Troisième de la Road to Mallorca, Alexander Levy, qui vise un retour sur le Tour européen en fin de saison, est au départ cette semaine de son premier Vaudreuil Golf Challenge, chez Jean-Claude Forestier. Un homme qui a beaucoup compté au début de sa carrière.

Après un cut manqué à Pléneuf, Alexander Levy entend rebondir cette semaine au Vaudreuil. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

« J’ai passé le week-end à Paris et je suis arrivé hier (lundi) au Vaudreuil. J’ai joué neuf trous. C’était très sympa. C’est un beau parcours. »

Sous un soleil étincelant, dans cette campagne normande forcément verdoyante, Alexander Levy transpire la bonne humeur. Malgré un cut manqué la semaine passée à Pléneuf-Val-André, au Blot Open de Bretagne. Le Varois, qui prend part ce mercredi au second pro-am du jour au Vaudreuil (27), hôte comme tous les ans depuis 2013 du Vaudreuil Golf Challenge, connait les lieux chers à Jean-Claude Forestier, le promoteur du tournoi. Même s’il n’a jamais disputé cette étape importante du Challenge Tour, l’un des rendez-vous les mieux dotés de la saison.

« J’étais venu il y a très longtemps, souligne-t-il. Jean-Claude m’a aidé au début de ma carrière. Il m’a sponsorisé et j’étais venu deux, trois fois ici. Hors tournoi. Il a fait du beau boulot, Fofo ! »

Si le parcours dessiné par Fred Hawtree a quelque peu changé depuis ses vertes années, Alexander Levy, redescendu sur la deuxième division européenne en fin de saison dernière, découvre très régulièrement des tracés qu’il n’a pas ou très peu joués.

« Pléneuf, je connaissais, mais le reste, pas du tout, souffle-t-il. Cela fait du bien, c’est sympa de découvrir des choses qu’on ne connaissait pas. Les parcours sont différents de ce que l’on a l’habitude de jouer. Mais je m’étais préparé à cela en sachant que je redescendais sur le Challenge Tour en 2024. Franchement, j’ai été assez surpris des parcours qu’on a eus à jouer depuis le début de la saison. Même Pléneuf, la semaine dernière, l’entretien était top. Je ne l’avais pas dans l’œil ce parcours mais ça reste un très bel endroit. »

Entre les jeunes qui veulent monter et les joueurs plus expérimentés qui ont perdu leur droit de jeu et qui entendent revenir aussi sur le Tour, c’est un bon mixte. Pour moi, c’est un Tour sous-estimé.

Actuellement troisième de la Road to Mallorca derrière l’Anglais Jon Parry et le Danois Rasmus Neergaard-Petersen, le quintuple vainqueur sur le DP World Tour, est très élogieux quand il évoque le niveau de jeu du Challenge Tour, de plus en plus exigeant et compétitif.

« Il y a de très bons joueurs, de très bons jeunes, avoue-t-il. Entre les jeunes qui veulent monter et les joueurs plus expérimentés qui ont perdu leur droit de jeu et qui entendent revenir aussi sur le Tour, c’est un bon mixte. Pour moi, c’est un Tour sous-estimé. On le voit même aujourd’hui avec ceux qui grimpent sur le Tour européen, ils arrivent à gagner des tournois. Les plus forts, les meilleurs sont toujours aussi bons. Ce qui a changé, c’est le niveau moyen. Il y a toujours eu de très bons joueurs qui se sont ensuite imposés au plus haut niveau, comme Brooks Koepka ou Tommy Fleetwood pour ne citer que les plus connus, mais on s’aperçoit que le niveau d’ensemble est supérieur à ce que j’ai connu moi quand je suis arrivé sur le Tour européen en 2013 (après deux saisons sur le Challenge Tour). Les gars sont de mieux en mieux entourés. Ils mettent toutes les chances de leur côté pour réussir, avec un staff technique compétitif… »

À bientôt 34 ans (le 1er août prochain), Alexander Levy vise évidemment un retour au plus haut niveau en fin d’année. Son début d’exercice 2024 est jalonné d’excellents résultats (trois top 5, deux top 10) mais il sait que cela ne constitue pas une assurance tous risques. Nous ne sommes pas encore à la moitié de la saison…

« J’ai été pour l’instant très régulier, résume-t-il. Je suis 3e alors que je n’ai pas gagné un tournoi. Les deux joueurs devant en ont gagné deux chacun. Cela veut dire que mon niveau de jeu a été très solide durant les onze tournois que j’ai joués (Ndlr, deux cuts manqués seulement). C’est très encourageant. Maintenant, j’aimerais bien en gagner un bientôt. Voire plusieurs. Je n’ai jamais gagné sur le Challenge Tour. Si j’en gagne un, cela voudrait dire aussi que je remonte sur le Tour européen. L’objectif, c’est ça. »

« J’en ai envie, forcément, ajoute-t-il. Mais cette montée, j’essaie de ne pas trop y penser. Je sais que si je joue bien, je reviendrai. Il faut juste le faire. Avoir la patience de le faire aussi. »

Vibrer aux exploits de Matthieu Pavon

En attendant, il ne manque rien de ce qui se passe à l’échelon supérieur. Il était ainsi devant son écran de TV le week-end dernier pour assister à la victoire de l’Italien Guido Migliozzi au KLM Open, à l’issue d’un play-off à trois. Il a aussi vibré comme tous les fans de golf en France aux exploits de Matthieu Pavon lors du 124e U.S. Open de l’histoire à Pinehurst il y a quinze jours de cela.

« Avoir une telle locomotive qui booste les autres, à être meilleur et donner le meilleur de soi, c’est génial, s’exclame-t-il. Il n’y a pas de mot pour décrire la saison de Matthieu. A part incroyable… J’ai pu partager avec lui des parties d’entraînement l’été dernier, notamment à Vidauban. On sentait qu’il y croyait alors qu’il n’avait toujours rien gagné sur le Tour européen. Quand il a gagné à Madrid, je lui ai dit qu’il était un des meilleurs exemples à donner aux jeunes. Il n’a jamais été dans les équipes de France, il n’a jamais été dans les petits papiers, mais il a toujours cru qu’il pouvait y arriver. Et là maintenant, il est 20e mondial (Ndlr, 21e exactement) et il a gagné sur le PGA Tour. Je pense que pour les jeunes des écoles de golf, pour les jeunes qui se mettent au golf, c’est ce genre d’exemple qu’il faut suivre. Il s’est donné les moyens d’y arriver. C’est encore plus fort. »

Je ne jouerai plus le moindre tournoi du DPWT jusqu’à la fin de la saison du Challenge Tour. L’Open de France ? Je n’irai pas.

D’ailleurs, l’idée de le rejoindre un jour, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique continue à faire son chemin. Tout en restant lucide sur la marche à suivre pour y parvenir.

« Quand j’étais en bonne position (sur le DP World Tour), il n’y avait pas ces dix spots en jeu pour accéder sur le PGA Tour, regrette-t-il. J’aurais aimé le faire. Cela fait partie de mes objectifs. Mais le plus proche, c’est celui de remonter sur le Tour. La suite, on verra. Bien sûr qu’on a des envies, des rêves, on ne va pas se le cacher mais une chose en son temps. L’objectif principal étant là de finir le plus haut possible à la Road pour avoir le plus de chances d’entrer dans tous les tournois du Tour en 2025. A ce titre, je ne jouerai plus le moindre tournoi du DPWT jusqu’à la fin de la saison du Challenge Tour. L’Open de France ? Je n’irai pas. Il y a en face à la même date un tournoi des « Final series » en Chine. Je pense qu’il fera plus bien plus beau là-bas qu’au Golf National au mois d’octobre. »

 

Theunis-Jacquelin, l’entente parfaite

Pour atteindre le but qu’il s’est fixé, Alexander Levy peut également compter sur son duo d’entraîneurs, le Belge Jérôme Theunis et Raphaël Jacquelin, que l’on ne présente plus. Les deux techniciens ont su trouver leur place – et leur rôle très distinctifs – auprès du golfeur français. Et tout semble fonctionner à merveille.   

« Jérôme, c’est le côté technique, explique-t-il. Raph, on est plus dans le mental, les faits de jeu, on est plus ouverts à la discussion, à la performance, la connaissance du haut niveau, la gestion de la frustration. Les échanges sont nombreux. Et tous les deux sont hyper complémentaires. En plus, ils ont déjà travaillé ensemble. Je pense que c’est un super duo. J’ai beaucoup de chance de travailler avec eux. »

« Jérôme, je ne le vois pas beaucoup sur le Challenge Tour, poursuit-il. Il est venu en début de saison à Dubaï. Je l’ai vu aussi quand j’ai joué en Belgique (Ndlr, cut manqué au Soudal Open fin mai), on s’est vu aussi à Vidauban (83) durant deux jours. Raph est venu plus souvent en tournois (Ndlr, il est présent en ce début de semaine au Vaudreuil). Un peu aussi à Dubaï. Après, j’essaie d’être autonome. Cela me fait du bien de ne pas avoir toujours quelqu’un avec moi. Je m’entraine dans mes routines quotidiennes et ça me permet aussi de me reconstruire dans mon coin. »

Avec cette descente, j’ai mis mon égo de côté. Ce n’était pas évident.

Une chose est sûre, cet échec sportif en fin de saison 2023 après dix mois sans toucher un club de golf en raison d’une blessure au dos (hernie discale au niveau des lombaires L4 et L5 et du sacrum S1) lui ont permis de voir son métier et d’aborder la vie différemment. Pour mieux rebondir ?

« Avec cette descente, j’ai mis mon égo de côté, conclut-il. Ce n’était pas évident. Pendant 12 ans, tu as côtoyé le haut niveau et puis d’un seul coup, tu as une blessure qui t’oblige à arrêter pendant dix mois… Cela m’a freiné. Il faut l’accepter. L’an passé, ça ne s’est pas goupillé comme je le souhaitais. J’ai fait beaucoup de cuts mais je n’ai pas fait non plus un week-end qui m’aurait permis de finir dans les cinq premiers, marquer assez de points pour conserver la carte. Je n’ai pas eu la lucidité d’être plus patient, d’accepter que cela allait peut-être prendre plus de temps. Si c’est pour mieux rebondir et être dans cinq ans sur le PGA Tour à gagner des tournois là-bas, je me dirais que c’est un mal pour un bien. Il ne faut pas se lamenter sur son sort et juste accepter les choses qui arrivent. On sait ce que c’est qu’une carrière dans le golf. C’est fait de hauts et de bas. Là, je vis une période basse. C’est la première fois. Je l’ai accepté ! »