Après la perte de ses droits de jeu sur le Tour européen et une sérieuse période de doute, Robin Roussel est reparti de l’avant. Avec un nouveau coach et de nouvelles ambitions.
C’est sur la Côte d’Azur, près de Cannes où il s’est installé, que Robin Roussel fourbit ses clubs. Avant le grand lancement de sa saison sur le Challenge Tour. Certes, il a déjà joué à trois reprises cette année ne passant pas le cut au Cap (Afrique du Sud) pour l’ouverture de l’exercice 2023 avant de finir au-delà de la 30e place sur les deux étapes indiennes de la fin du mois de mars. Mais c’est maintenant, dans les derniers jours d’avril que les choses vont vraiment devenir sérieuses.
Après des mois de doutes, résultante d’un droit de jeu perdu sur le Tour européen et d’une élimination après quatre tours aux PQ3 à Tarragone (Espagne) en novembre, le joueur d’Ozoir-la-Ferrière (77) retrouve enfin goût au golf. Même si cela n’a pas été simple…
« C’était en effet un peu difficile en fin de saison dernière, souffle-t-il. Cela a été dur à accepter. J’ai échoué pour pas grand-chose aux PQ3… J’avais l’impression d’avoir donné beaucoup pour finalement peu de résultat sur ces trois années de Tour européen. Du coup, j’ai fait une grosse pause. Je n’ai pas joué au golf entre novembre et la mi-janvier. Je n’ai plus touché un club durant cette période. Pour être totalement franc, j’étais un petit peu dégouté par le golf. Beaucoup même. J’ai même pensé à faire autre chose. J’y ai pensé, oui… »
« On sacrifie beaucoup de choses, enchaîne-t-il. J’ai mis de côté pas mal d’aspects de ma vie et au final, ça donne ça… Même si j’ai eu la chance de jouer trois ans sur le Tour européen, en vivant des semaines incroyables dans des endroits fantastiques, en ayant des opportunités énormes… J’ai beaucoup travaillé, j’ai passé très peu de temps avec les personnes que j’aime… Ce que je faisais ne m’apportait pas assez de bien-être et de bonheur au quotidien par rapport aux efforts fournis. C’est ce que j’ai ressenti au mois de novembre après les PQ3. Jusque-là, on a toujours un petit espoir de bien jouer et d’accrocher un droit de jeu sur l’année d’après. Mais une fois que c’est fini, on doit affronter la réalité. C’était ma dernière chance et on repart sur le Challenge Tour. Voilà tout ce qui m’est passé par la tête. C’est pour cela aussi que j’ai pris du temps pour bien me poser, prendre du recul sur plein de choses… »
Avant de repartir à l’attaque à la fin du mois de janvier en renouant notamment une collaboration avec Benoit Ducoulombier, alias Le Druide. Après deux saisons avec le Sud-Africain Jamie Gough.
« Je jouais plutôt bien, je faisais de bonnes semaines mais c’était assez irrégulier, analyse Robin Roussel. J’ai pris deux gros mois pour faire le point, savoir ce que je voulais faire, jouer ou pas au golf, avec qui m’entraîner, etc. J’ai donc recommencé à travailler avec Benoit. On a remis les choses à plat. Au clair. Je pense que je suis reparti sur des bonnes bases, saines. »
« On s’est donné deux ans pour retrouver l’élite, ajoute-t-il. Si ça revient cette année, tant mieux. On se voit Benoit et moi deux à trois fois par semaine au minimum du côté de St Donat. Il travaille d’une façon différente de celle de Jamie. Mais je le connais aussi pas mal puisque je bossais avec lui à mon passage chez les pros (Ndlr, en 2016). Il m’a fait monter de l’Alps Tour jusqu’au Tour européen. Il me connait donc très bien. Je lui fais 100 % confiance. Je ne pars pas dans l’inconnu même si les choses ont évolué depuis trois-quatre années. Il n’y a donc pas le feu au lac. Je ne me mets pas trop de pression non plus. Là, j’ai juste envie de reprendre goût au golf… »
Le bilan de sa dernière saison sur le DP World Tour n’est forcément pas bon. 26 tournois joués, 10 cuts franchis seulement pour une 183e place finale à la Race avec comme résultat référence une 27e place au Barbasol Championship, au mois de juillet. Un tournoi co-sanctionné avec le PGA Tour. L’un de ses plus beaux souvenirs de golfeur professionnel.
« Oui, le bilan est plus négatif que positif, admet-il avec lucidité. Je n’ai pas réussi à tirer mon épingle du jeu sur mes trois années sur le Tour. Après, cela m’a conforté sur l’idée que c’est ce que j’ai envie de faire. Même si ces trois années ne se sont pas passées comme j’aurais voulu, on fait un métier de fou. On va dans des endroits exceptionnels. Et quand ça se passe bien, c’est simplement extraordinaire. Même si c’est une semaine de temps en temps, au final, ça vaut le coup. L’adrénaline de la compétition est complètement folle. Les deux premières années, c’était encore pendant le Covid, il n’y avait pas trop de spectateurs sur les tournois mais la dernière année, j’ai pu jouer dans des ambiances incroyables. L’Irish Open, aux Etats-Unis… On ressent le sport à fond. Ce sont ces émotions que j’ai encore envie de vivre. »
Impossible de manquer Pléneuf et le Vaudreuil
Robin Roussel prévoit d’aller jouer les deux nouvelles étapes dans les Emirats arabes unis (à Abu Dhabi) programmées du 27 avril au 7 mai. Il enchaînera avec les Pays-Bas (18-21 mai), le Danemark (25-28 mai) et la République tchèque (1er-4 juin) avant d’effectuer une première pause d’une semaine.
« J’ai du retard dans le ranking, comme je n’ai pas joué en Afrique du Sud trois des quatre tournois au calendrier, poursuit-il. Normalement, je devrai faire trois semaines de tournois une semaine off, trois semaines, une semaine off… Et puis je serai évidemment à Pleneuf puis au Vaudreuil (22 juin-2 juillet). Je ne veux pas manquer ces dates en France… »
Cette saison 2023 sur le Challenge Tour se fera néanmoins sans partenaires et autres sponsors. Il les a perdus au moment d’être privé de ses droits de jeu. Cruel. Mais c’est aussi, souvent, la règle du jeu. Robin Roussel en est conscient.
« J’ai encore Lacoste et Taylor Made qui m’aident, souligne-t-il. C’est comme ça, c’est le jeu. Quand ça va bien, il y a des gens qui vous aident et quand ça va moins bien, c’est plus compliqué. C’est le sport. Quand on joue moins bien, il y a un peu de tout qui va moins bien mais j’ai la chance d’être bien entouré. J’ai un staff au top. Ma famille est super présente aussi. Non, j’ai beaucoup de chances. »
« Cette saison 2023, je la prends sans trop de pression, conclut-il. Je pars de loin dans le sens où j’ai remis tout à plat techniquement avec Benoit. Je refais des choses que je ne faisais plus depuis quelques années. Mais je sais que je peux gagner n’importe quel tournoi. Je sais que les semaines, lorsque je tape bien, quand je sens que j’ai confiance en ce que je fais, je n’ai aucune limite. J’ai prouvé que je pouvais jouer bas et rendre des gros scores, sur n’importe quel tournoi (Ndlr, comme son 64 inaugural au Barbasol). Quand je swing bien et quand je comprends mon système, quand je sais ce que je fais, je peux aller très bas, très vite. Là, dernièrement, sur les quelques tournois du Challenge Tour 2023, je me suis un peu rassuré. Je sais que je peux battre n’importe qui. »