L’équipe dames du club situé dans la proche banlieue rennaise va participer, la semaine prochaine, au Championnat de France par équipes dames de première division pour la première fois de son histoire. Un groupe jeune, qui déborde d’envie de montrer ce qu’il vaut au plus haut niveau.

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Hedda Gauchard, Louise Dumay, Victoire Fouillet et Valentine Legeard (au premier rang, de gauche à droite), avec leurs enseignants et accompagnants, étaient en préparation, ce mercredi dans leur club de La Freslonnière, près de Rennes. © William Lecoq / ffgolf

Absent depuis une date que personne ne sait citer, le soleil a décidé de mettre sa pudeur de côté et de se montrer franchement, ce 8 mai au matin, sur Rennes et son agglomération. Comme s’il avait voulu être le témoin de la fin de préparation, en forme de veillée d’armes, de l’équipe dames du Golf de La Freslonnière.

Situé près de la route de Lorient, à quelques encâblures du stade qui porta ce nom, le club de la proche banlieue rennaise va voir son histoire s’allonger d’une ligne supplémentaire dès jeudi prochain, lorsque les joueuses de son équipe dames vont prendre le départ, à Chantilly, du Trophée Golfers’ Club. En effet, une équipe en première division nationale, La Freslonnière (prononcez de préférence "Freulonnière") n’avait encore jamais connu cela.

Ce mercredi matin de jour férié, donc, quatre joueuses, sur un groupe qui en compte une dizaine, sont venues effectuer leurs derniers réglages avant la plongée dans le grand bain. Et pour cela, leur coach attitré Jean-Matthieu Houdayer, ainsi que l’entraîneur des équipes François Le Couviour, ont préparé un exercice particulier. « L’objectif est de les mettre dans des situations qu’elles pourront connaître en match, explique le second. À chaque fois, elles ont une opportunité, soit de gagner le trou, soit de le partager. Et le but, c’est de saisir les opportunités. »

Non seulement Hedda Gauchard, Louise Dumay, Victoire Fouillet et Valentine Legeard doivent donc négocier différentes situations autour du green (chip difficile, sortie de bunker, approche lobée ou encore putt pour birdie à 3 m), mais elles doivent en plus lancer un dé en mousse sur la surface du green, et se souvenir à quelle situation correspond tel ou tel numéro. « Ça les force à rester lucides et concentrées, à ne pas se tromper de situation », appuie François Le Couviour.

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Valentine Legeard, ce mercredi à l'entraînement, en compagnie du coach François Le Couviour. © W.L. / ffgolf

Préparation spéciale Golfers'

Tout cela pourrait faire partie de la préparation de n’importe quelle équipe en vue de n’importe quelle division nationale. Mais ce matin-là, à La Freslonnière, la différence induite par le fait de jouer une première division, qui plus est pour la première fois, et à Chantilly pour ne rien gâcher, est visible par de multiples éléments. « On vous soutiendra moralement », lance ainsi un joueur en passant, chariot à la main, auprès des accompagnants des joueuses, près du green où elles s’entraînent. Avant de rejoindre le club-house, ce même joueur passe devant une banderole qui annonce la participation prochaine de l’équipe au Trophée Golfers’ Club, en affichant fièrement la photo prise lors de la montée, l’année précédente.

Dans les coulisses aussi, la préparation se finalise. Dans le local de l’association sportive, un porte-cintres regroupe les tenues des joueuses, étiquettes nominatives comprises. En plus des habituels vestes et polos, des blazers portant écusson du club ont été conçus spécialement en vue de la Golfers’, lors de laquelle un dîner de gala est traditionnellement donné par le club hôte au soir du deuxième tour. « On vient juste de recevoir les tenues », lance dans un sourire fier Gilles Fouillet, qui cumule les casquettes de président de l’Association sportive, capitaine de l’équipe dames, et père de deux des joueuses, Constance et Victoire Fouillet. Juste à côté, des sacs tout neufs n’attendent plus que les clubs des joueuses désormais basées un peu plus loin du club géographiquement, et qui rejoindront le groupe plus tard.

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Gilles Fouillet, capitaine, président d'AS et père de deux joueuses, montre fièrement les tenues spécialement conçues pour cette Golfers'. © W.L. / ffgolf

Un groupe jeune, mais de caractère

Le groupe, justement, sera l’un des plus jeunes de la Golfers’. De 14 ans pour la plus jeune, le compteur ne monte que jusqu’à 22 ans pour les plus âgées. Pour autant, les Bretonnes n’en seront pas à leur coup d’essai dans les divisions nationales. Elles ont même, ces deux dernières années, montré un sacré caractère. En 2022 à Besançon, en deuxième division, elles avaient dû se passer de la présence des plus âgées. « C’était ambiance baby golf », sourit Gilles Fouillet. Qu’à cela ne tienne, même après une phase qualificative difficile, la jeune classe a maintenu le club lors du barrage contre Val Grand.

L’année suivante, à Amiens, avec ses meilleurs éléments sur le terrain, le club était, sur le papier, l’un des clairs prétendants à la montée. Mais lors du match d’accession à la première division, face à Golf Académie 57, le déraillement guette : deux défaites lors des deux foursomes matinaux. « On mangeait nos sandwiches le midi, personne ne parlait, se souvient Louise Dumay. On nous a bien remonté les bretelles, on s’est toutes énervées un bon coup, et l’après-midi, on voulait toutes gagner. »

Résultat : quatre victoires sèches lors des simples, et une montée assurée. Le retour d’Amiens à Rennes, dans la nuit, a laissé un souvenir impérissable aux joueuses : avec une haie d’honneur faite de phares de voitures, et à grands renforts de musique plein badin dans le club-house, l’équipe messieurs du club, ainsi que la plupart de ses mécènes, avaient assuré aux promues un comité d’accueil qui a débouché sur une célébration franche. « Elles ont bizarrement trouvé beaucoup d’énergie, alors qu’elles disaient ne plus en avoir », plaisante François le Couviour.

Un stage de préparation hivernale au Maroc

Un accueil qu’on pourrait mettre sur le compte de la réelle tradition bretonne de la fête, mais qui est aussi le signe d’un club où la culture sportive est désormais ancrée. « Il y a une culture du sport et de la compétition ici, confirme Gilles Fouillet. On a la chance d’avoir des équipes quasiment dans toutes les divisions et toutes les catégories d’âge. On a initié le projet il y a déjà quatre ans. On avait conscience que, pour amener des équipes à plus haut niveau, il fallait des soutiens financiers. On a fait beaucoup d’évangélisation au sein du club, on a reçu le soutien de mécènes, ce qui fait qu’on n’a pas eu à trop s’inquiéter de la logistique. On a pu financer un stage au Maroc pendant l’hiver, hommes, dames et groupes U16. »

François Le Couviour, 19 ans de club derrière lui, va dans le même sens, lorsqu'il narre les nombreuses occasions (sept à huit par jour en pointe, selon ses dires) lors desquelles les membres, spontanément, lui parlent, à lui ou à ses collègues, de l'équipe dames et de l'échéance nationale. Curieusement, ces mêmes membres questionnent relativement peu les joueuses à ce même propos. « Elles ne s'en rendent pas forcément compte, mais je pense qu'elles les impressionnent beaucoup », avance le pro.

Après avoir dit tout cela, il y aura donc une Golfers’ à disputer pour les joueuses de La Freslonnière. Et elles n’ont pas froid aux yeux quand elles énoncent leurs objectifs. « Gagner, comme toujours », lance spontanément Hedda Gauchard. « Mais bien sûr, on va aller étape par étape, complètent ses coéquipières. On va déjà essayer d’être dans le top 8, et voir ensuite. » Toutes ont, dans tous les cas et malgré leur jeunesse, une haute conscience de là où elles vont mettre les pieds. « C’est un vrai honneur d’aller là-bas, affirme Victoire Fouillet. on s’attend à être surprises quand on va y être. Ce n’est pas une expérience qu’on vit tous les jours. » Valentine Legeard appuie : « Jouer la Golfers’, ça veut dire qu’on est dans les 16 meilleurs clubs de France, ça veut dire quelque chose. On va vouloir montrer ce qu’on vaut, montrer qu’on a notre place. »

Dans sa tâche, l’équipe de La Freslonnière va pouvoir compter sur le renfort de sa leader Constance Fouillet, 6e du mérite national amateurs dames, et qui rentre de sa première année d’études à l’Université de Californie. Histoire d’avoir, au complet, un groupe qui a déjà vécu tant de choses ensemble. Le meilleur restant, peut-être, à venir.