Grâce à un mois d’octobre très solide en termes de résultats, Adrien Saddier est parvenu à se « qualifier » in extremis pour la finale de la Road programmée du 3 au 6 novembre à Majorque. Sa troisième après celles de 2016 et 2017 au sultanat d’Oman.
Adrien Saddier
Quand on consulte ses résultats bruts tout au long de l’année, on constate qu’ils ont été globalement très solides. Treize cuts franchis en seize départs sur le Challenge Tour, cinq sur sept sur le DP World Tour. Beaucoup de golfeurs pros se seraient facilement contentés de ce bilan plutôt flatteur. Pas Adrien Saddier.
« Sur un plan statistique, c’est assez régulier, confirme-t-il. Mais c’est loin de ce que j’avais envisagé au départ. Avant le Hopps, je n’avais fait qu’un top 10 (Ndlr, 7e au Dimension Data Pro-Am le 13 février). Il y a eu beaucoup de tops 20 (5) mais je n’ai jamais été en position de gagner. J’avais aussi des petits problèmes de swing… Techniquement, je sentais que j’étais loin de ce que je voulais. Avec Benoit (Ducoulombier), on a bien travaillé à l’Open de France, on a remis les choses à plat. On a bien discuté, mis en place un plan de travail et puis on a récolté les fruits assez rapidement puisqu’à l’Open de France, j’ai bien tapé la balle, j’ai bien joué à Pont-Royal, j’étais en course après 36 trous au British Challenge et là (à Oxford), je fais un -8 et un -7. Donc oui, mes résultats sont globalement solides mais c’est surtout mon mind set, mon attitude qui m’ont permis de franchir les cuts, qui m’ont permis de faire deux-trois résultats… »
L'atout Makis Chamalidis
Il pointe ici le travail effectué depuis un an et demi avec Makis Chamalidis, docteur en psychologie et coach mental qui accompagne plusieurs golfeurs français…
« On est tous les jours en contact en semaine de tournoi, explique Adrien Saddier. Dès que j’ai une question, je l’appelle tout de suite. Depuis un mois, on a voulu revenir sur les bases de notre travail et les améliorer. Et c’est vrai que j’ai senti une petite différence, surtout les dimanches où j’avais toujours un peu de mal à les gérer. Là, les trois derniers dimanches, j’ai toujours fait un très gros score pour boucler mes tournois. »
Au repos pour quelques jours encore avant de rejoindre Majorque « soit le dimanche, soit le lundi », le Français victorieux sur le Challenge Tour en juillet 2016 en Espagne profite du cocon familial et de son petit garçon, Nathan. Une présence qui a totalement bouleversé ses habitudes. En bien évidemment…
« L’approche du jeu et de la vie a changé, souffle-t-il. Il est venu à l’Open de France avec moi… J’étais en famille pour la première fois dans un tournoi… C’était exceptionnel de partager ça avec lui et ma compagne… On oublie que le golf, c’est juste une passion, un job, alors que lui, c’est la vie… On relativise beaucoup plus ! »
Les PQ3 également dans le viseur...
La preuve. S’il ne parvient pas à rentrer dans le top 20 final de la Road à l’issue de la finale sur le sublime parcours d’Alcanada, Adrien Saddier, 30 ans depuis le 15 mai, aura encore une session de « rattrapage » avec la finale des Cartes européennes (PQ3) à Tarragone (Espagne) du 11 Au 16 novembre. Et il n’en fait un drame…
« Ce putt au 18 à l’English Trophy m’évite de faire les PQ2 mais les PQ3, pour les avoir joués et les avoir réussis à deux reprises, je trouve qu’ils sont plus faciles à gérer que les PQ2 par exemple, conclut-il. Et cela n’a rien d’arrogant. Je connais le parcours (Ndlr, Infinitum, ex-Lumine). Je l’ai beaucoup joué. Je l’ai encore joué cette année sur le DP World Tour (Ndlr, durant l’ISPS Handa Championship in Spain où il a terminé 15e). Golfiquement parlant, c’est une moins dur. Il y a 25 places à gagner, ce qui est énorme… Ce n’est pas l’étape qui me fait la plus peur même s’il faut toujours jouer au golf et rester le plus lucide possible… »
Ce putt d’environ 4 mètres dimanche dernier sur le green du 18 de Frilford Heath, hôte de l’English Trophy, ultime étape de la saison régulière du Challenge Tour 2022, Adrien Saddier n’est pas près de l’oublier. Il lui permet ainsi de valider in-extremis son ticket pour la finale programmée à Majorque du 3 au 6 novembre prochains.
« Un putt qui change la fin de ma saison, analyse-t-il, doucement. Cette finale qui était, on va le dire, un peu loin dans ma ligne de mire il y a encore un mois. Cela fait donc du bien d’avoir quelque part pu faire évoluer positivement cette fin d’exercice sur le dernier mois… »
Un sprint final très solide effectivement avec une 9e place au Hopps Open de Provence le 2 octobre suivie d’un top 5 au British Challenge (4e) avant de finir en 11e position dans la banlieue d’Oxford le week-end passé. Suffisant pour accrocher la 43e place de la Road to Mallorca. Ce sera sa troisième « finale » après celles disputées à Oman en 2016 et 2017.
« J’ai vécu ces moments différemment à chaque fois que j’y suis allé, souligne-t-il. Une fois en 2016 dans l’esprit du chasseur. J’avais besoin d’un podium pour monter sur le Tour européen (Ndlr, il finira 3e ex-aequo avec un score total de -18). L’année suivante, c’était déjà quasiment bouclé (Ndlr, 13e de la Road après avoir pris la 20e place de la finale). En étant 43e cette année, je sais qu’il faut faire 1 ou 2 tout seul. Là, les choses sont claires dès le départ… »
La "jurisprudence" Lando-Casanova en 2014
La mission de remonter sur le DP World Tour en accrochant un top 20 à la Road s’annonce par conséquent ardue mais pas impossible pour autant. Jérôme Lando-Casanova, 38e de l’Ordre du mérite au moment de s’élancer dans la finale 2014 du côté de Dubaï sur l’Al Badia Golf Club, avait réussi l’exploit de finir 2e et de grimper dans la foulée sur l’European Tour.
« Le golf est un des sports les plus incertains, prévient-il. Tout le monde le sait. Je suis en ce moment dans une bonne dynamique, j’ai joué la gagne il y a deux semaines, j’ai fait deux scores plutôt bas (-8 et -7) à l’English Trophy… J’ai les clés pour performer à cette finale. A moi d’être le plus lucide et le plus performant pendant quatre jours. »
« Pour gagner, il va falloir bien démarrer, ajoute-t-il. Dès le jeudi, il faudra que je mette toutes les chances de mon côté. Je pense que les trois classés entre la 18e et la 20e de la Road auront une pression différente de la mienne. Je sais que je n’ai rien à perdre en tout cas. Est-ce que ça va me permettre de faire deux-trois choix différents sur le parcours ? Peut-être ! Si je démarre bien, j’aurais certainement la pression le dimanche… Donc, quoiqu’il arrive, il va y avoir de la pression… »