À bientôt 25 ans, Pierre Pineau est en train de franchir un cap dans sa vie de golfeur professionnel. Accrocher le top 20 final de la Road to Mallorca et s’installer aux États-Unis l’hiver prochain sont dans sa ligne de mire.
Cette dixième place obtenue ce dimanche 21 avril à l’Abu Dhabi Challenge confirme indéniablement un sérieux début de saison validé ici par quatre tours consécutifs dans les 60 (67, 65, 65, 65). En sept tournois joués depuis le lancement de l’exercice 2024 aux premiers jours de février en Afrique du Sud, Pierre Pineau n’a ainsi connu qu’un seul échec. C’était au SDC Open à Limpopo (1er-4 février). Depuis, le Français est un abonné des week-ends sur le Challenge Tour en proposant régulièrement un jeu très solide, sans réelle faille.
« Je joue bien, j’ai une moyenne de score qui n’a jamais été aussi basse (69,44), je fais beaucoup moins d’erreur qu’avant, résume celui qui soufflera ses 25 bougies le 6 août prochain. Ce qui fait que mes résultats sont plus réguliers… Est-ce que celui enregistré à Abu Dhabi constitue ma meilleure semaine ? J’ai déjà bien joué cette année mais je n’ai toujours pas réussi à concrétiser le week-end. Là, le parcours était très large mais je n’ai pas forcément bien mis en jeu. Cela ne m’a pas trop pénalisé mais il y a des semaines où j’ai mieux joué comme par exemple en Afrique du Sud, notamment les quinze derniers jours. Mais au niveau de l’optimisation, c’était malgré tout ma meilleure semaine… »
Vingt-huitième de la Road to Mallorca avec 140,22 points à quelques heures de s’élancer pour l’UAE Challenge sur le sublime tracé du Saadiyat Beach Golf Club dessiné par le légendaire Gary Player, Pierre Pineau s’est, comme la plupart des membres de la deuxième division européenne, donné comme objectif d’intégrer le top 20 final qualificatif pour évoluer en 2025 sur le DP World Tour. « Le top 20, c’est bien, mais je vise plutôt le top 10 avec l’espoir de jouer les Rolex Series l'an prochain, rectifie-t-il doucement. J’ai aussi des objectifs de scores, des objectifs d’attitudes… J’ai embauché Christophe Angiolini (Ndlr, il était au sac de Jean Van de Velde à The Open en 1999 à Carnoustie) comme caddie à plein temps pour être plus régulier. Et ça marche. Je suis content pour ça. »
« Mon objectif cette année, c’est de jouer sans vraiment regarder les résultats, sans me comparer aux autres, ajoute-t-il. Je vois que je progresse, mon niveau de jeu est meilleur dans tous les secteurs. Je ne vise pas spécialement un objectif de place mais je sais que les parcours en Europe sont un peu plus durs, un peu plus exigeants… Un bon joueur créera plus l’écart avec un joueur qui est plus moyen. À ce titre, je pense que la tournée en Europe (Ndlr, qui débute le 9 mai en Espagne) devrait bien me convenir par rapport à cela… »
L’an passé, en possession d’une catégorie 18 sur le DP World Tour, il s’était permis plusieurs incursions au plus haut niveau, prouvant d’ailleurs que sa place n’était pas usurpée en signant une très belle 10e place à l’Australian Open le 4 décembre 2022 avant d’accrocher un peu plus tard deux tops 15 à l'île Maurice (11e le 18 décembre) et au Kenya (15e le 12 mars). Cette saison, plus question de jouer sur les deux tableaux. Même si en décembre dernier, il a une fois encore tenté l’aventure australienne, avec, certes, un peu moins de réussite : 63e à l’Australian PGA Championship, cut manqué à l’Australian Open.
« Je suis allé en Australie d’abord parce qu’en France, en décembre, il fait un temps horrible, souligne Pierre Pineau. Je suis parti avec ma copine, qui n’était jamais allée en Australie. J’y allais bien sûr pour les tournois mais je n’y allais pas forcément dans l’optique de faire une perf’ sur le Tour européen. L’Australie, c’est un pays que j’adore. C’est mon pays préféré, sauf que c’est un peu loin. Mais il n’y aura pas d’autres passages cette année sur le DP World Tour. C’est 100 % sûr. À part si je gagne trois fois… (rires) »
« Je n’ai plus la même catégorie que l’an dernier (Ndlr, catégorie 21 cette saison). Là, cette saison, on voit que les gars qui sortent des Cartes ne jouent pratiquement pas sur le Tour européen. Après les Cartes en novembre dernier, je savais que je ne jouerai pas sur le Tour en 2024. Et je n’ai aucun problème avec ça… »
Pas de qualifs à l’U.S. Open ni à The Open
Suivant cette logique, il n’a pas l’intention non plus de se présenter aux qualifications de l’U.S. Open (le 20 mai en Angleterre à Walton Heath) ni de The Open (24 juin puis 2 juillet). De fait, il ne s’acharnera pas à obtenir une éventuelle invitation, notamment pour le FedEx Open de France programmé au Golf National du 10 au 13 octobre.
« Les qualifs de The Open tombent la semaine du Vaudreuil (27-30 juin), prévient-il. Je ne peux pas ne pas être là le mardi au Vaudreuil. J’ai des pro-am à assurer avec mes sponsors. C’est un aller-retour qui va être fatiguant. Et puis bon, comme je ne joue pas sur le Tour, à part le prestige de jouer un Majeur, ça n’a aucun intérêt comptable pour moi. Quant à l’Open de France, on a au même moment des gros tournois en Chine (du 10 au 20 octobre). Que je sois bien ou un peu moins bien classé à la Road, j’irai de toute façon en Chine car ce sont des tournois (500 000 dollars de dotation chacun) à ne pas manquer. »
Cette année 2024 pourrait en tout cas être déterminante pour la suite de sa carrière. Il envisage ainsi de s’installer l’hiver prochain aux États-Unis et rejoindre ainsi en Floride son coach, Guillaume Biaugeaud. « Je suis parti un mois à Orlando cet hiver pour m’entraîner, explique-t-il. C’était super. On sait que le golf, c'est là-bas que ça se passe. Je pourrai vivre aux États-Unis l’hiver et entre les tournois et pendant la saison européenne, je resterai chez mes parents à Paris. »
En attendant, et pour mettre toutes les chances de son côté, il va enchaîner beaucoup de tournois dans les prochaines semaines et les prochains mois. « Je vais breaker deux tournois sur le Challenge Tour, le Kaskada Challenge (13-16 juin) et le Big Green Egg German Challenge (5-8 septembre), conclut le vainqueur de l'Open de Portugal at Royal Obidos le 18 septembre 2022. Je vais donc beaucoup jouer. Cela ne me fait pas peur. Et puis si je sens que je suis fatigué, ou que j’ai besoin de faire un break, je me retirerai au dernier moment. Je préfère partir sur le fait que j’en fais beaucoup et de breaker si je me sens fatigué plutôt qu’à la fin de l’année avoir des regrets de ne pas avoir assez joué… »