Paul Beauvy, joueur amateur qui a grandi sur le Golf de Pléneuf, figure une nouvelle fois dans le champ du Blot Open de Bretagne, cette semaine. Une participation que l’étudiant d’Iowa State aborde très différemment de ses premières, lorsqu’il était adolescent.

Paul Beauvy joue à domicile, cette semaine à Pléneuf. © Aurélien Meunier / Getty Images - AFP

Jeudi, premier tour, milieu de matinée. Le vent souffle sur les falaises de la Bretagne gallaise. Au bord du green haut-perché du trou n° 12 du Golf de Pléneuf, une bénévole, la soixantaine, cheveux blancs rabattus sur la visière, affiche un sourire tandis qu’approche la partie suivante. « Vous savez que Paul, je l’ai vu démarrer le golf ici, il était haut comme ça », précise-t-elle, la main à plat suspendue à un mètre du sol à peine. À côté, un autre bénévole raconte : « Ça m’est arrivé de jouer avec lui quand il avait 11 ou 12 ans, il tapait déjà très fort ».

Le Paul en question se nomme Paul Beauvy, et pendant que ses fans de la première heure narrent leurs souvenirs, il gère correctement un deuxième coup délicat les pieds en pente sur ce par 4, puis se débrouille parfaitement avec un long premier putt pour assurer le par. Et comme les bénévoles l’indiquent, c’est loin d’être son premier passage le long de la grève de Nantois, qui jouxte les trous 11 et 12 du tracé de Pléneuf. Pour la bonne et simple raison que le club costarmoricain est celui qui l’a vu grandir.

« Il y a un an, je jouais encore en tournoi avec Ludvig Åberg »

À 21 ans, celui qui joue encore sous le statut amateur a reçu une invitation pour disputer le Blot Open de Bretagne, cette semaine. Une participation qui est loin d’être inédite. « La première fois que j’ai joué le tournoi, je devais avoir autour de 14 ans », se souvient-il. Sauf qu’à l’époque, entre le fait de jouer parmi les professionnels, le monde qui suivait sa partie et la pression de jouer à domicile, tout ne s’est pas nécessairement déroulé comme prévu. « Clairement, je n’étais pas prêt, admet-il. Je prenais l’événement comme quelque chose de très grand. »

S’ajoutait à cela le fait d’évoluer sur un parcours qu’il connaissait par cœur, mais qui se présentait à lui dans une configuration totalement différente de ses habitudes. « Les erreurs que je faisais avant, ça venait du fait que je drivais partout, ce qui est une très mauvaise idée, indique-t-il. Pour le tournoi, les roughs sont plus hauts, plus près des fairways, les balles rebondissent plus. »

Mais avec les années, ce qui jouait contre lui lors de cet événement se gomme peu à peu. À commencer par son propre sentiment de légitimité quant au fait d’évoluer dans un événement du Challenge Tour. Étudiant en fin de deuxième année à l’université américaine d’Iowa State, Paul Beauvy a eu l’occasion de se frotter de manière beaucoup plus régulière à des champs de joueurs relevés. « Il y a un an, je jouais encore en tournoi avec Ludvig Åberg », illustre-t-il. Ses passages en équipe de France messieurs, lors des Championnats d’Europe par équipes messieurs 2022 et 2023 et lors des Mondiaux par équipes l’an passé, lui ont également permis de se confronter à l’élite amateur de la planète.

« J’ai commencé à comprendre certaines choses »

Par ailleurs, son appréhension de l’événement en lui-même a changé. Notamment pour ce qui est des spectateurs, très attentifs à ses parties dès lors qu’il dispute le Blot Open de Bretagne. « C’est vrai qu’avant, ça avait tendance à me gêner d’avoir du monde autour, avoue-t-il. Peut-être que je faisais trop attention à ce que les gens pouvaient penser. Mais aujourd’hui, ça ne me gêne plus. J’aime bien, en fait. Ça donne plus d’adrénaline, et de plaisir aussi. Quand on fait un bon coup et qu’il y a du monde qui applaudit, ça fait plaisir. »

Au-delà du cadre, forcément particulier pour lui, de Pléneuf, Paul Beauvy cite la maturité comme le principal progrès qu’il a pu effectuer durant sa saison universitaire. S’il décrit cette dernière comme « un peu décevante » quant aux résultats bruts, il se montre davantage satisfait en ce qui concerne son état d’esprit général sur les parcours. « J’ai commencé à comprendre certaines choses, appuie-t-il. Comme par exemple le fait de prendre un peu plus de recul sur mes performances. Typiquement, cette semaine, que je rate le cut ou que je gagne le tournoi, lundi, il faudra que je retourne au boulot, et que je travaille encore et encore. »

En effet, dès lundi prochain, il sera de nouveau sur le terrain, mais cette fois au Danemark, afin de reconnaître le tracé de The Scandinavian, théâtre du Championnat d’Europe individuel messieurs à partir de mercredi. Une épreuve dont le vainqueur empoche une qualification pour The Open Championship (du 18 au 21 juillet au Royal Troon), et qui conclura une série de trois tournois (St Andrews Links Trophy, The Amateur Championship et Championnat d’Europe messieurs) dont le meilleur joueur gagnera aussi son ticket pour Troon. Bien placé après sa 4e place à St Andrews (son troisième top 5 consécutif dans l’épreuve), Paul Beauvy a, en revanche, fait l’impasse sur The Amateur, afin de jouer à Pléneuf cette semaine.

Mais peu lui importe le classement. « Si je joue bien, les points suivront », résume-t-il. Une qualification pour le dernier Majeur de la saison, toutefois, le mettrait aux anges. « The Open, c’est le Majeur que je préfère, lance-t-il. Si on sait jouer et gagner sur ces parcours-là, on peut gagner partout. Et puis j’aime bien jouer sur les links. Ça vient peut-être du fait que j’ai grandi ici, dans le vent. » Ça fait peu de doute.