Leader incontesté de la Road to Mallorca, Ugo Coussaud est au départ cette semaine du Soudal Open, sur le DP World Tour. Occasion toute trouvée de faire un point avec son entraîneur, Olivier Léglise.
Ugo Coussaud domine quasiment sans partage le début de saison 2023 sur le Challenge Tour. En huit départs, l’Angoumoisin n’a pas manqué une seule fois le cut. Victorieux le 31 mars – son premier succès à ce niveau – il a également pris deux fois la deuxième place (au Cap début février et à Abu Dhabi le week-end passé) et terminé sixième au Dimension Data Pro-Am le 12 février. Outre deux tops 15 et un top 20, son plus mauvais résultat est une 21e place obtenue le 26 mars au Duncan Taylor Black Bull Challenge, à Bangalore (Inde).
En tête de la Road to Mallorca avec 909,1 points, il possède déjà 462,3 points d’avance sur son dauphin, le Sud-Africain JJ Senekal. Bref, à moins d’une catastrophe, on ne voit vraiment pas comment le Français, 31 ans le 9 octobre prochain, pourrait laisser échapper un droit de jeu sur le DP World Tour en 2024, lui qui vise clairement la première place à l’issue de la grande finale le 5 novembre prochain aux Baléares.
Une chose est sûre, cette entame fracassante est tout sauf une surprise pour Olivier Léglise, son coach depuis six ans maintenant. « C’est la concrétisation d’un travail effectué depuis deux, trois ans, explique l’ancien entraîneur fédéral installé à Arcangues (64). Durant les premières années, Ugo et moi, on était un peu seuls. Les résultats tardaient à venir. Il manquait toujours quelque chose afin qu’il puisse réussir à monter sur le Tour européen. Une fois, c’était le petit jeu qui coinçait, une autre fois c’était le mental, quand ce n’était pas la stratégie ou la préparation physique… Ugo a donc décidé de mieux organiser sa structure autour de lui. Il en a ressenti le besoin. » Il s’est ainsi offert la collaboration d’un préparateur physique, Robert Froissard, d’un coach performance, attaché à la stratégie, les statistiques et le petit jeu, à savoir Robin Cocq, et d’un préparateur mental, Mathieu David.
« Sans oublier Adrien Leurent, ajoute Olivier Léglise. C’est un élément important de son staff. Il a monté un pool d’intervenants avec Robin Cocq et Mathieu David. Adri, comme on le surnomme, est l’ancien caddie de Ugo. Il a identifié qu’il manquait une certaine structure autour de lui. Il a par conséquent proposé à Ugo d’élargir son cadre. Son arrivée au sein de la Team St Laurent en 2023 dirigée par Maxime Demory a été aussi une étape importante. Ils font en sorte qu’Ugo ait tout ce dont il a besoin pour pouvoir gérer son planning, organiser son temps de travail mais aussi ses stages d’avant-saison, ses voyages. Quant à moi, je suis un peu son coach référence. »
Les deux hommes se voient tous les mois et demi du côté d’Arcangues, au Pays basque. Une fréquence qui correspond à trois tournois joués plus une semaine de repos. Le duo converse beaucoup par téléphone, débriefe, échange sans cesse. « J’ai une vision plus générale sur l’organisation de sa carrière, confirme Léglise. Je suis aussi celui qui le connaît le mieux. En fait, il fait appel à moi quand il est dans une période de doute. Comme depuis un an, il est sur une pente ascendante, il n’a plus tellement besoin de moi aussi souvent qu’avant. Je le fais beaucoup moins travailler car Ugo devient de plus en plus autonome. Il a besoin d’un travail plus spécifique avec Robin Cocq, qui est plus souvent avec lui… »
Surfant sur cette belle vague, Ugo Coussaud est aligné à partir de jeudi au Soudal Open, dans la banlieue d’Anvers (Belgique). Un tournoi du DP World Tour co-sanctionné en termes de points avec le Challenge Tour. Un rendez-vous important pour le trentenaire dont l’objectif est de tenter de se frotter un peu plus souvent à l’élite en 2023, afin de mieux préparer son passage en fin d’année en compagnie de son nouveau caddie, Léo Lespinasse. Une collaboration toute récente lancée dans les derniers jours d’avril à l’Abu Dhabi Challenge.
« Quand tu es n° 1 du Challenge Tour, tu peux avoir plus facilement des invitations pour jouer au-dessus, souffle Olivier Léglise. C’est un avantage. C’est aussi comme ça que ça fonctionne. Il a une vraie crédibilité aujourd’hui… En anticipant cette montée, il faut qu’il ait un caddie avec lui dès cette année pour qu’il le suive à l’étage supérieur. C’est une condition que j’ai toujours considérée comme très importante. Afin qu’il n’y ait pas de gros changements. Et sur ce point, Léo Lespinasse, qui est son copain, a toutes les qualités pour être cette personne. Ils s’entendent très bien tous les deux. Léo connait le golf par cœur. »
Alors que l’horizon semble clairement dégagé même si la saison sur le Challenge Tour est loin d’être achevée, Ugo Coussaud est-il encore perfectible, lui dont l’éclosion a mis clairement plus de temps à s’opérer que la majorité de ses congénères ? Une fois de plus, Olivier Léglise reste serein. Et rassure… « Ugo effectue un travail remarquable en ce moment, avance-t-il. Il faut qu’il continue à faire ce qu’il fait sans se projeter dans l’avenir. Il est dans le présent aujourd’hui, et ça c’est une force. Se projeter, c’est pour moi avoir des pensées toxiques. "Continue à faire les choses très bien, et ne t’occupe pas du reste", pourrais-je lui conseiller. Rien ne presse. Quand on se projette, on est dans l’attente du résultat, on se met la pression, on sur-joue un peu et on perd le fil… Mais ça n’arrivera pas avec Ugo. Il ne va pas s’exciter. Il est intelligent, a la tête sur les épaules… Il est très mature ! »
Avant de poursuivre plus en détails sur les qualités de jeu de son poulain : « Pour évoluer sur le Tour européen, il faut un très bon driving, prévient Olivier Léglise. La différence avec le Challenge Tour, elle se situe ici. Sur le DP World Tour, les parcours sont vraiment préparés pour le très haut niveau. Ils sont longs et difficiles, avec des roughs hauts et des fairways étroits. Il faut donc un driving très solide. En termes de précision, de régularité mais aussi en termes de puissance. Sur le Challenge Tour, on peut jouer des bois 3 car les parcours sont moins exigeants. Ugo est donc déjà armé. »
« Son jeu de fers est formidable, poursuit-il en guise de conclusion. Il a des capacités à faire des balles très hautes, très basses aussi… Sur des greens durs et rapides comme c’est le cas sur le DP World Tour, où il faut porter la balle plus que sur le Challenge Tour, ça aussi il est bien. Il a le long jeu qu’il faut. Et le putting ? il l’a énormément amélioré. Il s’est mis à la méthode AimPoint. Depuis un an et demi… Certes, ce n’est pas mon savoir-faire. C’est pour cela qu’il a pris Robin Cocq et il a fait de gros progrès. Il apprend à lire les greens avec ses pieds, il apprend à structurer ses visées et ses courbes avec cette méthode AimPoint. Cela lui fait beaucoup de bien… »