Tout près de la victoire en Italie fin juin, le Racingman a traversé par la suite une zone de turbulences avant de retrouver la plénitude de ses moyens la semaine passée à Wentworth au BMW PGA Championship. Sa fin de saison s’annonce passionnante !
Il est revenu dimanche soir d’Angleterre, s’offrant dans la foulée deux, trois jours de repos avant de repartir « au travail » afin de préparer au mieux son déplacement en Écosse, au Dunhill Links Championship. « Quatre semaines d’affilée, c’est éprouvant, souligne d’emblée Antoine Rozner. J’ai fait les quatre cuts, donc je n’ai pas arrêté. Je partirai lundi matin (30 septembre) pour l’Écosse. C’est un tournoi où j’ai eu souvent de bons résultats. »
Le Racingman goûte donc quelques jours de congés bien mérités après avoir réalisé une grosse semaine à Wentworth, au BMW PGA Championship. Une très solide 7e place avec notamment un vendredi de feu bouclé par une carte sans bogey de 65 (-7). Avec un score final de -16 (272), comme son compatriote Ugo Coussaud, Antoine Rozner n’accusait à l’arrivée que quatre coups de retard sur le vainqueur, l’Américain Billy Horschel, plus fort en play-off que le Sud-Africain Thriston Lawrence et le Nord-Irlandais Rory McIlroy.
« Je suis vraiment content de ma semaine, très satisfait du contenu surtout, résume-t-il calmement. J’ai super bien joué au golf, j’ai été super solide du début à la fin. Il faut savoir que ce n’est pas un tournoi simple à gérer. C’est le tournoi phare de notre saison. C’est un parcours qui n’est pas évident. Il peut se passer tellement de choses. Il y a beaucoup de trous où on peut faire des birdies mais aussi où on peut prendre des bogeys, voire des doubles. On est sans cesse mis sous pression. En plus, le public est "gigantesque". Il y a des milliers de personnes qui se promènent autour des fairways. Donc, c’est un tournoi qui n’est pas simple à appréhender. J’ai été très fier de mon attitude, de la façon dont j’ai su gérer cette dernière partie du samedi, et cette avant-dernière du dimanche. Ce n’était pas facile. Il y avait Rory (McIlroy) devant le samedi, il était derrière le dimanche. Il y avait beaucoup de bruit, beaucoup de monde… Mais j’ai vraiment tenu la baraque ! »
Regrettera-t-il peut-être ces quelques putts à courtes distances manqués durant le moving day et qui lui auraient très certainement permis de se rapprocher encore un peu plus des leaders… Si fort fers en mains (Ndlr, il est 3e aux Strokes Gained: Approach sur le Tour européen), le Parisien avoue que son putting doit encore s’améliorer… « Pour jouer la gagne, c’est sûr qu’il m’a manqué du putting, souffle-t-il. Il est un peu moyen depuis quelque temps et je ne m’attendais pas non plus à vivre une semaine exceptionnelle d’un seul coup. J’ai été dans mes standards. Le putting n’a pas été très bon le samedi mais il a été bon le dimanche. Dans les stats, j’ai gagné un coup et demi sur les greens le dimanche… Je n’aime pas vivre dans les regrets. J’ai fait une super semaine, il y a eu plein de trucs positifs. Alors oui, je dois encore m’améliorer dans ce compartiment du jeu mais je ne veux pas m’attarder là-dessus et seulement garder le positif. J’ai eu un jeu de fers qui a été fantastique toute la semaine. Je n’ai pas le souvenir d’avoir planté autant de drapeaux dans une semaine. Bref, j’ai pris beaucoup de plaisir ! »
Ce top 10 dans un Rolex Series constitue indéniablement une véritable bouffée d’oxygène. Ses dernières sorties n’avaient pas été vraiment concluantes. Outre un cut manqué en République tchèque, son meilleur résultat était jusque-là une 34e place acquise à l’Omega European Masters, à Crans-sur-Sierre (Suisse). « J’étais dans une passe plutôt compliquée depuis la rentrée après l’été, reconnaît-il. J’étais en manque de repères. Cependant, les deux dernières semaines étaient très bonnes, même si les résultats n’ont pas été terribles. Le contenu, la qualité de jeu étaient bons. J’étais très frustré ces deux dernières semaines parce que je sentais que je n’étais pas loin, et ça n’avait pas payé. Cela m’avait frustré. Cette 7e place vient donc confirmer mes impressions lors de ces deux dernières semaines. On se rend compte que dans ce sport, les marges d’erreurs sont vraiment infimes. Parfois, cela ne se joue à rien. En tout cas, ça valide le fait que le travail paye toujours ! »
Cet excellent résultat à Wentworth lui permet aussi de faire une belle opération comptable dans la course aux points. Le voilà désormais à la 35e place de la Race to Dubai, soit un gain de 18 rangs. Sa présence à Abu Dhabi, pour le premier des deux Play-Offs de fin de saison (7-10 novembre), est d’ores et déjà assurée. En ce qui concerne la finale du côté de Dubaï (14-17 novembre), il va falloir encore engranger quelques précieux points d’ici là. « Je suis dans la bonne direction, mais il reste encore un peu de boulot, confirme-t-il. On sait que ça peut aller très vite. »
Le PGA Tour, difficile mais pas impossible
Il conserve également dans un coin de la tête cette éventualité d’accrocher l’un des dix spots mis en jeu pour évoluer en 2025 sur le PGA Tour. Certes, la tâche s’annonce difficile, mais pas impossible non plus : « Une grosse semaine à Abou Dhabi ou à Dubaï, mais même avant, et on peut se remettre aussi dans la course, prévient-il. Cet objectif reste forcément dans un coin de ma tête, même si je suis un peu loin aujourd’hui. Encore une fois, ça peut aller tellement vite dans ce sport qu’il faut toujours y croire. Avec les deux très gros tournois en fin de saison, il peut vraiment tout se passer. Ce qui est sûr, c’est que je ne perds pas du tout espoir. »
Effacée donc cette cruelle désillusion fin juin à l’Italian Open où à quelques trous seulement de la conclusion le dimanche, Antoine Rozner, caddeyé pour l’occasion par son frère, Olivier, était encore en tête. Avant de craquer et de ne prendre finalement que la 5e place, à deux coups derrière le vainqueur, l’Allemand Marcel Siem. « Je n’ai pas eu de mal à digérer ce qui m’est arrivé, tempère le triple vainqueur sur le Tour européen. Encore une fois, je n’aime pas vivre avec les regrets. Après, sur le coup, c’est vrai, j’étais très frustré et énervé. Ce tournoi, je l’avais. J’ai appris de mes erreurs. Je me suis d’ailleurs rappelé cette journée hier (dimanche à Wentworth) quand j’étais sur le parcours, dans les moments où j’étais un peu tendu. Je me suis rappelé cette journée en Italie où il ne faut pas être sur-agressif par moments, où il faut savoir jouer ses zones, et bien choisir ses moments… Je pense que ce dimanche en Italie m’a servi. »
L’ancien caddie du Chinois Ashun Wu sur le sac
Avec désormais James Nelson sur le sac, un Anglais qui a travaillé pendant six ans avec le Chinois Ashun Wu, Antoine Rozner fourbit ses clubs avant la dernière grande ligne droite qui doit, normalement, l’emmener jusqu’au Earth Course du Jumeirah Golf Estates, à Dubaï… Direction l’Écosse donc (3-6 octobre) puis le FedEx Open de France (10-13 octobre) et enfin l’Andalucía Masters (17-20 octobre).
Sera-t-il en Corée du Sud, au Genesis Championship (24-27 octobre), ultime rendez-vous de la saison régulière ? Rien n’est moins sûr ! « Avant Wentworth, je comptais y aller, conclut-il. Là, il y a plus de points d’interrogation… On va voir si j’ai vraiment besoin de m’y rendre. C’est sûr qu’il y aurait un coup à faire là-bas. Le champ va être plus faible, beaucoup de joueurs ne vont pas y aller. C’est un parcours qui m’avait bien réussi l’an dernier (Ndlr, 21e avec un 63 le premier jour). C’est sûr que ce serait beaucoup d’énergie pour un tel déplacement… Je me laisse encore le temps de la réflexion. J’ai réservé un avion annulable, donc je ne me mets pas de pression ! »