Après avoir perdu son droit de jeu sur le DP World Tour en fin d’année dernière, Gary Stal, 32 ans, se « ressource » en 2024 à l’échelon inférieur avec la bonne intention de retrouver l’élite dans quelques mois.
Gary Stal est-il de retour ? Ses derniers résultats prouvent en tout cas qu’un début de frémissement s’est opéré depuis deux bons mois maintenant. Après un échec en ouverture de la saison à Limpopo (1er-4 février) en Afrique du Sud au SDC Open - « je suis arrivé le mercredi, j’ai été appelé au dernier moment ! » - le Lyonnais domicilié à Dubaï enchaîne les sorties convaincantes. Aucun cut manqué en trois départs sur le Challenge Tour, de bonnes sensations dans le jeu et surtout une très encourageante cinquième place à trois longueurs du leader après 54 trous le week-end passé à l’UAE Challenge, avant de finir 16e vingt-quatre heures plus tard…
« Ça fait du bien, confirme Gary Stal. Je tiens d’ailleurs à remercier la Fédération française de golf de m’avoir délivré une invitation sur ce tournoi car sinon, je ne serais pas entré dans le champ… Cela fait quatre tournois de suite où je me retrouve dans les groupes de tête puisqu’il faut y ajouter le Championnat de France professionnel MCA au Médoc (Ndlr, 7e à trois coups du vainqueur, Julien Guerrier). J’ai aussi pris part à un tournoi pro à Dubaï, le Clutch Pro Tour, un circuit anglais, l’équivalent d’un Alps Tour, où j’ai fini 2e. J’ai joué la gagne. »
« Le jeu est là, il faut donc maintenant reprendre l’habitude de se retrouver dans cette position pour mieux performer le dimanche, ajoute-t-il, revigoré. Parce que c’est vrai que je me mets encore un peu trop la pression, en tout cas plus que le jeudi, le vendredi et le samedi. Ce qui m’a porté un peu préjudice lors des deux derniers tournois. Mais je demeure très positif sur le reste de la saison car le jeu revient bien. J’ai de bonnes sensations. Ce sont des points très importants pour pouvoir performer sur le Challenge Tour. »
De quoi atténuer quelque peu ce retour à l’échelon inférieur après une mauvaise saison 2023 sur le DP World Tour où, en vingt tournois, il n’a réussi à franchir le cut qu’à six reprises. Dans la foulée, il n’est pas parvenu à s’extirper des PQ2, annihilant du même coup toutes ses chances d’accrocher une catégorie de jeu sur ce même Tour européen en 2024. Il ne possède ainsi cette année qu’une catégorie 13 sur la deuxième division européenne.
« Ça a été dur car je m’attendais vraiment à faire la carte, à bien jouer, résume-t-il aujourd’hui. Je me sentais bien pour performer. Mais je n’ai pas beaucoup joué en début de saison, j’ai fait quelques cuts et j’ai ensuite manqué beaucoup de cuts entre un et trois coups. À cause de mon putting et de mon wedging, qui étaient vraiment mauvais. Après, c’est dur, on se frustre assez vite. On tape certes bien la balle mais on ne concrétise pas parce que ça passe à côté des trous. On manque des putts d’un mètre sur le parcours et après on est tout le temps à la traîne, à la recherche de se mettre près du drapeau, et on fait une ou deux erreurs et finalement ça ne passe pas. »
Il n’y a pas si longtemps, il semblait pourtant « perdu » pour le golf. Des années noires, notamment entre fin 2017 et début 2020, durant lesquelles le vainqueur du HSBC Abu Dhabi Championship 2015 devant Rory McIlroy et Martin Kaymer a même songé à arrêter le haut niveau et passer à autre chose. « Ma pire saison, ça a été en 2019, nous avait-il soufflé lors d’une précédente interview. Là, vraiment, j'avais envie de raccrocher. Je me suis dit : "C'est fini, tu n’y arrives plus. Il y a trop de choses qui ne vont pas." En fait, j’avais peur de perdre contre des gamins de mon club... J'étais vraiment perdu dans mon jeu et dans ma tête. »
Aujourd’hui, le discours n’est évidemment plus le même. Cette expérience douloureuse lui a servi de thérapie, pour mieux rebondir. Un épisode que beaucoup de golfeurs professionnels ont traversé avec plus ou moins de réussite. « Je suis parti fort, j’ai gagné jeune, analyse-t-il calmement. J’ai su tout de suite ce que c’était que le haut niveau, je suis arrivé à mes objectifs, même si je me voyais encore plus haut ensuite. Et puis j’ai bien connu l’enfer pendant au moins trois à cinq ans… Là, ça a été très dur. On se dit alors qu’on ne retrouvera jamais son niveau de jeu, c’était très compliqué comme période. Et puis maintenant, c’est assez bizarre, je sens que j’ai tout le potentiel pour remonter, pour réussir, pour gagner des tournois. Je sens que c’est là mais je n’ai pour l’instant pas prouvé plus que ça… Peut-être que ça va payer bientôt. En tout cas, l’objectif, c’est de retrouver le haut niveau. »
Des one-shot avec Victor Dubuisson sur le wedging et le chipping
Paradoxalement, le golfeur aujourd’hui âgé de 32 ans a réduit drastiquement son staff technique. Depuis septembre dernier, plus de coach technique. Plus de coach physique non plus. Il a certes consulté quelquefois Victor Dubuisson pour le wedging et le chipping, « sur des one-shot, précise-t-il, mais c’est plus par amitié qu’il m’aide. » En revanche, Jérémy Da Silva demeure toujours son physio (Ndlr, celui-ci collabore également avec Matthieu Pavon et Victor Perez). Et il voit régulièrement son coach putting, Rudy Olmos, installé à Bourg-en-Bresse (01).
Un secteur de jeu qui lui a joué un bien mauvais tour le week-end passé au Saadiyat Beach Golf Club, notamment le dimanche où il n’a pas pu éviter de signer une carte de 74 (+2) en grande partie à cause d’un putting défaillant. « Cela fait deux ans que je joue bien au golf, explique-t-il. J’ai un meilleur grand jeu, je tape plus fort, c’est beaucoup mieux. Mais avant, je puttais beaucoup mieux. Et là, malgré le jeu qui est bon, si on ne putte pas bien, si on fait 31 putts à chaque tour, on ne fait pas les cuts. À moins de s’appeler Scottie Scheffler… Je m’attarde donc plus souvent dans ce secteur de jeu, je redouble d’efforts à ce niveau-là. Je vois le plus souvent possible Rudy quand je viens à Lyon. Je lui envoie aussi des vidéos. On se parle souvent, je lui fais part de mon ressenti. On discute, et franchement, ça marche bien. Je suis content ! »
C’est donc gonflé à bloc qu’il va entamer à partir de la semaine prochaine cette longue séquence tant attendue du Challenge Tour sur le continent européen (9 mai-29 septembre). « Pour l'Espagne (9-12 mai), je suis pour l’instant septième réserve, mais j’espère que la Fédération va me donner une invitation. À partir du Danemark (23-26 mai), je vais tout jouer. Il y aura six tournois d’affilée au calendrier, et je suis dans l’optique de jouer ces six tournois, dont l’Open de Bretagne et le Vaudreuil Golf Challenge. »
On l’a dit, domicilié à Dubaï, il va aussi profiter de son pied-à-terre à Lyon pour gérer au mieux ce long tunnel européen et ainsi alléger au maximum les déplacements sur tout le continent. Avec évidemment l’objectif de retrouver le plus rapidement possible l’élite. « J’étais un peu loin mais je vois que je remonte à la Road, conclut le natif de Décines, dans la banlieue lyonnaise. C’est bien (Ndlr, il pointe actuellement au 79e rang). Le top 45 sera donc une première cible, mais une fois qu’on est dans ce top 45, l’objectif c’est le top 20. C’est l’objectif final, on ne va pas se mentir. Et donc la finalité, c’est de remonter dès 2025… »