Après trois saisons passées sur le Challenge Tour, Pierre Pineau réalise un rêve d’enfant : celui d’évoluer sur le DP World Tour. Insatiable en termes de jeu, le golfeur du Vaudreuil entame dès cette semaine sa saison en Australie, un pays qu’il affectionne. 

Pierre Pineau se présente pour la troisième fois en trois ans au départ de l'Australian PGA Championship. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

Un peu plus de deux semaines après avoir rempli son contrat lors de la finale de la Road to Mallorca, à savoir finir dans le top 22 du Challenge Tour et ainsi atteindre le but qu’il s’était fixé en début d’année, Pierre Pineau, 25 ans depuis le 6 août, est déjà d’attaque sur le DP World Tour. Il est en effet aligné à partir de jeudi à Brisbane sur le premier événement de la saison 2024-25, co-sanctionné avec le PGA Tour of Australasia : le BMW Australian PGA Championship (1,23 million d’euros de dotation). 

Un tournoi qui est loin d’être une inconnue pour le golfeur suivi par Altus Performance : c’est en effet la troisième fois qu’il en prend le départ. En 2022, il avait terminé à la 48e place avant de manquer le cut l’année suivante (Ndlr, il a à son actif dix départs sur le DP World Tour entre 2022 et 2023, dont une 50e place à l’Open de France 2022). Arrivé en Australie ce lundi à 8 heures du matin (23 h dimanche en France), le Français, qui avoue ne pas trop souffrir du décalage horaire, adore jouer dans ces contrées lointaines. « C’est un pays que j’aime beaucoup, souligne-t-il à l’autre bout du téléphone. Même si c’est loin, le fait que l’on joue deux tournois en deux semaines, ça en vaut la peine (Ndlr, l’ISPS Handa Australian Open est programmé du 28 novembre au 1er décembre, à Melbourne). Ce sont des parcours qui sont exigeants. J’aime bien quand ils sont durs, avec des greens qui roulent vite, qui sont fermes. Il faut réfléchir stratégiquement. Ce n’est pas la course au birdie… »
 

Quatre des cinq premiers tournois de la saison au programme

L’autre explication de cette présence précoce aux antipodes est d’ordre un peu plus pratique. N’entrant pas dans le champ du très richement doté Nedbank Golf Challenge (6 millions de dollars) prévu du 5 au 8 décembre chez Gary Player, à Sun City (Afrique du Sud), Pierre Pineau s’est inscrit sur les deux tournois australiens afin de ne pas avoir à gérer cinq semaines de repos sans compétition… « C’est un laps de temps trop important pour moi, confirme-t-il. J’aime bien enchaîner, effectuer des breaks de deux semaines au maximum. Je serai donc également à Leopard Creek (Alfred Dunhill Championship, du 12 au 15 décembre) et à l'île Maurice ensuite (AfrAsia Bank Mauritius Open, du 19 au 22 décembre). Leopard Creek, c’est un endroit que j’adore. J’y avais joué en amateur mais je n’y suis pas retourné depuis mon passage chez les pros. Et Maurice, c’est le parcours (Mont Choisy) où j’avais bien joué il y a deux ans (Ndlr, 11e place). C’est un bel endroit pour finir l’année… »
 

L’exercice 2024 sur le Challenge Tour a été couronné de succès pour le golfeur du Vaudreuil (27). Outre la carte du DP World Tour en poche, ses performances tout au long de l’année ont été très solides : 28 tournois joués, 24 cuts franchis, 8 top 10. Seul petit bémol, cette victoire qui s’est refusée à lui. « C’était un rêve d’évoluer un jour sur le Tour européen, commente-t-il. Je suis content de cette saison qui vient de s’écouler, mais il y a comme un petit goût d’inachevé parce que je n’ai pas gagné. Je n’ai pas concrétisé malgré le fait que j’ai beaucoup joué. C’est une bonne saison, mais ce n’est pas la meilleure. En termes d’émotions, j’ai préféré celle où j’avais gagné et où j’avais fini 2e (en 2022). Les émotions étaient plus fortes. Mais le jeu était meilleur cette année. »

Conserver la carte et participer à la finale de la Race

Alors qu’il jouera ses deux premiers tours du BMW Australian PGA Championship en compagnie de l’Australien Andrew Martin et du Néo-Zélandais Nick Voke, Pierre Pineau annonce ses objectifs. Évidemment, conserver La carte est à l’ordre du jour. Mais pas seulement. Il voit plus loin… « Déjà, on va essayer de prendre un maximum de plaisir dans ces tournois que je rêvais de jouer depuis tout petit, prévient-il. Être aussi le plus régulier possible, comme cela a été le cas cette année (sur le Challenge Tour), me mettre en position régulièrement (pour la victoire), mais aussi conserver la carte et participer à la finale de la Race, donc finir dans le top 50 du DP World Tour. C’est un joli challenge que je me lance, d’autant plus que je ne vais pas pouvoir jouer les Rolex Series. Mais sait-on jamais… »

L’U.S. Open ou le British, ce serait top. Le Masters ? Tous les joueurs rêvent de le jouer au moins une fois dans leur vie mais c’est aussi le plus dur (pour se qualifier).

Classé 12e de la Road to Mallorca en 2023, Tom Vaillant était toutefois parvenu à entrer dans le champ du premier Rolex Series, en janvier 2024, le Hero Dubai Desert Classic. C’est un cas de figure à ne pas négliger en ce qui concerne Pierre Pineau, entre les choix des uns et des autres, des blessures et des départs sur le PGA Tour… « On verra bien, souffle l'intéressé, qui tentera aussi de disputer un tournoi du Grand Chelem. Être présent dans un Majeur, c’est un de mes objectifs cette année. Via les qualifs, les spots sur certains tournois (Ndlr, il y a trois places en jeu pour The Open la semaine prochaine à Melbourne) ou à la Race to Dubai… L’U.S. Open ou le British, ce serait top. Le Masters ? Tous les joueurs rêvent de le jouer au moins une fois dans leur vie, mais c’est aussi le plus dur (pour se qualifier). Jusqu’à juillet, je vais quasiment tout jouer. J’ai toujours aimé jouer, je me sens prêt physiquement, mentalement et golfiquement. À part s’il y a des signaux comme la fatigue ou si je joue moins bien, je considérerai alors qu’il faudra faire un break. Mais là, je pars pour jouer le plus possible. »
 

En Floride juste après la finale à Majorque

Il aura alors très certainement besoin du soutien sans faille de tout son staff (voir ci-dessous) et plus particulièrement de son coach, Guillaume Biaugeaud, qu’il connait par cœur. Même si ce dernier est parti s'installer en Floride, la collaboration s’effectue toujours sans le moindre accroc. « Cela se passe bien, conclut Pierre Pineau. Et même si c’était compliqué, je préfère avoir des relations compliquées avec quelqu’un de bon que quelqu’un qui ne me convient pas. On a mis en place un système, je lui envoie des vidéos. Tous les mardi matin, comme ça, lui, il me répond avec le décalage horaire. Je suis allé le voir à Orlando récemment (juste après la finale à Majorque). On essaie de se voir tous les trois mois, pendant une semaine. Et quand on se voit, c’est du plein temps. On ne se lâche pas. Il viendra la semaine de Dubaï à l’Emirates (en janvier). Que je joue ou pas. Il y aura je pense une autre "rencontre" en avril, et ensuite en juillet (sur un des tournois aux États-Unis co-sanctionnés avec le PGA Tour). Ce sera plus simple pour lui de venir me voir. »

Son staff technique

Guillaume Biaugeaud (coach technique)
Benjamin Añorga (préparateur physique)
Sébastien Vivé (ostéopathe)
Amélie Cazé (préparatrice mentale)
Charles Dubois (caddie)