En ce début de saison, le Bastiais peut avoir le sourire : affûté à tous les niveaux et notamment technique, victorieux dimanche dernier de l'Omnium de la Riviera, il s'apprête à devenir papa. Autant de raisons qui lui permettent d'aspirer à de grandes choses en 2024.

Jérôme Lando-Casanova participe cette semaine au Championnat de France professionnel MCA. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

« Je me suis toujours dit que le jour où j'aurais du mal à me lever le matin pour aller au golf, où j'aurais l'impression de stagner ou de régresser, j'arrêterais. Mais ce n'est pas le cas : je me lève très content d'aller m'entraîner, j'ai vraiment l'impression d'être meilleur dans tous les compartiments et d'avoir encore ma place, et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas y arriver. Même si - c'est vrai - je vais avoir un peu plus de mal à me lever le matin ces prochains temps ! » Rencontré ce mercredi au Golf du Médoc où il s'apprête à participer au Championnat de France professionnel MCA, Jérôme Lando-Casanova affiche un sourire encore plus large et communicatif qu'à son habitude.

Parce qu'il vient de remporter pour la troisième fois de sa carrière l'Omnium de la Riviera, dimanche dernier à Valescure, certes. Mais surtout parce qu'il s'apprête à devenir papa d'une petite fille, attendue avec impatience aux tout premiers jours du mois de mai. « J'ai hâte ! Neuf mois de grossesse, c'est long, et on en parle tellement qu'à la fin on n'a qu'une seule envie, c'est que ce bébé naisse et qu'on le rencontre enfin », lâche-t-il. « Et même si je n'aurais pas beaucoup de sommeil ces prochains mois, ça fait partie du jeu. Je ne suis quand même pas le premier golfeur à devenir papa, donc il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas pour moi. »

Une victoire qui valide le travail

Mais l'heureuse nouvelle familiale en perspective n'est pas la seule pour le Bastiais en ce début d'année. Dimanche dernier, il a donc renoué avec le succès en s'adjugeant son troisième Omnium de la Riviera, après 2013 et 2016. « Gagner, ce n'est jamais évident, quel que soit le circuit ou le tournoi. Et réussir à m'imposer, huit ans après, ça montre que je suis toujours là, et ça donne beaucoup de confiance », admet-il.

Dans un tournoi rassemblant quelques grands noms du golf français actuel et une meute de jeunes loups aux dents longues, Jérôme Lando-Casanova s'est taillé la part du lion, prenant la tête dès le premier tour pour ne plus jamais la lâcher, malgré le beau combat livré par Jean Bekirian lors du dernier tour. « J'ai bien aimé le fait d'avoir été en tête dès le début et d'avoir tenu jusqu'au bout. Je n'ai pas gagné en faisant -7 le dernier jour et en profitant de l'effondrement d'un mec. Ça a été solide du début à la fin, et le déroulement de la semaine été intéressant mentalement, en termes de gestion des émotions », poursuit-il.

La victoire, à ses yeux, a une vertu supplémentaire : « Ça donne du crédit au travail qu'on a fait pendant l'hiver », explique-t-il en référence à sa collaboration technique avec Franck Lorenzo Vera, son coach depuis près de cinq ans. Le terme de labeur conviendrait sans doute mieux pour évoquer le chantier entrepris par les deux hommes début 2022, alors que Jérôme sortait d'une saison accomplie sur le Challenge Tour, bouclée au 44e rang de la Road to Mallorca. « Je n'étais pas satisfait de mon jeu, du moins dans certaines situations, dans certains types d'herbe, où je n'étais pas efficace. La solution de Franck a été de "péter" mon grip pour que la face de club se présente différemment. On est partis là-dessus, mais ce changement nous a pris quasiment un an, au lieu des quatre ou cinq mois qu'on avait prévus. »

14 slices par partie

Comme tout chantier, celui-ci a donc traîné en longueur et testé la patience du commanditaire. « J'ai vite eu des effets bénéfiques énormes sur mon jeu de fers, mais j'ai eu beaucoup de mal à l'acquérir sur les bois, et ça m'a vraiment pénalisé du tee en 2022 », raconte-t-il. « Je gérais très mal les effets, et en étant souvent hors de position depuis le départ j'ai galéré à faire des birdies. C'est quand même fou de voir qu'une question de centimètres dans le placement des mains peut entraîner une différence aussi énorme dans les résultats ! Et c'est très dur d'aller en tournoi en ne faisant que des slices, chose que tu ne faisais pas avant, et que ton coach te dise qu'on s'en fout, et que si tu dois faire 14 slices par partie pendant des semaines, c'est le prix à payer car sinon le changement ne se fera jamais... »

Malgré le retard, le travail a pourtant fini par porter ses fruits, comme en témoigne la victoire à Valescure, mais aussi une année 2023 conclue au 105e rang de la Road to Mallorca en seulement treize tournois joués. « N'ayant pas fait de bons résultats en 2022 du fait de ce changement de grip, je suis arrivé début 2023 avec une mauvaise catégorie, et j'ai fait ce que j'ai pu. Et c'est pour ça que je suis satisfait de l'an dernier, car en finissant à cette place j'ai une meilleure catégorie en 2024, qui va me permettre de jouer une vingtaine de tournois. Aujourd'hui tout est bien calé, niveau technique tout est en place dans tous les secteurs, et je vais pouvoir me focaliser un peu plus sur les résultats », explique Jérôme Lando-Casanova.

 

Remonter sur le Tour

Le meilleur reste-t-il à venir pour celui qui fêtera ses 38 ans à la fin du mois de juin ? « Si je n'y croyais pas au plus profond de moi, je ne ferais plus ce métier », assure le joueur qui a goûté aux fastes du circuit européen le temps d'une saison, en 2015. « Même si ça fait huit ans déjà, je n'ai pas vraiment vu le temps passer. J'ai commencé le golf tard puisque j'ai tapé ma première balle à 19 ans. Je suis arrivé très jeune sur le Tour, après trois ans de professionnalisme seulement. Donc c'est allé vachement vite, et en arrivant je n'étais pas prêt pour garder la carte. Il m'a donc fallu quelques années pour apprendre le métier, me structurer, étoffer mon jeu, mieux me connaître... Puis le Covid a gâché deux bonnes années, et après la saison 2021 où j'étais très bien revenu, j'ai fait ce changement technique qui m'a pris du temps. Au final, je n'ai pas l'impression d'avoir mal joué depuis que je suis redescendu du Tour, et c'est pour ça que j'y crois à fond. Je ne me suis jamais démotivé, et si j'ai eu des passages difficiles, comme tout le monde, je les ai surmontés. »

Avant de retrouver l'ordinaire du Challenge Tour, soit aux Émirats arabes unis la dernière quinzaine d'avril, soit au retour du circuit en Europe au mois de mai, en fonction de la naissance de sa fille, Jérôme Lando-Casanova n'a presque plus rien à faire pour parachever sa préparation. À part faire le plein de confiance par ses performances cette semaine au Championnat de France professionnel MCA et la prochaine à l'Open PGA France de Mont-de-Marsan, et emmagasiner... un maximum de sommeil !