Arrivé tout droit de l’Alps Tour cette saison, Tom Vaillant valide déjà son billet sur le DP World Tour en prenant la deuxième place de la finale du Challenge Tour. À 21 ans, l’avenir s’annonce brillant pour l’élève de Jean-François Lucquin.
La nuit a été courte pour le champion de France professionnel 2023. Arrivé à Barcelone à minuit en provenance de Majorque, il s’est envolé vers Nice ce matin à 7h00. « Cela n’a pas été la plus grande nuit de l’histoire, mais ce n’est pas très grave », souffle le Cannois, très fier du travail accompli.
Avez-vous enfin pris la mesure de votre incroyable performance réalisée ce dimanche 5 novembre à Majorque ?
Pour être franc, je ne pensais pas forcément à ça. Je pensais surtout faire un bon tournoi. Je savais que je jouais bien. J’avais déjà joué la gagne cette année sur le Challenge Tour, en finissant 2e, 3e, en jouant en dernière partie... Mais l’accession sur le Tour européen, je n’y avais pas du tout pensé.
À quel moment avez-vous senti que cet exploit était réalisable ?
Faire 2e n’est pas pour moi un exploit proprement dit. J’étais venu à Majorque pour gagner le tournoi. Je savais que mon niveau de jeu le permettait largement. Cette montée est plutôt la conséquence de toute une année où j’ai bien joué sur les plus gros tournois. Donc, c’est cool… Mais je n’ai aucune idée dans quoi je m’embarque. C’est dur de se dire que je viens de réaliser un rêve d’enfant, celui d'évoluer sur le Tour européen.
Quel parcours effectué en seulement une année, vous qui veniez de l’Alps Tour…
C’est vrai que c’est allé vite. Après, tout au long de ma carrière amateur ou encore cette année, il y a plein de gens qui m’ont dit : « Quand tu as le niveau, tu montes ! » Cela prouve que j’ai le niveau (rires). Maintenant, c’est le début de ma carrière sur le Tour. J’ai tout à prouver. Je ne suis pas du tout au bout de mes objectifs. Il faut continuer à travailler, faire exactement la même chose et voir où tout cela me mènera.
Aviez-vous envisagé un tel scénario en début de saison pour votre première saison sur le Challenge Tour ou tout cela est-il venu petit à petit ?
J’ai coché des étapes tout au long de la saison. D’abord apprendre à jouer sur quatre tours, valider ensuite ma carte sur le Challenge Tour, être à la finale de la Road… J’avais fait de bonnes semaines ces derniers temps avec un top 20 à Pont Royal (Hopps Open de Provence), un top 10 en Chine (Hainan Open)… Je jouais bien. J’étais juste à l’affut, en dehors du top 20. Je savais qu’une bonne semaine allait me permettre d’y parvenir. J’étais donc concentré sur ça.
Que vous a soufflé Jean-François Lucquin, votre coach, lors du debriefing de cette finale à Majorque ?
Le jeu de golf, dans les conditions dans lesquelles nous avons joué ces quatre tours, c’est anecdotique (Ndlr, des rafales ont été mesurées à 80 km/h, obligeant les organisateurs à stopper le jeu). Il m’a surtout parlé de l’attitude. Du fait d’être revenu après ces neuf premiers trous difficiles ce dimanche. C’est ça qui l’a le plus marqué. M’être accroché autant et avoir trouvé les ressources nécessaires pour inverser les choses dans mon sens. C’est ce que je retiens aussi. Cette capacité en marchant vers le trou n°10 et de me dire qu’il fallait que je trouve un moyen de retourner la partie en ma faveur. C’est ce que j’ai réussi à faire !
C’est ce qui fait justement la force de votre jeu ?
Oui. Le fait de m’accrocher, d’essayer de développer une attitude qui me permet de hausser mon niveau... Notamment dans la manière de gérer mes parties. Hier (dimanche), c’était très bizarre car je n’ai pas très bien putté sur les neuf premiers trous. J’ai concédé beaucoup de bogeys, ce qui n’est pas dans mes habitudes. Je suis assez fort pour gérer les phases dures, les phases faciles et faire à l’arrivée très peu d’erreurs. Je pense que c’est mon principal atout.
Tom Vaillant
Et un point faible, s’il en existe un ?
Non, je ne pense pas avoir de défaut. Je pense avoir des choses à améliorer, pour atteindre mes objectifs en fin de carrière. Tout doit s’élever au plus haut niveau. Surtout si je veux côtoyer les meilleurs. Cela viendra avec le temps. Je suis au tout début de ma carrière, il me faut donc apprendre de tout cet environnement.
Vous évoquez les objectifs à atteindre. Quels sont-ils ?
En fait, je ne me fixe pas de limite. J’ai toujours dit que je voulais marquer l’histoire de mon sport. Inscrire son nom dans des endroits, sur des tournois, c’est important. Je l’ai fait sur l’Alps Tour l’an passé en gagnant deux fois. Cette année, je le fais sur le Challenge Tour en montant dès ma première saison. Laisser son empreinte au fur et à mesure, c’est le plus important.
Vous avez joué deux fois sur le Tour européen, plus précisément à l’Open de France 2022 puis au Kenya cette année. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué par rapport à votre quotidien sur le Challenge Tour en 2023 ?
Rien ne m’a rien forcément choqué. Peu importe le tournoi que je joue, je fais tout le temps la même chose. Je n’ai pas été surpris par quoi ce soit, mis à part l’organisation, le fait que tout est parfait quand on arrive sur place. Tout est cool. Les conditions de parcours sont excellentes. Et puis il y a les joueurs que l’on croise… Cette année, ça m’a fait déjà un peu bizarre de me retrouver avec des Matteo Manassero, des Alvaro Quiros, des Andrea Pavan… Des garçons que je regardais à la télévision. Et là maintenant, je vais me retrouver sur le Tour où ce ne sera pas juste cinq ou six mecs avec qui j’ai grandi mais tout le champ…
Quel va être votre programme dans les prochaines semaines sachant que la saison 2023-24 du Tour européen débute dès le 23 novembre ?
Pour le moment, je n’ai aucune idée de ce que je vais faire. Je vais déjà un peu me reposer. Ce qui a été nouveau cette année, c’est le rythme. Et ce sera encore plus important sur le Tour. Quand on est amateur, dans les équipes de France, on ne joue pas autant sur une courte période condensée comme ça. Là, c’était très dur de jouer autant, de se déplacer autant. Sur des plus longs voyages. J’ai donc besoin de récupérer, de me remettre physiquement d’aplomb car j’ai envie de partir en pleine forme sur la saison qui arrive. Je veux prendre mon temps, je ne vais pas me presser. Ce n’est pas un sprint. J’ai toujours eu, lorsque j’étais amateur, deux-trois mois d’attente durant la phase hivernale. Là, je ne vais pas attendre autant mais il est clair que je vais avoir besoin d’un peu de temps.
Avez-vous envisagé de changer certains points sur votre organisation, au sein de votre staff ?
Absolument pas ! Je fais la même chose depuis plusieurs années, et ça fonctionne. Il n’y a donc aucune raison de changer. Il va juste falloir, avec l’expérience, tout faire de mieux en mieux pour continuer à progresser.