Cette semaine a démarré le championnat de France amateur dames au Golf Club de Lyon. Dans son champ s’y trouve une jeune pépite du club, pas farouche pour exprimer ses ambitions et déjà tournée vers le sommet du golf mondial à seulement 15 ans.
Il est rare de s’entretenir avec une joueuse d’à peine 16 ans et d’entendre dans son discours les phrases que certaines joueuses professionnelles des strates élitistes n’exprimeraient pas elles-mêmes. Malgré son jeune âge, Sara Brentcheneff affiche déjà ses ambitions : le monde pro est pour elle, elle le veut. Pourtant, son quotidien en est encore quelque peu éloigné, passé entre des parties d’entraînement à Lyon avec Louis Pilod qu’elle renomme son « sparring partner », et les échéances du calendrier d’une joueuse amateur de haut niveau. Cette semaine justement, la Lyonnaise dispute un rendez-vous important de la saison, le championnat de France dames, dans un Golf Club de Lyon qu’elle connaît bien pour y être sociétaire. Deuxième du tournoi après le premier tour, la voilà en quête d’un titre qu’elle convoite pour des raisons particulières. « C’est là que se réunissent les meilleures joueuses amateurs, donc je peux m’y mesurer et, surtout, la vainqueur décroche un ticket pour le Lacoste Ladies Open de France », dévoile-t-elle. Des deux convoitises, c’est davantage la seconde qui l’attire. Car depuis cette année et une grande première sur le LET à la Lalla Meryem Cup où elle était invitée en février, la récente finaliste de la Golfers’ a pris goût à ce monde qui l’attend pour le reste de sa carrière. Le monde des jeunes ne l’intéresse plus, alors que celui des adultes… « L’expérience que j’ai acquise était incroyable, c’était inattendu de vivre ça et je ne veux plus me défaire de cette vie », ajoute-t-elle.
Concours de précocité
En l’espace de six mois, elle a eu l’occasion de picorer trois fois dans le quotidien de ses rêves. Au Maroc, donc, où elle manquait le cut pour quatre coups, avant de se consoler un mois plus tard à Terre Blanche, dans la division inférieure, avec un top 10 suivi d’un top 15 au Montauban Ladies Open début juin, toujours sur le LET Access Series. Les performances valent d’être saluées, à l’instar de celles de ses consœurs amateurs Louise Uma Landgraf - vainqueur à Terre Blanche à seulement 14 ans - et Alice Kong, quelques mois plus jeunes que ses paires, en lutte pour la gagne à Montauban. Pourtant, loin de toute jalousie ou concurrence, Sara Brentcheneff n’y porte pas tant d’attention. « Je ne me concentre pas sur le niveau amateur mais bien sur le monde pro. Je regarde beaucoup le LET, je connais bien Nastasia Nadaud et Alexandra Swayne avec qui je m’entends bien et pour moi ce sont des modèles, comme Chiara Noja ou Michelle Wie. C’est elles qui ont raison. » Ce à quoi elle fait référence consiste au passage professionnel à un jeune âge - 15 ans pour Noja et 16 ans pour Wie. Une idée que Sophie Witt, rookie de l’année 2022 sur le LET, est venue confirmer à la championne de France au mois de janvier en partageant sa partie au Maroc.
Son palmarès
Parmi ses victoires les plus importantes, on retrouve : The Amundi Evian Juniors Cup 2021, le Grand Prix de Chiberta 2022 et le titre de championne de France Minimes 2022.
Pour Sara, le grand saut pourrait être cette année, ou l’an prochain. Elle y réfléchit. « Je pense que je suis prête, il me manque encore probablement la condition physique pour tenir un calendrier complet mais je sens que je ne suis pas loin. Sur le LETAS, je ne me suis pas sentie à la ramasse », détaille-t-elle. Adieu donc l’hypothèse d’un cursus universitaire qui, de toute manière, ne l’intéressait pas pour son manque d’accointance avec les bancs de l’école. Adieu également les possibles expériences en équipe de France, qui, selon elle, ne rivalisent pas avec la vie de circuit.
Caractère de famille
Cette détermination étonnante pour un âge si peu avancé s'explique probablement par les racines de sportifs qui se ramifient dans la famille. Avec un père professeur de tennis et ancien véliplanchiste de niveau international, une mère athlète et un frère compétiteur en enduro à échelle nationale, la famille Brentcheneff entretient l’esprit de compétition. Pourtant, le golf n’était pas le sport prédestiné de la petite dernière. « Ça a été un loisir jusqu’à mes 11 ou 12 ans, je jouais le week-end pour taper la balle. Mais la semaine, je faisais mes chronos en natation, j’étais spécialiste du 200 m papillon. » Il a donc fallu faire un choix ; qui lui a porté les larmes aux yeux tant il était drastique. « Mon ancien coach qui m’a fait apprendre le golf, Geoffrey Fédéricci, m’a dit que j’avais tout pour faire partie de l’élite mondiale, qu’il voyait quelque chose dans mon jeu et c’est ça qui m’a motivée. Aujourd’hui encore, je suis en contact avec lui et je sais qu’il sera toujours là si j’ai besoin de lui. »
Une équipe complète
Dans son encadrement, Sara Brentcheneff compte Raphaël Reynaud, coach technique, Patrick Grosperrin, préparateur mental et Bernard Montagnon, préparateur physique.
Grâce à un entourage qui lui a fait passer un cap cet hiver, la jeune joueuse travaille sur deux axes de développement cette année : « Entrer dans les tournois comme une Formule 1 plutôt qu’une mémé de 80 ans, et se calmer sur le parcours ! » Souvent nerveuse, elle s’appuie sur les bons conseils de son caddie David Cohen, ancien joueur et youtubeur à ses heures, qu’elle considère comme son grand frère. « Il me rassure, c’est d’ailleurs sur le plan mental qu’il m’apporte le plus. Au Montauban Ladies Open par exemple, j’avais un driving catastrophique au premier tour et j’aurais peut-être lâché le score, mais finalement, grâce à lui, j’ai limité la casse à +3. »
Satisfaite de son début de saison et de ses expériences professionnelles, Sara mise tout sur cette semaine pour en vivre une de plus à l’Open de France en septembre. Un sésame qui signifierait qu’elle s’est imposée cette semaine au championnat de France et qu’elle s’est rapprochée du statut des grands. L’objectif à terme : le LPGA Tour ? « Ouais, rétorque-t-elle à demi-mot. C’est être numéro une mondiale, surtout ! »