Mathieu Decottignies-Lafon, Paul Margolis et Paul Elissalde sont les trois joueurs tricolores montés sur le Challenge Tour en fin de saison dernière. Tous partagent le même objectif : ne pas rester là éternellement.
Une montée depuis les rangs de l’Alps Tour pour les deux premiers, leur permettant de disputer leur première saison pleine sur le Challenge Tour. Un retour au sein de la 2e division européenne pour le troisième, qui y avait passé une saison et a regagné sa place sur le Pro Golf Tour l’an passé. Si Paul Margolis et Paul Elissalde sont deux "vrais" débutants du Challenge Tour, au contraire de Mathieu Decottignies-Lafon, ils sont les trois Français ayant fait leur entrée depuis les circuits satellites, lors de cette inter-saison. Et tous les trois regardent, à terme, plus haut.
Decottignies-Lafon : « Je ne peux plus me perdre comme je me suis perdu en 2019 »
Après deux ans en enfer sur le Pro Golf Tour (PGT), comme il le disait lui-même, Mathieu Decottignies-Lafon est de retour sur un Challenge Tour qu’il avait déjà fréquenté durant une saison, en 2019. « Je ne peux pas dire que le Challenge Tour soit le paradis, ça serait très réducteur de mes objectifs, mais c’est sûr que le PGT, c’est vraiment l’enfer, confirme-t-il. Mais malgré tout, ça reste un circuit très compétitif, où il faut apprendre à ne pas donner de points au parcours et aux autres joueurs. »
Pour ce retour sur la deuxième division européenne, le Lillois compte maximiser l’expérience (même si elle ne fut pas concluante en termes de résultats) engrangée il y a trois ans. « Par rapport à ma saison 2019, j’ai un protocole d’entraînement bien défini, souligne-t-il. Je sais que si je mets tout ça en place, les résultats viendront. À l’époque, je me souviens que je ne savais absolument plus où j’allais techniquement. Je tapais très mal la balle. Du coup, je passais énormément de temps au practice, plutôt qu’à la salle de sport ou au putting green. »
Cela, ainsi que de longs enchaînements de semaines de tournois (jusqu’à 8 ou 9), l’avaient mené à une 160e place à l’ordre du mérite, et contraint à redescendre la l’échelon inférieur. Cette fois, Mathieu Decottignies-Lafon l’assure : « Je ne peux plus me perdre comme je me suis perdu en 2019. Je sais où je vais, et après la tournée sud-africaine (il devrait rentrer en Europe le 12 avril, NDLR), je vais faire un plan pour ma saison, et je n’en dérogerai pas, ou très rarement. »
Et l’objectif final du DP World Tour, on y pense quand même un peu ? « C’est clairement dans mon esprit, confirme-t-il. Pour ça, le Challenge Tour est excitant : si tu gagnes un tournoi, tu as une catégorie sur le DP World la saison suivante. Tout peut aller très vite… »
Paul Margolis : « La transition s’est faite très facilement »
Lui, pour le coup, est un authentique "rookie". Si l’on excepte les trois tournois français du Challenge Tour joués sur invitation lorsqu’il était encore amateur, Paul Margolis, passé professionnel à l’automne dernier, débute sur le circuit. Une accession directe au Challenge Tour qu’il doit à une 6e place à l’ordre du mérite de l’Alps Tour en 2021, performance agrémentée d’une victoire.
Mais pour celui qui, jusqu’alors, faisait partie du groupe de préparation aux Mondiaux amateurs France 2022, le paysage n’a pas radicalement changé en quelques mois. Et pour cause : rapprocher les meilleurs amateurs du monde professionnel est l’une des ambitions majeures de ces groupes fédéraux.
« Je n’ai pas l’impression d’avoir changé grand-chose en passant professionnel, confirme l’Azuréen. La transition s’est faite très facilement. La seule différence, c’est que je suis un peu plus seul lors des déplacements sur les tournois. » Une solitude relative par la présence à ses côtés de son camarade de longue date Thomas Boulanger, qui passera toute la saison sur son sac.
La saison, justement, a débuté la semaine passée pour Paul Margolis, qui possède la même catégorie que Mathieu Decottignies-Lafon et Paul Elissalde (la 13b, qui regroupe les joueurs issus des circuits satellites), mais y occupe la 22e position, le Lillois étant n°1. Dès lors, il n’est pas assuré de jouer tous les tournois de la tournée sud-africaine, constituée d’événements co-sanctionnés avec le Sunshine Tour. « Je le gère bien, rassure-t-il. Je suis content de jouer quand c’est le cas, et j’espère jouer un maximum, pour me battre avec les autres. Je ne pense pas trop à ce que je vais faire plus tard, je prends les semaines les unes à la suite des autres. »
Bonne nouvelle pour lui cependant : l’arrivée du Challenge Tour en terre européenne, au mois de mai, devrait coïncider avec la certitude de pouvoir disputer tous les tournois de son choix. De quoi, pourquoi pas, faire montre de son plein potentiel.
Paul Elissalde : « Je sais que j'ai ma place »
Même cause et même conséquences pour Paul Elissalde : 5e et auréolé d'une victoire la saison dernière sur l'Alps Tour, le Basque débarque pour la première fois de sa carrière sur le Challenge Tour. Cette semaine au Jonsson Workwear Open, il dispute son premier tournoi en tant que membre du circuit, les deux premiers rendez-vous de la saison lui étant restés inaccessibles faute de place dans le champ de joueurs.
Une problématique qui, hélas, devrait le suivre pendant toute la tournée sud-africaine. « Je ne peux pas vraiment m'organiser à l'avance, constate-t-il. La semaine dernière, j'étais 10e sur la liste d'attente, je suis assez vite passé 5e, mais je n'y suis pas allé car les trajets étaient chers. Et j'ai bien fait, puisque de toute façon je ne serais pas rentré. Cette semaine j'étais 3e, et là je suis rentré. Le Challenge Tour publie la liste des participants à un tournoi deux semaines avant, ce qui rend les choses compliquées pour des joueurs comme moi. »
Pas de quoi, loin de là, démotiver Paul Elissalde, qui a pu mesurer concrètement cette semaine le décalage entre l'Alps Tour et le Challenge Tour. Joueurs au practices flanqués de leur coach et de leur propre radar, espaces spécialement mis en place pour les joueurs... « Il y a même des Pro-V1 au practice. Sur l'Alps Tour, souvent, on tapait dans des oignons, rigole-t-il. On voit bien que sur ce circuit, il y a beaucoup de bons joueurs. Ça se voit avec les scores. »
Celui qui a fait le point avec son staff, cet hiver, pour identifier précisément ses points faibles et les gommer au maximum aura, lui aussi, davantage d'assurance de jouer sur le Vieux Continent. Une saison qu'il espère, quoi qu'il arrive, déjà mettre à profit. « Je sais que j'ai ma place ici, parce que je l'ai gagnée, affirme-t-il. Mais je suis aussi réaliste, je veux y aller pas à pas. Déjà, mon objectif, c'est de garder ma carte sur le Challenge Tour, et de finir dans le top 45, pour aller disputer la finale des cartes. »