Sacrée championne de France il y a huit jours à Lyon, la joueuse de Chantilly aborde cette semaine le British Ladies avec un état d'esprit qui a fait ses preuves dans les confrontations directes.
Mindset : mot anglais généralement traduit par état d'esprit, attitude. En creusant un peu la sémantique dans la langue de Shakespeare, il serait plus approprié de parler de disposition ou configuration d'esprit, le verbe to set impliquant une action et non un état. Mais, au-delà la définition précise de ce terme, c'est son emploi que Valentine Delon maîtrise aujourd'hui. Se mettre dans la bonne disposition mentale, configurer son esprit pour obtenir les résultats escomptés, voilà ce que la joueuse de Chantilly fait à merveille, depuis pas mal de temps déjà, dans la formule bien particulière du match play. « Je sais pas si je peux dire que je suis à l'aise dans ce format, car c'est toujours tendu, mais c'est cool de voir que je sais être constante et patiente. Car sur les matchs longs, je sais que c'est généralement la fille la plus patiente qui gagne », indique celle qui sort de sa première année d'étude à l'université de Virginia Tech.
« Le positif attire le positif »
Valentine en sait quelque chose, cela ne fait aucun doute. L'an dernier, elle remportait au 37e trou la finale de la coupe Claude-Roger Cartier, consolante des Internationaux de France U21 réservée aux meilleures joueuses de moins de 18 ans. Il y a huit jours, elle s'imposait au 36e trou de la finale du championnat de France Dames l'opposant à Camille Min-Gaultier. Et avant cela en 2024, un sans-faute personnel (victoires en foursome et en simple) à la Golfers' le mois dernier lors du quart de finale opposant les Cantiliennes au RCF La Boulie (mais gagné par ces dernières), et un autre au Wolfpack Match Play, tournoi universitaire joué en avril avec les Hokies. « Le mindset, c'est quelque chose que je travaille énormément depuis plusieurs années. Je sais que ce qui se passe dans ma tête est hyper important, car je me parle beaucoup sur le parcours, et de temps en temps je peux être négative », explique-t-elle. « Mais j'ai compris que le positif attire le positif. Je sais quel est mon plan de jeu, ce que je dois faire pour l'appliquer, quelles sont les petites clés qui peuvent me servir, et à quel point le fait d'être positive et enthousiaste peut m'aider. »
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D'une telle disposition d'esprit a découlé, le 17 juin, le plus beau succès de la jeune carrière de Valentine. Au terme d'une finale « honnêtement, incroyable et exceptionnelle » comme en attestent les douze birdies et deux bogeys qu'elle a réalisé, contre neuf birdies pour Camille, elle a en effet décroché un titre de championne de France qui lui avait échappé de peu chez les U12 en 2017 et les U18 en 2022. « Toute ma famille était là : mes parents, ma grande sœur et mon petit frère, et en ce jour de fête des pères c'était génial de gagner devant eux. Mais surtout, le fait d'avoir mis mon nom sur cette coupe, c'est vraiment une grande fierté. C'est tellement dur de gagner au golf que le faire là, dans ces circonstances, je ne pouvais pas rêver mieux ! » livre-t-elle, la voix encore pleine d'émotion. « Je ne pensais pas à la victoire en arrivant, mais je savais que j'avais fait du bon boulot à l'entraînement avant et que j'avais mis des chances de mon côté. À Lyon, je me suis juste dit que je devais faire des pars, car pour l'adversaire c'est horrible. J'ai commencé comme ça, et peu à peu, en limitant les erreurs, j'ai commencé à faire beaucoup de birdies », raconte la pensionnaire du Centre de performance du Golf National, qui s'y entraîne sous la houlette d'Alexandre Kaleka.
Avant l'Espagne, escale à Portmarnock
La recette est simple, et Valentine aura cet été d'autres occasions de la mettre en pratique. Mi-juillet en Espagne au championnat d'Europe, qu'elle disputera avec le polo de l'équipe de France Dames, mais aussi dès cette semaine au Women's Amateur Championship, sur le links irlandais de Portmarnock, au nord de Dublin. Là encore, le mindset sera la clé : « Les links, ce ne sont pas forcément des parcours que j'aime beaucoup, mais je sais dans quel état d'esprit il faut que je me mette. Ça va être dur car ça va souffler, et le vent peut rendre impatiente, donc à moi d'être dans le bon mindset. À moi de jouer avec mes forces – taper droit et en rythme – pour me qualifier. Que je sois 5e ou 60e, je n'en ai rien à faire ! » assure-t-elle. Car, une fois l'étape de la qualification sur 36 trous franchie, Valentine n'aura plus qu'une seule mission pour prolonger son incroyable série : « en match play, tu n'a pas la carte dans la poche, juste l'adversaire en face de toi, et le but est juste de la défoncer. »
Douze Bleues dans la Verte Erin
Outre Valentine Delon, onze Françaises participent cette semaine au British Ladies : Carla de Troia, Constance Fouillet, Inès Archer, Mila Jurine, Alice Kong, Camille Min-Gaultier, Gala Dumez, Maylis Lamoure, Sara Brentcheneff, Loïs Lau et Lily Reitter.
Au programme : deux tours de qualification en stroke play, à l'issue desquels les 64 premières joueront le tableau éliminatoire en match play, des 32es à la finale prévue samedi sur 36 trous.
Les Françaises au palmarès
2015 : Céline Boutier
1999 : Marine Monnet
1991 : Valérie Michaud
1969 : Catherine Lacoste
1968 : Brigitte Varangot
1965 : Brigitte Varangot
1963 : Brigitte Varangot
1950 : Lally de Saint-Sauveur
1928 : Manette Le Blan
1927 : Simone Thion de la Chaume