Passé en un an des Cartes européennes à la victoire sur le DP World Tour et une présence à la finale de la Race, David Ravetto lance dans quelques jours en Afrique du Sud une nouvelle saison qu’il souhaite aussi fructueuse, si ce n’est plus, que celle qui vient de s’achever.
Après deux ou trois jours de repos bien mérités dans la foulée du DP World Tour Championship et une visite studieuse à Saint-Donat chez son coach, Benoît Ducoulombier, David Ravetto, 27 ans, va renouer avec la compétition. Il sera ainsi à Sun City en Afrique du Sud pour le Nedbank Golf Challenge (5-8 décembre), puis à Leopard Creek pour l’Alfred Dunhill Championship (12-15 décembre), et enfin à l'île Maurice pour l’AfrAsia Bank Mauritius Open (19-22 décembre) sur le parcours de Mont Choisy.
Le Racingman vient de boucler une saison sur le DP World Tour en tous points remarquable. Arrivé sur la pointe des pieds avec une catégorie 18, fruit d’une 16e place obtenue aux Cartes européennes l'an dernier, il est parvenu à gagner deux fois en 2024. D’abord sur le Challenge Tour, au Dimension Data Pro-Am (18 février), puis sur le Tour européen, au D+D Real Czech Masters (18 août). 18 : un chiffre qui lui a visiblement porté chance cette année !
Un bilan forcément positif, qui lui permet aujourd’hui d’y voir bien plus clair dans sa vie de golfeur professionnel. En mode « survie » à ses débuts dans un univers impitoyable, le voilà désormais installé au plus haut niveau avec une exemption courant jusqu’à fin 2026, fort d’une première participation à la finale de la Race il y a quelques jours à Dubaï, et d’une 50e place finale au classement européen. Mais d’un tempérament perfectionniste, il en demande un peu plus encore… « Ce bilan est très bon, il n’y a aucun doute là-dessus, reconnaît-il doucement. Mais il faut aussi que je comprenne que je dois être patient et prendre le temps. Et c’est peut-être pour cela que je fais des yoyos (dans ses derniers résultats, ndlr), et que ça ne va peut-être pas assez vite à mon goût. Au-delà du jeu dans lequel il y a forcément des choses à améliorer, ma plus grosse marge de progression est de gérer au mieux mes attentes. Cet aspect mental dans lequel je peux vite être très dur avec moi-même… Il va falloir travailler là-dessus pour être le plus régulier, mentalement en tout cas. »
« Cette frustration génère pas mal de colère, ça pompe donc pas mal d’énergie, ajoute-t-il. On s’attelle là-dessus avec mon staff (notamment avec ses coachs performance, Mathieu David et Adrien Leurent, mais aussi avec Makis Chamalidis, son psychologue). Mieux gérer la frustration, être moins exigeant sur sa frappe de balle, sur son niveau de golf, voilà sur quoi il faut travailler un peu plus encore… J’ai du mal à l’accepter car je me dis que si on est moins exigeant, on a plus de mal à avancer. Et à progresser. À moi de trouver le bon équillibre. Quand j’étais jeune, je n’avais pas une super attitude sur le parcours. J’étais très nerveux. Cela s’est amélioré, heureusement… »
Vainqueur en plein été en République tchèque devant le Suédois Jesper Svensson, l’un des dix promus sur le PGA Tour 2025, David Ravetto a évidemment revu ses objectifs à la hausse pour 2024-25. « Revenir à la finale à Dubaï en novembre 2025, aller chercher aussi le top 20 ou le top 15 de la Race, c’est le gros objectif que j’ai envie de me fixer, annonce-t-il. À moi de mieux gérer également la saison, car c’est long. Il faut avoir son pic de forme sur les neuf derniers tournois, à partir de la mi-septembre. Si je peux avoir une ou deux victoires avant cela, je prendrai, mais je veux arriver plus frais mentalement et physiquement à ce moment-là, pour jouer mon meilleur golf. Je ne vais pas avoir à gérer le stress de choisir mes tournois grâce à mes deux années d’exemption... Mais il y n’aura pas moins d’attentes à gérer. Ce ne sera pas plus facile, mais j’aurais plus à l’esprit le côté performance que le côté survie. »
Il ne cache pas non plus son rêve d’aller jouer un jour aux États-Unis. Si son objectif de finir très haut à la Race to Dubai se concrétise, son vœu de traverser l’Atlantique sera très vraisemblablement exaucé. Mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir : « Cela a toujours été mon rêve depuis l’université d’aller jouer aux USA, confirme-t-il. Pourtant, jusqu’à ma dernière année de fac (La Texas Wesleyan University de 2015 à 2017, puis la Texas Christian University de 2017 à 2019, ndlr), je n’étais pas sûr de passer pro. Je ne me sentais pas assez légitime, pas assez bon. Je n’étais pas sûr de vouloir de cette vie. Et puis la dernière année, je rentre dans le top 50 amateur (il a atteint le 21e mondial, ndlr), et là, je me suis dit que je pouvais essayer. Mais oui, c’est un réel objectif d’aller aux USA et de jouer les plus gros tournois mondiaux. »
« Mais bon, j’ai encore tellement de caps à passer que pour l’instant, je ne me sens pas légitime de penser à ça, tempère-t-il en guise de conclusion. Aujourd’hui, ça me paraît encore loin, tout ça. Pour la petite anecdote, avant le BMW PGA Championship, j’ai joué quelques trous de reconnaissance à Wentworth avec Rory McIlroy. J’ai pris une claque. On n’a fait que trois trous ensemble, mais c’est une autre dimension, une autre frappe de balle. Ça semble tellement facile ! On ne joue pas le même jeu. C’est loin sans être loin. Mais dans le golf, ça peut aller vite. Il suffit d’un déclic mental. Le swing est là, la frappe de balle aussi. Au driving, j’ai le niveau. Il faut que je m’améliore sur les attaques de greens ; et au chipping et au putting, il faudra aussi passer un cap. »