Après une année passée sur le Challenge Tour, Frédéric Lacroix n’a pas manqué son retour sur le Tour européen. En trois départs, il a ainsi déjà signé deux tops 5. De quoi appréhender la saison un peu plus sereinement.
Pas de reconnaissance du Royal Golf Club ce lundi à Bahreïn pour Frédéric Lacroix après un transfert depuis les Émirats arabes unis plutôt « physique ». « C’était la galère à l’aéroport, en plus, je me suis retrouvé dans le mauvais bus… » C’est ce mardi que le Racingman a finalement pu fouler ce par 72 de 6640 mètres, hôte du Bahrain Championship, absent au calendrier du DP World Tour entre 2012 et 2023.
Le Français, qui soufflera ses 29 bougies le 22 février prochain, est plutôt en forme en ce début de saison. Il vient ainsi de réaliser sa meilleure performance sur le Tour européen en prenant la 3e place du Ras Al Khaimah Championship. Après avoir fini 5e début décembre au South African Open, du côté de Johannesburg.
« C’est mon premier top 3 sur le Tour, précise-t-il. Je suis super content. J’aurais évidemment espéré faire mieux mais Thorbjørn (Olesen) était vraiment au-dessus et je n’avais pas l’énergie le dimanche après-midi pour aller chercher autre chose. Olesen gagne avec six coups d’avance sur Rasmus (Højgaard), qui fait bogey au 18 en cafouillant. Et moi je suis encore un peu en retrait (à une longueur). Non, il était au-dessus dans le sens où quand il commettait une erreur, il rentrait un putt monstrueux derrière. »
L’idée de rentrer à son tour dans l'histoire du golf tricolore lui a tout de même traversé l’esprit. La veille, en effet, Matthieu Pavon avait remporté le Farmers Insurance Open (PGA Tour) lors d’un finish haletant face à Nicolai Hojgaard, le frère jumeau de Rasmus. Alors pourquoi pas lui à Ras Al Khaimah, malgré six coups de retard sur Olesen au départ du dernier tour ? « Oui, bien sûr, j’y ai pensé, confirme-t-il. On ne peut pas passer à côté de ça. Bon après, Matt était plus proche de la tête que moi après 54 trous. Je n’ai pas suivi son dernier tour car j’étais dans mon tournoi mais on s’est envoyé des messages la veille et on a rigolé en se disant : "On est en mission pour faire un truc !" C’est bien que le golf français enregistre ce genre de résultats. Céline (Boutier), qui a un peu ouvert la voie, Matt, qui suit derrière… Le golf tricolore se porte bien, on est un paquet sur le Tour et je trouve que ça joue pas si mal que ça (rires). »
La preuve. Depuis la fin du mois d’août, ses performances sont hyper solides. Arrivé du Challenge Tour après avoir signé début novembre une superbe 3e place à la finale de la Road à Majorque, il accumule les tops 10. Sixième au Dormy Open, 8e en Suisse, 6e au Hopps Provence avant, comme signalé plus haut, d’accrocher une 5e place au South African Open - « alors que j’étais totalement mort ! » - pour son retour sur le DP World Tour après être reparti pour une année à l’échelon inférieur. Peut-on alors parler de déclic, lui qui avait perdu sa carte en octobre 2022 pour trois fois rien (121e de la Race, à seulement 26,51 points du 117e et dernier non « relégable », l’Espagnol Sebastián García) ?
« Je ne pense pas qu’il y a eu un vrai déclic en soi, souligne Frédéric Lacroix. Je pense que c’est surtout le travail que je mets en place depuis un certain temps qui commence à payer. Ce qui est compliqué au golf, mais c’est vrai dans tous les sports en général, notamment dans les sports individuels, c’est que même si on met ce qu’il faut pour s’entraîner convenablement, le résultat n’est pas forcément garanti. Il n’est surtout pas instantané. Je suis persuadé de faire les bonnes choses depuis maintenant un an et demi. J’ai beaucoup appris sur ma première saison sur le Tour, où j’ai pu faire des erreurs, des choses très bien certes, mais aussi des erreurs car sinon, je n’aurais pas perdu ma carte. Je suis content de mettre ce travail en place et je suis surtout très content de voir que cela paye. »
Sans avoir manqué le moindre cut en trois départs cette saison sur le Tour européen, Frédéric Lacroix pointe aujourd’hui à la 17e place de la Race. Il occupe également la 12e place de l’International Swing, la deuxième étape des Global Swings instaurés pour l’exercice 2023-24 (200 000 dollars est ainsi promis au vainqueur de chaque Swing et il est assuré de prendre part au Back 9 entre fin août et la mi-octobre, regroupant neuf des plus gros tournois de la saison, dont l’Open de France). De quoi revoir à la hausse ses objectifs de début de saison…
« Je n’aime pas trop évoquer les objectifs car c’est tellement dépendant des circonstances, de mon état de forme, prévient-il. Les objectifs peuvent changer très vite. Il peut se passer tellement de choses. Je préfère me préparer pour certains tournois. Avoir une vision globale de mon calendrier qui s’adaptera en fonction de ce qui se passe sur le parcours, d’essayer d’arriver à chaque fois en pleine forme et de faire le mieux possible. Je n’aime pas me fixer des objectifs de résultats, mais plutôt des objectifs de moyens… »
Une chose est sûre, ce bon début de saison n’interfère pour le moment pas sur son calendrier initial. Après un long break (plus d’un mois) afin de recharger les accus - « j’en avais besoin, je n’avais plus la moindre énergie pour aller plus loin après le SA Open » - il sera au Qatar Masters la semaine prochaine. La suite ? Rien n’est encore définitivement acté.
« Trois tournois d’affilée, c’est bien, analyse-t-il. Après ? J’ai des options. Je vais peut-être aller au Kenya (22-25 février) ou en Afrique du Sud (du 29 février au 10 mars). Ou peut-être pas. Cela va dépendre des deux prochaines semaines à Bahreïn et au Qatar. Mais je n’ai pas envie de jouer trop de tournois, de m’épuiser et arriver en fin de saison, comme ce fut le cas les années précédentes, en étant à la traine et fatigué… »
Au son de sa voix, on devine plus de sérénité, plus de maturité aussi. Le retour sur le Challenge Tour en 2023 y est certainement pour quelque chose. Un mal pour un bien ? Sûrement. Sans parler évidemment de cette collaboration entamée à l’Open de France 2022 avec le Belge Jérôme Theunis.
« Il m’apporte beaucoup de simplicité, résume-t-il en guise de conclusion. Il n’y a pas un coach qui possède le secret ultime et qui peut débloquer tous les joueurs de golf. Cela n’existe pas. Ce qui fait un bon coach, c’est quelqu’un qui sait s’adapter au golfeur qu’il a en face de lui. Et qui apporte des solutions. On a une bonne relation l’un envers l’autre. Je travaille aussi avec Fabien Lefaucheux (coach physique) depuis à peu près la même période, sans oublier Meriem Salmi (préparatrice mentale). Cette continuité avec Meriem, depuis six, sept ans maintenant, ça m’a fait beaucoup de bien aussi. Alors oui, je vois que mon jeu évolue, je tape des bons shots, j’ai des compétences qui sont plus larges, je retourne sur des parcours que je connais déjà. Tout ça, ce n’est que du positif… »