En haut du leaderboard au Magical Kenya Open, Benjamin Hébert avait écopé de deux coups de pénalité lors du 3e tour à Nairobi, annihilant de facto ses ambitions de victoire. Plusieurs jours après « l’incident », le Briviste revient sur ce fait de jeu.

C’est chez lui en principauté d’Andorre que nous avons joint par téléphone Benjamin Hébert. Au repos pour plusieurs jours encore avant de s’envoler vers Singapour, sa prochaine étape sur le DP World Tour (20-23 mars), l’actuel 76e à la Race to Dubai veut passer à autre chose, tout en regrettant que sa parole auprès des arbitres présents au Kenya n’a guère pesé dans la décision finale de lui infliger ces fameux deux coups de pénalité. Qui ont tout changé…
Plus d’une semaine après les faits, êtes-vous toujours en colère ?
Non… Il vaut mieux passer à autre chose. C’est un fait de jeu. Je ne peux rien n’y faire. J’aurais juste aimé qu’on m’explique un peu mieux ce que j’ai fait de mal. Et que l’on prenne aussi un peu plus en compte ma parole. J’ai expliqué aux arbitres que l’angle de la caméra, au moment où je dégage cette branche, fausse tout. Il n’est pas du tout dans ma ligne de jeu. Malheureusement, ils sont restés sur leur idée de me mettre deux coups de pénalité. Même si j’estime ne pas être en tort, la décision a été prise et je ne peux pas y faire grand-chose.
Selon vous, avez-vous fait, oui ou non, une erreur ?
Non, je ne pense pas. Mais depuis, je me suis renseigné auprès d’autres arbitres français. Le seul problème, c’est qu’avec l’angle dont sont prises les images, c’est complètement à charge contre moi. J’ai bien été sur place après le troisième tour avec les arbitres (Ndlr, un Espagnol et un Anglais) pour plaider ma cause, j’ai estimé n’avoir rien fait de mal. Je pense que leur décision a été prise un peu trop rapidement. Quand on est venu me prévenir de la mauvaise nouvelle après ma partie au recording, j’ai bataillé cinq minutes avec l’arbitre. J’ai ensuite demandé un deuxième avis. Et le problème, c’est qu’ils n’avaient pas l’air vraiment sûrs de leur décision. C’est pour cela qu’on est repartis sur place (dans le bush, à droite jouxtant le fairway du trou n° 4). Manifestement, ils étaient encore dans le doute.
Que vous ont dit les arbitres français que vous avez consultés depuis ?
En gros, j’avais le droit de bouger la branche, mais je n’avais pas le droit de faire bouger quoi que ce soit d’autre. La règle en question, c’est la règle 8. J’étais tellement concentré à ne pas faire bouger la balle que j’ai poussé la branche. À partir du moment où j’ai poussé cette branche morte en faisant aussi bouger des herbes, j’ai soi-disant amélioré mon arc de swing. J’ai pourtant tenté d’expliquer que ces herbes n’étaient justement pas dans mon arc de swing. Mais les arbitres au Kenya n’ont pas pris en compte ma parole. Je n’ai pas eu le bénéfice du doute. Ils ont manifestement préféré protéger le champ, comme ils me l’ont dit. Mais ce qui compte le plus pour moi dans cette histoire, au-delà de ce fait de jeu, c’est qu’à aucun moment on n'a remis en cause mon intégrité.
Finalement, votre seule erreur n’a-t-elle pas été de ne pas appeler un arbitre avant de déplacer cette fameuse branche morte ?
C’est ce que tout le monde me dit. Mais bon… Cela fait vingt ans que je fais ce métier. Je sais ce que je dois faire ou ne pas faire. Je sais que cette branche me gêne, je sais que j’ai le droit de l’enlever car elle est « morte ». En faisant ça, je courbe de l’herbe et ce geste est pris pour une amélioration de mon arc de swing. Les arbitres, je le répète, ont préféré s’appuyer sur les images et l’angle de la caméra avec cette vue plongeante. Il n’y a pas de preuve évidente.
Avez-vous l’impression d’avoir été dénoncé par une tierce personne, peut-être quelqu’un qui regardait les images du tournoi, un téléspectateur par exemple ?
Forcément. Quand je suis sur place, à part Arnaud (Garrigues, son caddie, ndlr) et le caméraman, il n’y a personne avec moi. Selon les dires de l’arbitre, ils ont été mis au courant de ça alors qu’on était au trou n° 11. Soit sept trous plus loin. Quasiment deux heures plus tard…
Êtes-vous d’accord pour dire que cette sanction de deux coups de pénalité sur votre score dans ce troisième tour a influencé le résultat de votre quatrième tour le lendemain ?
Cela l’a influencé dès le samedi en fin de journée, après ma partie. Je suis resté plus d’une heure avec les arbitres pour pouvoir comprendre et m’expliquer. Même si cela n’a rien changé. Le soir, on réfléchit, on gamberge. Le lendemain matin, j’avais du mal à entrer dans ma bulle de concentration. Je me retrouve non plus à trois mais à cinq coups du leader avant le dernier tour. Le début de partie a été compliqué (Ndlr, deux bogeys aux trous n° 1 et 2). Mais une fois que je suis rentré dans le rythme, le cerveau a commencé à penser à autre chose.
Qu’allez-vous retenir de cette expérience, vous qui n’êtes pas vraiment un débutant dans le monde du golf professionnel ?
Qu’il faut faire attention à tout. S’il n’y avait pas eu cette caméra, j’aurais prévenu mon partenaire de jeu (Ndlr, l’Anglais John Parry) en lui disant que j’allais bouger une branche : « Soit tu viens avec moi, soit tu me fais confiance… » Mais quand on est en dernière partie, on est un peu plus espionné… Dans ce genre de situation litigieuse, il ne faut pas hésiter à demander l’aide d’un arbitre. Mais encore une fois, j’étais tellement sûr d’être dans mon bon droit que la question ne se posait même pas. Voilà ce que je retiens.
À l’arrivée, vous finissez à la 13e place du Magical Kenya Open, validant pour l’instant ici votre meilleur résultat cette saison. Peut-on se consoler comme ça ?
Un top 15 sur le Tour, ça fait marquer des points importants à la Race. Financièrement, par rapport au Challenge Tour (désormais HotelPlanner Tour, ndlr), c’est bien plus agréable aussi. Après, c’est sûr qu’au vu des circonstances, en étant deuxième après 36 trous, on espère mieux. Partir à -11 au lieu de -9 un dimanche, ce n’est pas pareil. Et puis psychologiquement, on est dans un autre état d’esprit. Mais c’est du passé maintenant. Je ne veux retenir que le positif. Être à -13 après deux tours, sans avoir l’impression d’être au sommet de mon jeu, cela laisse présager plein de bonnes choses. J'ai fini 19e au Qatar, 13e au Kenya… Cela va dans le bon sens.
Quel va être votre programme pour les prochaines semaines ?
Avec cette 13e place, je n’ai pas accroché le top 10 qui m’aurait permis de jouer l'Investec SA Open à Durban (Ndlr, victoire sur 54 trous du Sud-Africain Dylan Naidoo). Mais je dois être un peu plus vigilant en ce moment car j’ai un peu mal au coude depuis un mois. J’ai un début de tendinite, c’est pour cela que je ne prends pas le départ du Joburg Open cette semaine. Je me préserve donc avant de partir à Singapour (20-23 mars) puis d’enchaîner avec l’Inde (27-30 mars). Ces deux semaines à venir vont prendre de l’énergie, donc ce n’est pas plus mal de faire un break en me reposant encore une grosse semaine avant de reprendre l’entraînement. Après, compte tenu de ma catégorie (14), je ne suis pas encore certain d’entrer dans les deux tournois prévus en Chine après le Masters (semaines n° 16 et 17, ndlr).
Quelles sont vos ambitions à court ou moyen terme en 2025 ?
Jouer la gagne sur un ou deux tournois cette saison. J’ai eu le sentiment de la jouer au Kenya jusqu’au samedi soir et ces deux coups pénalités. L’objectif principal, ce n’est pas forcément des objectifs de résultats, c’est aussi le travail, le chipping et le putting qui sont en amélioration. Le driving est très bien. Ce serait bien si je pouvais retrouver un jeu de fers plus consistant, qui est normalement mon point fort. Je souhaite aussi être plus constant dans les tournois, accrocher plus souvent des top 20, même sur des semaines où ça se passe un peu moins bien afin d’engranger un maximum de points. Car l’objectif premier est de sécuriser la carte aux alentours des 500 points. Et puis si les planètes s’alignent, oui, pourquoi pas aller chercher une victoire.
Son staff technique…
Olivier Léglise et Harold Noël (coaches technique)
Benjamin Añorga (préparateur physique)
Sébastien Vivé (ostéopathe)
Matthieu David (coach mental et performance)
Alexandre d’Incau (clubmaker)
Maxime Demory (manager)
Arnaud Garrigues (caddie)