Au bout d’un dernier tour qui a livré beaucoup de suspense, notamment dans un play-off historique de neuf trous, Julien Guerrier a quitté Sotogrande avec son tout premier succès en carrière sur le DP World Tour. Il est également l'auteur de la 50e victoire française sur ce circuit.

La célébration du 18 qui a permis à Guerrier d'arracher un play-off.

Julien Guerrier n’aura pas démérité. En dernière partie de l’Estrella Damm N.A Andalucía Masters, le duel entre le Français et son premier concurrent pour le titre, Jorge Campillo, a rapidement livré le spectacle et le suspense attendu. Si le Tricolore a d’abord pris la main grâce à un démarrage éclair ponctué de trois birdies en cinq trous, le joueur ibérique lui a vite répondu au 2, au 6 et au 7 pour coller à -22 total. Et puis le retour du tracé du Real Club de Golf Sotogrande a distillé les scores.

Moins précis à l’entame des neuf derniers exercices, le Français a semblé happé par l’enjeu et par un public acquis à la cause d’un homme du pays. En témoigne ce drive du 10, qui a fini, non sans chance, sur un muret végétal juste avant le hors-limite. S’en est suivi un bogey, puis un double au 13 - bien que séparés par deux birdies. Le Rochelais se retrouvait alors à -21, une unité derrière le local qui alternait équitablement bogeys et birdies de son côté. Un scénario qui semblait avoir pris parti tandis que le Bleu frôlait deux fois la sanction au 16 et au 17 avec une balle qui passait à chaque fois de peu les obstacles d’eau. Mais comme une récompense pour n’avoir jamais lâché, le 18 lui a souri.

Un 18 sous tension continue

Alors que Campillo succombait à un surplus d’adrénaline qui l’envoyait dans le bunker derrière le green, Guerrier, lui, payait son trop plein d’agressivité en trouvant le rough à gauche du green. Avec un drapeau coincé du même côté, l’affaire s’annonçait corsée. Sans surprise, son chip était trop long. Mais la sortie de bunker de son adversaire, elle, restait trop courte. Les noeuds dans les cerveaux se faisaient plus grands, en particulier chez l’Espagnol puisque dans la foulée de son bogey concédé, Julien Guerrier enquillait une ficelle de près de 5 mètres pour arracher un play-off. Sublime.

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EN DISPUTANT NEUF TROUS DE PLAY-OFF, JULIEN GUERRIER ET JORGE CAMPILLO ONT ÉGALÉ LE RECORD DE LA MORT SUBITE LA PLUS LONGUE SUR LE DP WORLD TOUR, ENREGISTRÉE À L'OPEN DES PAYS-BAS EN 1989 ET À L'OPEN D'ESPAGNE EN 2013.

Les deux hommes ont alors remonté le fairway de l’ultime trou, puis celui du 17, égalant le record du playoff le plus long depuis 1972. Les deux premières fois, Campillo semblait se diriger vers une défaite évidente avant qu’un putt salvateur de plus de 5 mètres et un chip au mât ne lui donnent une troisième chance. Au cours de celle-ci, l’Espagnol a failli cuisiner sa meilleure crème renversée avant de manquer son birdie pour la gagne. Et puis de façon quelque peu interminable, entrecoupé d'un chip presque boîté de Guerrier pour la gagne, le départage est tombé au 9e trou à la faveur du Tricolore. « Je n’en reviens pas. Sur mon dernier putt, je pensais à mes enfants et ça m’a donné beaucoup de force, a-t-il exprimé les larmes aux yeux à peine la victoire scellée. Mon jeu de fer n’était pas incroyable aujourd’hui mais mon putting m’a énormément servi pour arriver jusque-là. » Il a ainsi décroché son tout premier succès dans l'élite européenne, amenant dans le même temps la 50e victoire française dans l'histoire du circuit.

Bonne affaire pour Langasque, moins pour Vaillant

Derrière, le contingent français a connu des fortunes diamétralement opposées. Trop loin au classement avant ce dernier tour, Antoine Rozner a fini sur une très belle note en signant la meilleure performance tricolore. Son 67 (-5) lui a permis de remonter à -7 total et de terminer la semaine au 43e rang. Victor Perez et Romain Langasque n’étaient pas loin de l’imiter. En rendant un ultime 68 (-4), le premier cité s’est arrêté au 36e rang quand le second a accroché un bonne 7e place, précieuse dans sa quête de promotion sur le PGA Tour. Avec ce résultat, il est désormais 14e de la Race to Dubai à trois tournois de la fin de saison. Enfin, le dernier Bleu en lice, Tom Vaillant, a réalisé la moins bonne performance en concédant un 77 (+5) qui l'a fait reculer au 63e rang final.