Après avoir passé sa première année professionnelle sur le Pro Golf Tour, Antoine Pouguet a vécu une belle épopée jusqu'à l'étape finale des Cartes européennes. De quoi faire progresser sa jeune carrière, en lui ouvrant les portes de quelques tournois du Challenge Tour l’année prochaine.
« Je suis rentré il y a une petite semaine. Retour à la réalité et à l’entraînement. » Qu’on ne se méprenne pas sur cette phrase qui fleure bon le retour à un quotidien triste et harassant. La réalité que désigne Antoine Pouguet est nettement plus belle que quelques semaines auparavant.
Celui qui est professionnel depuis un an, et qui s’entraîne au Golf PGA France du Vaudreuil au sein d’Altus Performance, a réussi à se hisser jusqu’à l’épreuve finale des Cartes européennes (les PQ3), qui se sont achevées il y a une semaine. Pour cela, il avait franchi avec succès une première épreuve (les PQ1) début octobre à Hardelot, dans le Pas-de-Calais, puis une deuxième (les PQ2) à Huelva, en Espagne, début novembre. En résumé, un très beau parcours. « Il n’y avait que du positif à aller chercher, et c’est ce que j’ai fait », campe-t-il.
Un travail axé sur les Cartes
La réussite dans une épreuve de cartes est une chose qu’il a déjà expérimentée l’année passée, pour intégrer le Pro Golf Tour (PGT) lors de son passage professionnel. Mais lors de cette première saison sur la troisième division continentale, il s’est heurté à quelques nouveautés de la vie de pro. « C’est une saison où j’ai dû beaucoup m’adapter, et qui était assez longue, observe-t-il. Je n’avais pas l’habitude de voyager autant et aussi régulièrement. Donc j’ai accumulé pas mal de fatigue et d’imprévus, les vols retardés et des choses comme ça. »
Autre écueil habituel : mis à part son camarade d’Altus Performance Clément Guichard, lui aussi pensionnaire du PGT, peu de visages familiers se présentent à lui. Même s’il finit par lier de nouvelles camaraderies, par exemple avec Clément Heurtin. Au niveau du golf proprement dit, sur des parcours qui lui étaient tous inconnus, Antoine Pouguet prend la 56e place finale de l’Ordre du mérite, insuffisant à la fois pour entrer sur le Challenge Tour, mais aussi pour mettre sa carte sur le PGT en danger.
Depuis le début, il savait de toute façon qu’une autre chance lui serait donnée lors de la campagne des Cartes européennes. Avec ses coaches Stanislas Gautier et Guillaume Biaugeaud, et son préparateur mental Jean-François Houdayer, il a axé son travail sur ce rendez-vous. « C’est un type d’épreuve dans lequel j’arrive toujours à bien m’en sortir, car je suis un joueur assez régulier, note-t-il. Quand je joue mal, je ne joue jamais très très haut. »
À Hardelot, les deux jours de reconnaissance lui procurent des sensations mitigées. Mais dès le premier tour de compétition, la bonne dynamique s’enclenche. « J’ai eu un déclic, avec un jeu de fers vraiment très présent », explique-t-il. Avec une qualification en 11e position à -8, Antoine Pouguet fait ainsi payer la stratégie mise en place avec son staff : ne pas s’emporter, faire le plus de pars possibles, et surtout éviter les trous catastrophe. « Je n’ai pas fait un seul double bogey sur les quatre tours », illustre-t-il.
Grosse frayeur aux PQ2
Avoir une stratégie bien au point va de nouveau l’aider lors des PQ2, mais avec une grosse dose de solidité mentale en supplément. Dans les clous au départ du 72e trou, il perd sa balle à gauche sur la mise en jeu du par 5 du 18. En collant un coup de wedge au piquet, il parvient à faire birdie avec sa deuxième balle, et donc à sauver un bon bogey. « Quand je suis arrivé au recording, on m’a annoncé que j'allais probablement être dans un playoff à -16, narre-t-il. Je m’y suis préparé mentalement. J’étais dans les premières parties du matin, mais au fur et à mesure, ça remontait, et finalement c’est passé sans playoff. Avec mon caddie, on était émus, mais il fallait basculer directement sur les PQ3, donc tout a été très vite. »
En effet, l’étape finale des cartes débutant seulement cinq jours plus tard à Tarragone, tout était à organiser en un temps très court. Mais Antoine Pouguet avait pour lui l’avantage de jouer sans pression, sa campagne étant d’ores et déjà une réussite. Tout juste s’il ne s’est pas pris à savourer le moment à son arrivée à l’Infinitum. « La qualité du parcours, des installations, taper des Pro-V1 au practice… Ça changeait beaucoup par rapport à mes habitudes, sourit-il. Le premier jour de reco, j’ai eu un peu de mal à me mettre dedans, parce que je regardais beaucoup ce qui se passait autour de moi. Dès la deuxième reco, j’étais vraiment concentré sur mon jeu. Et sur ce que j’avais à faire. »
Entre 5 et 15 tournois sur le Challenge Tour
Moins en jambe lors des troisième et quatrième tour, après un début prometteur, le joueur du Vaudreuil a finalement dû se contenter d’une 114e place, à +2. Trop loin pour franchir le cut de cette épreuve marathon sur six tours. Mais la bonne nouvelle est ailleurs : par sa seule participation aux PQ3, il recevait la catégorie 15 sur le Challenge Tour.
Certes pas une catégorie pleine, mais qui lui donne la perspective de jouer les trois étapes françaises de la deuxième division, et au total entre 5 et 15 tournois. Il en saura plus sur sa saison 2023, qui devrait se partager entre Challenge Tour et Pro Golf Tour, lors de la publication des différents calendriers. En attendant, et après un peu de repos bien mérité, ce sera, quoi qu’il arrive, retour au travail au sein d’Altus Performance. « C’est génial d’avoir une structure comme celle-là aussi tôt dans sa carrière de golfeur, souligne celui qui en fait partie depuis trois ans. La mentalité, c’est l’esprit collectif, et une très bonne ambiance. On n’est pas les uns contre les autres, on se tire tous vers le haut. »