Après une année qu’il a jugée frustrante mais positive, Ugo Coussaud prépare sa sixième saison sur le Challenge Tour, déterminé à ce que celle-ci soit la dernière.
C’est sur la route, en direction de l’aéroport de Bordeaux, qu'Ugo Coussaud décroche le téléphone. Ce mardi, il officialisait sa rentrée professionnelle au Maroc pour vingt jours d’entraînement en compagnie de son coach, Olivier Léglise, et des autres ouailles de ce dernier. À Samanah, le natif d’Angoulême retrouve un rituel de préparation hivernale qu’il n’avait plus suivi depuis 2020, faute de pandémie de Covid-19. De quoi mettre fin à trois semaines de disette sportive pour préparer au mieux ses objectifs de saison.
Après plusieurs parties de padel, quelques randonnées, une 30e bougie soufflée et un programme de musculation appliqué - pour le travail mais aussi parce qu’il aime ça - le joueur repart « sur de bonnes bases ». Et sur une base nouvelle, en ce qui concerne le swing. Finie la signature Coussaud qui l’avait rendu unique. Cette petite pause au démarrage du backswing apparue deux ans plus tôt pour soigner la montée de la canne est devenue trop encombrante pour les méninges et source de tension pour les muscles. À la place, un backswing plus classique et plus instinctif, bien que tortueux à retrouver. « Plutôt que de me dire "ne t’arrête pas" qui est un ordre que le cerveau a du mal à comprendre, je me donne un certain élan physique en mettant du poids sur mon pied gauche. J’essaie aussi de penser à la trajectoire que je veux donner à ma balle : j’imagine un fade, une balle basse, un draw et ça me permet de ne plus penser à m’arrêter. Bienvenue dans les méandres de mon cerveau ! »
Pas loin de l’élite
Ce sont dans ces mêmes méandres que la montée sur le DP World Tour s’est jouée pour lui en fin de saison. « C’est frustrant », résume-t-il, avant de replonger dans la genèse de ce sentiment. Il y a d’abord eu ce play-off en République tchèque qui a préféré sourire à son adversaire d’alors, Nicolai Kristensen. À défaut d’y gagner le tournoi, il profite de l’élan de confiance pour confirmer la tendance à l’Open de Bretagne où une 6e place le conforte dans le top 20 qualificatif pour le circuit européen. Derrière cette lancée, il ne manque que trois cuts sur les 15 tournois qui mènent à la fin de saison, là encore avec une nouvelle opportunité de victoire en Angleterre. L’élite se concrétise alors et pourtant, 22 000 points manqueront à la fin des comptes. « Ça laisse un goût d’inachevé, lâche-t-il. Parce que j’ai eu du mal à me libérer. Quand j’étais dans les points du top 20 à mi-saison, je me suis projeté sur le Tour. Je pensais à ce que je devais faire pour l’atteindre et ça a provoqué l’effet inverse. Alors certes, j’ai passé un paquet de cuts mais les résultats n’étaient pas optimaux. Je me suis un peu mangé le cerveau en fait. »
Pour autant, il observe les douze derniers mois avec un bon prisme. Malgré une 35e place finale, il estime cette saison meilleure que celle de 2021 conclue au 26 rang de la Road to Mallorca. « Je me suis retrouvé plus souvent en position de jouer la gagne alors que j’ai eu le sentiment de ne pas forcément super bien taper », se justifie-t-il. Là est d’ailleurs toute la difficulté du deuxième échelon européen où la moindre absence en tournoi coûte cher : « Si tu ne fais pas régulièrement top 5, tu n’avances à rien. » Alors il faut jouer, beaucoup. Tout en surveillant ce que cela implique pour le corps. « Je sais que sur les tournois où il fait chaud, où la nourriture servie n’est pas forcément idéale et où je n’ai pas toujours le temps de faire mes séances de sport, je peux perdre jusqu’à deux kilos à la fin de la semaine. Et ce qui crame le plus vite, c’est le muscle, donc pour la performance c’est létal. »
Avec cinq années d’expérience, il sait désormais comment contourner cette éventualité. Couper après trois semaines de tournoi consécutives et rentrer chez lui dès que possible. Toujours en revenant avec l’envie « d’enlever le plus de tournois possibles », toujours avec l’envie de monter. « Mais plus que la montée, c’est la gagne l’objectif. Ça va faire longtemps que je suis sur le Challenge Tour, j’ai frôlé deux fois la victoire et gagner, ça me manque. C’est aussi gage de solidité et que je serai davantage prêt pour l’échelon supérieur. » Quitte à obtenir la victoire sans monter sur la première division européenne ? La question le fait rire : « Je ne me vois pas faire une victoire et ne pas monter. Je ne le veux pas. Parce que ça voudrait dire que le reste du temps j’aurais fait des résultats passables alors que je suis de plus en plus régulier et que tout s’améliore. En tout cas j’espère que l’on n’aura pas à débriefer de ce scénario-là l’an prochain ! »