idée de passer pro après mes études, de tester cette voie-là pendant quelques années. Mais à cette époque, je me mettais pas mal de pression quant aux résultats, et je n'étais pas trop dans le plaisir de jouer. À l'hiver 2021-22, j'ai fini par décider de rester amateur, d'autant plus qu'en y réfléchissant, cette vie de voyages, souvent solitaire, ne m'attirait pas tellement. J'ai préféré faire autre chose. Sans regrets », assure-t-elle.
Amateur, mais pas dilettante
Malgré un palmarès déjà éloquent, garni de titres aussi prestigieux que la Coupe de France en 2018 et la Gaveau en 2021, Pauline s'est effectivement tournée vers une autre carrière, celle de la vie en entreprise. « Je suis chef de projet innovation chez Bouygues Télécom. Je fais plein de choses différentes, je découvre sans cesse de nouveaux aspects dans cet univers, et c'est hyper enrichissant », indique-t-elle. « J'ai réussi à trouver un équilibre entre le golf et le boulot, ça me permet de penser à des choses différentes et ça me fait beaucoup de bien. » Bénéficiant de la compréhension et du soutien d'une entreprise qu'elle qualifie de « flexible », elle jongle, à l'image de tous les mid-amateurs de France, entre ses congés et ses RTT pour se ménager quelques incursions dans le calendrier national du golf amateur de haut niveau.
Car ce n'est pas juste pour le plaisir de taper dans la balle que Pauline Stein consacre l'essentiel de son temps libre au golf : « Je suis amateur, mais j'ai vraiment comme ambition d'être au plus haut niveau », indique-t-elle. Et si l'envie de devenir golfeuse professionnelle lui a bel et bien passé, il n'est pas question de faire les choses à moitié : « Ce qui me motive, c'est de gagner des tournois. » À raison de quatre sessions de physique, une séance de practice et au moins un 18 trous hebdomadaires, la joueuse entraînée depuis ses 11 ans par Jean-Pierre Marzelle fait ce qu'il faut pour être compétitive. Indéniablement, la recette fonctionne, puisqu'en 2023 elle a remporté les quatre épreuves individuelles sur lesquelles elle s'est alignée ! « J'ai beaucoup travaillé cet hiver, et j'ai démarré la saison plus en confiance dans ma technique, ce qui m'a permis de réaliser de belles choses », glisse avec modestie la lauréate du championnat de la ligue de Paris-Île-de-France, des Internationaux de France mid-amateurs, du Grand Prix du RCF La Boulie et du championnat de France individuel !
De beaux défis à relever
Pauline, qui se définit comme une joueuse n'ayant « jamais été très puissante, mais toujours régulière, sur la piste ; faisant peu d'erreurs et maîtresse de ses émotions », ne compte pas en rester là pour cette année. Si avoir soulevé le trophée Pierre Deschamps constitue à ce jour le point d'orgue de sa carrière, d'autres beaux challenges l'attendent. « Il me manque la Golfers', la Rothschild, et les Grands Prix de Chiberta et Biarritz », énumère-t-elle en rigolant. Elle participera d'ailleurs, la semaine prochaine et la suivante, aux deux dernières épreuves citées, dans une atmosphère estivale propice à célébrer comme il se doit son titre de championne de France : « Ça sera l'occasion de faire quelques sorties sympa ! »
Mais ses yeux sont d'ores et déjà tournés vers d'autres rendez-vous d'envergure plus internationale, tels que l'U.S. Mid-Amateur au mois de septembre (auquel elle pourrait participer selon sa place au ranking mondial) et les Championnats d'Europe des nations mid-amateurs l'an prochain à Chiberta. Sans oublier le Lacoste Ladies Open de France dans trois mois, pour lequel elle a reçu une invitation suite à son exploit en terre rhodanienne : « C'est une occasion en or de côtoyer le plus haut niveau européen et même mondial, avec Céline Boutier et Nelly Korda ! Je n'ai jamais joué de tournoi de ce niveau, alors je vais y aller avec l'idée d'en profiter au maximum et de prendre de l'expérience. Avec tout ce qui m'attend, il va falloir que je pose judicieusement mes jours de congés ! », conclut-elle dans un dernier éclat de rire.