Membre du Challenge Tour, en possession d’une catégorie 18 sur le DP World Tour, Pierre Pineau veut faire de 2023 une année charnière dans sa jeune carrière professionnelle.
Pierre Pineau s’est envolé pour les Émirats arabes unis lundi soir afin de participer au tournoi de reprise du Challenge Tour, l’Abu Dhabi Challenge (300 000 dollars de dotation) programmé à partir de jeudi sur l’Abu Dhabi Golf Club, hôte entre 2006 et 2021 de l’Abu Dhabi HSBC Championship sur le Tour européen. Quand on lui demande d’effectuer un pré-bilan de son début de saison, notamment de ses dernières sorties, l’élève de Guillaume Biaugeaud n’est guère satisfait. « Je ne suis pas très content, lâche-t-il fermement. À l’exception de ma semaine au Kenya, sur le DP World Tour. Et d’un tour en Afrique du Sud… Là-bas, j’ai fait quatre mauvais tournois. J’ai toutefois réussi à jouer -9 (63) le dimanche au SDC Open. Cela m’a permis de finir 7e. Mais globalement, ce n’est pas terrible. »
Il n’a plus croisé les fers sur le Challenge Tour depuis un cut manqué à Bangalore (Inde) le 29 mars dernier. Après avoir accroché la semaine précédente, toujours à Bangalore, une 21e place au Duncan Taylor Black Bull Challenge. Quinze jours qui ne resteront clairement pas gravés dans sa mémoire… « J’ai eu des difficultés avec la nourriture, explique-t-il. Je n’ai pas mangé comme je le souhaitais pendant deux semaines. Je suis tombé une fois très malade lors d’une tournée en Afrique du Sud. J’avais mis deux mois pour m’en remettre. Depuis, je fais attention. En Inde, cinq joueurs se sont scratchés à cause de ça avant le premier tournoi. »
Malgré une belle 15e place le 12 mars au Magical Kenya Open, sa collaboration avec un nouveau caddie a tourné court. Elle s’est achevée au Médoc le 9 avril dernier à l’issue d’un Championnat de France professionnel MCA complètement « raté », selon l’intéressé, avec un cut manqué après 36 trous. « Là, je vais à Abu Dhabi sans caddie, précise-t-il. Je porterai mon sac ou je prendrai un chariot. J’aurai aussi avec moi un nouveau driver. J’ai eu pas mal de problèmes de driving au mois de janvier. Je l’ai changé mais je n’aurais pas dû. C’est ce qui m’a coûté la tournée en Afrique du Sud, d’ailleurs. Je perdais deux, trois coups par partie dans ce secteur de jeu. »
Son programme après le premier tournoi dans les Émirats demeure encore incertain au moment où nous écrivons ces lignes. Il reste ainsi en « attente » d’une très hypothétique invitation pour l’open d’Italie sur le Tour européen (4-7 mai) au Marco Simone Golf Club à Rome, où se disputera la prochaine Ryder Cup à la fin du mois de septembre. On le verra plus certainement la semaine suivante, toujours sur le DP World Tour, du côté d’Anvers (Belgique) pour le Soudal Open…
Comme on peut le constater, Pierre Pineau, en possession d’une catégorie 18 sur le Tour européen, navigue entre les deux divisions depuis le début de la saison. Ses résultats sont de toute évidence contrastés. D’un côté, six tournois joués sur le Challenge Tour et seulement deux cuts franchis. De l’autre, quatre tournois joués sur le DP World Tour et un joli sans-faute, avec en prime un top 10 (10e à l’Australian Open le 4 décembre 2022) et deux tops 15 (11e à Maurice le 18 décembre puis 15e au Kenya le 12 mars).
« Quand je joue sur le DP World Tour, je suis beaucoup plus motivé, avoue-t-il. Je sais que ce n’est pas bien de réagir comme ça, mais c’est la vérité. Cela devrait être la même chose sur le Challenge Tour. Il y a aussi cette frustration sur le DP World Tour où on m’annonce quasiment toutes les semaines que j’aurai une invitation et à l’arrivée, je ne vois rien venir. Parce que je ne suis pas encore assez connu. On préfère donner ces invitations à des garçons comme Bjerregaard, Laporta ou Paratore alors qu’ils n’ont pas mis un point sur le Tour. Moi, j’ai fait trois tops 15… Je me retrouve donc sur le Challenge Tour alors que je pourrais être au-dessus. Je me sens donc un peu lésé. »
« L’autre explication, c’est que sur le DP World Tour, les parcours sont plus durs, ajoute-t-il. Avec des greens fermes et des gros roughs alors que sur le Challenge Tour, ils sont assez faciles. Et moi, je m’y retrouve plus quand c’est difficile. À Maurice, en Australie, au Kenya, il y avait beaucoup de vent. J’aime ça. Je n’aime pas les parcours où ça gagne à -25 toutes les semaines, comme sur le Challenge Tour. »
Prendre des risques, repousser ses limites…
À bientôt 24 ans (le 5 août prochain), Pierre Pineau fait preuve d’un sacré tempérament. À la fin de l’année 2022, il n’avait pas hésité à partir seul en Australie, sur des parcours qu’il ne connaissait pas, affronter les meilleurs joueurs du champ, notamment les Australiens Cameron Smith, Marc Leishman et Min Woo Lee. Repousser ses limites, constamment, est un peu son leitmotiv, lui qui rêve un jour d’évoluer sur le PGA Tour. « J’aime les défis, découvrir des trucs nouveaux comme cela avait été le cas en Australie, confirme-t-il. Je savais que là-bas les parcours étaient durs, les greens hyper rapides… Guillaume (Biaugeaud) me prépare de la sorte à être bon sur les greens rapides et fermes, à être bon aussi au niveau stratégie… Je sais comment les jouer… Quand on va à Dallas avec Guillaume, on joue des parcours du PGA Tour. Je me sens mieux préparé à affronter ce genre de parcours que ceux du Challenge Tour. J’avais ce même problème sur l’Alps Tour. Je jouais bien mais le jeu était trop nivelé. Sur des parcours difficiles, l’écart entre la bonne partie et la partie moyenne va être très important alors que sur le Challenge Tour, quand tu joues bien, tu vas faire -5 et quand tu vas être un peu plus moyen, tu vas faire -3… »
Trente-neuvième de la Road to Mallorca avec 75,16 points, il pointe à la 129e place à la Race to Dubai avec 114,57 points. Courir deux lièvres à la fois avec le risque d’échouer sur les deux tableaux en fin d’exercice n’est-il pas trop dangereux ? « Deux jours après le Soudal Open, j’irai jouer les qualifs de l’U.S. Open (Ndlr, le 16 mai à Walton Heath, en Angleterre), annonce-t-il. Je pense qu’on fera un point avec mon équipe après ça. Si je décroche un ticket pour Los Angeles, je peux prendre de très gros points en faisant juste le cut. J’ai réussi à finir 29e de la Road sur le Challenge Tour 2022 en ne jouant que treize tournois. Si jamais ça ne se passe pas bien sur le DP World Tour, à partir du mois de juillet, je pourrai faire tous les tournois du Challenge Tour et marquer un maximum de points. À ce titre, le mois de mai va être important. Il est aussi possible que je rentre au Porsche European Open (1er-4 juin) qui est, comme le Soudal Open, une épreuve co-sanctionnée DP World Tour-Challenge Tour. »
« Et puis s’il le faut, je n’ai pas de souci à jouer dix, douze tournois de suite, enchaîne-t-il. Si je dois aller jouer sept tournois de suite sur le Challenge Tour car je n’aurais pas bien joué sur le Tour européen, je n’hésiterai pas. Cela ne me dérange pas. Physiquement, je ne ressens pas de gêne. En général, je ne fais pas beaucoup de tours de reconnaissance. Neuf trous de l’aller un jour et neuf trous de retour le lendemain… J’ai toujours du temps pour récupérer entre le lundi et le mercredi. Un peu plus encore si tu ne joues pas le pro-am du mercredi. Plus je joue, mieux je joue… »
Toujours est-il que cette saison 2023 constitue une étape importante dans sa jeune carrière professionnelle entamée en 2019 et déjà riche d’une victoire sur le Challenge Tour en septembre dernier au Portugal. Il en est conscient et veut mettre toutes les chances de son côté. Forcément ! « Mon agent (Matthias Coustans) est en discussion avec d’autres boîtes de management pour avoir plus d’invitations sur le Tour européen, conclut-il. Si j’en obtiens ne serait-ce que trois, ça peut changer la donne. Comme je l’ai dit, j’espère jouer au Soudal Open, au Porsche European Open, sur les deux tournois aux États-Unis au mois de juillet (Barbasol et Barracuda) et peut-être au KLM Open (25-28 mai). Bref, il y a plein de perspectives. »