Après deux saisons sur le Challenge Tour, Benjamin Hébert retrouve le DP World Tour. Une étape qu’il juge très importante, tant la mission de s’extirper de la deuxième division européenne est chaque année de plus en plus ardue.
Qu’allez-vous retenir en priorité de ces deux années passées sur le Challenge Tour ?
Je vais essayer de ne pas y retourner (rires). Au-delà de ça, je retiens le travail qui a été accompli, que ce soit dans la tête, physiquement et techniquement, afin de retrouver un jeu consistant, afin de retrouver de la confiance, afin de retrouver aussi de la motivation. C’est ça, le plus important.
De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?
De l’abnégation que j’ai eue depuis deux ans. L’an passé, ça a été difficile. Je me suis posé la question de savoir si j’avais encore envie de continuer cette vie de voyages tout en n’étant pas au plus haut niveau… Mon staff a cru en moi, il m’a permis de bien travailler, et de me donner aussi deux ans pour remonter… Alors oui… (il s'arrête) Je dirais l’abnégation que j’ai amenée là-dedans, à baisser la tête, à avancer même pendant les périodes les plus difficiles… Cela fait du bien aujourd’hui de voir qu’on y est arrivé.
Avez-vous douté du fait de ne plus pouvoir revenir un jour sur le Tour européen ?
Bien sûr ! L’année dernière, même s’il y avait de bonnes journées, je manquais clairement de consistance… Je pouvais faire des -5, +4 ou des -7, +4… Des trucs comme ça. C’était compliqué. J’avais joué la gagne une ou deux fois, mais comme mon jeu manquait de consistance, je ne me sentais pas armé pour l’emporter. Alors oui, quand je fais 60e (Ndlr, 59e exactement) de la Road (en 2023) en bataillant toute l’année pour n’accrocher à l’arrivée que la carte du Challenge Tour, je me disais que j’étais très loin des vingt premiers. Et très loin surtout de mon objectif de remonter. Il a fallu donc aussi changer un peu de psychologie.
C’est-à-dire ?
Si on ne fait pas des tops 5 sur le Challenge Tour, on n’avance pas. Je venais de passer dix ans sur le Tour européen où le moindre point est important. Finir 10e ou 15e sur le Tour, cela vous fait marquer des points. Sur le Challenge Tour, que l’on fasse 12e ou 30e, ça n’avance pas à grand-chose. Même quand on est 10e à cinq trous de la fin, il fallait aller chercher un podium ou ce top 5 car il n’y a que là que ça rapporte sur le Challenge Tour. J’ai pris du temps à me rendre compte de tout cela.
Qu’est-ce qui va être le plus dur pour vous à partir de maintenant ?
Honnêtement, je pense avoir fait le plus dur. Je suis reparti de bien bas et j’ai accroché à l’arrivée le top 20 du Challenge Tour. Et quand on voit le niveau de jeu sur le Challenge Tour, je me dis que c’est plus dur aujourd’hui de faire top 20 que de garder la carte du DP World Tour. Sur les vingt qui sont montés l’an passé, seize ont gardé la carte je crois et trois d’entre eux ont même gagné sur le DP World Tour. Il y a dix ans, on était loin de ça. Il devait y en avoir trois qui gardaient leur carte et les autres redescendaient… Le niveau du Challenge Tour est de plus en plus exigeant, de plus en plus difficile. Je pense donc que le plus dur a été fait. Il faut maintenant être sur ce chemin-là, avoir cette envie de travailler et puis garder ce fonds de jeu qui me permet de faire beaucoup de cuts, tout en améliorant quelques petits points comme essayer de rentrer un peu plus de putts, être plus régulier au chipping et au putting. Il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas. Je connais bien le Tour européen, il faut maintenant se réhabituer un peu au défi des parcours du Tour parce que deux ans sur le Challenge Tour, ça ne demande pas les mêmes choses en termes de jeu.
Vous allez avoir 38 ans en février prochain. Allez-vous vous fixer de nouveaux objectifs sur le Tour ?
On va commencer petit à petit… On va commencer par des objectifs de travail, que l’on mettra en place dans deux semaines quand je reprendrai l’entraînement au Maroc. Ensuite, on va dire des objectifs de comportement ou de concentration sur le parcours. Je sais que lorsque je suis bon là-dedans, j’arrive à avoir de la consistance dans mon jeu. C’est ce qui m’a permis cette année d’être là où j’en suis aujourd’hui (Ndlr, 24 tournois joués, 20 cuts franchis, 8 tops 10 dont une 2e place au Vaudreuil). Et puis les objectifs de résultats, ce sera évidemment de conserver la carte.
Vous avez gagné six fois sur le Challenge Tour entre 2011 et 2014. Gagner ne serait-ce qu’une fois sur le DP World Tour, c’est aussi un objectif que vous vous êtes fixé en 2025 ?
Bien sûr ! Je sais ce qu’il faut pour gagner, je m’en suis rapproché plus d’une fois il n’y a pas si longtemps encore… Cela passera certainement par d’autres moyens que simplement se dire : « Je vais gagner ». Évidemment que garder la carte, c’est un objectif. Évidemment que gagner un tournoi, c’est un objectif. Être à la finale de la Race aussi… Ce sont des objectifs que l’on réajuste au fil de l’année. On va continuer avec ce que je faisais cette année sur le Challenge Tour, c’est-à-dire être régulier dans le travail, dans tous les secteurs du jeu, et avancer coup par coup. J’ai appris à ne plus trop me mettre en tête des objectifs de résultats mais plutôt des objectifs de moyens et d’entraînement…
Vous avez fini 13e de la Road to Mallorca. Cela sera-t-il suffisant pour prendre part aux plus gros tournois de la saison à venir, notamment le premier Rolex Series, le Hero Dubai Desert Classic, qui aura lieu au mois de janvier ?
Dubaï, il y a de bonnes chances. En tout cas, on ne sera pas loin si ça ne rentre pas. Pour le Scottish et Wentworth, c’est encore un peu loin tout ça. On n’a encore pas trop de visibilité sur ce que sera le calendrier du DP World Tour pour 2024-25. Cela fait deux ans maintenant que le Tour perd ses meilleurs joueurs via les dix spots pour le PGA Tour… Ils ne viendront certainement pas pour jouer à Dubaï, ce qui pourrait libérer des places pour les mecs du Challenge Tour. À voir, donc…
Savez-vous combien de tournois vous allez pouvoir jouer sur le Tour en 2025 ?
Si on enlève les Majeurs et les deux, trois tournois qu’on vient de citer (Rolex Series), je pense que je jouerai plus de 90 % des tournois au programme. À moi de voir comment le calendrier va s’articuler, mais je sais que je n’enchaînerai pas plus de trois tournois d’affilée comme je l’ai fait cette année. En fonction du calendrier, on ajustera encore une fois. Mais je pense que je vais jouer aux alentours de 25 tournois. Il n’y a pas de souci là-dessus.
Avez-vous déjà coché un ou deux tournois de fin d’année 2024 ?
Oui ! Je serai à Leopard Creek (Alfred Dunhill Championship, du 12 au 15 décembre) puis à l'île Maurice (AfrAsia Bank Mauritius Open, du 19 au 22 décembre). Je sens que j’ai besoin de repos, de recharger les batteries, de remettre aussi un peu à plat mon jeu. Les deux, trois dernières semaines, je n’étais pas trop satisfait… Je fais un bon break de quinze jours avant de repartir au Maroc. Le camp de base, ce sera Samanah ou le Royal Palm…
Le staff technique de Benjamin Hébert
Olivier Léglise et Harold Noël (coaches technique)
Benjamin Añorga (préparateur physique)
Sébastien Vivé (ostéopathe)
Matthieu David (coach mental et performance)
Alexandre d’Incau (club-maker)
Maxime Demory (manager)
Arnaud Garrigues (caddie)