Blessé à l’épaule lors de la finale de la Race 2023, Julien Brun n’a pas connu un début de saison serein. Son premier top 20, la semaine dernière au SDC Championship, va-t-il confirmer son retour aux avant-postes ?
« C’est toujours une chose de bien travailler. Mais ça fait surtout du bien de confirmer avec des tours solides et un bon résultat à la clé. Cela lance un peu la saison. Je l’espère en tout cas… » Seizième au SDC Championship en Afrique du Sud le week-end passé, Julien Brun respire un peu mieux après un début de saison plutôt compliqué. Six tournois joués, trois cuts franchis et jusque là des résultats loin des espérances de l’Antibois, installé depuis quelques années maintenant à Prague, en République tchèque. Deux fois 56e au Dubaï Invitational, premier rendez-vous de l’année calendaire à champ réduit et sans cut, puis à Bahreïn, 47e à Ras Al Khaimah… Pas de quoi soulever les foules, effectivement.
Une entame bien loin, il est vrai, de celle réalisée il y a un an à la même époque quand il avait par exemple signé une solide 5e place au Hero Dubaï Desert Classic, estampillé Rolex Series, après un podium (3e) à l’île Maurice. « C’est difficile de pointer une chose ou une autre, mais j’ai eu des petits soucis à l’épaule, qui sont apparus à la finale à Dubaï au mois de novembre, indique Julien Brun. Cela m’a suivi dans toute la préparation. L’entraînement est forcément moins bon, on passe plus de temps à trouver les bons exercices, les bonnes choses pour que cela aille mieux… Mais c’est vrai que ça n’a pas aidé. Et puis j’ai juste moins bien joué aussi, il faut le reconnaître. C’est la réalité. Le niveau de jeu n’était pas là. Et ça se paye cash en début de saison sur des parcours difficiles. Que ce soit le Dubai Creek ou le Majlis Course lors du Rolex Series, les parcours étaient costauds. Cela n’a pas été optimal en termes de préparation et je n’ai pas réussi à produire un bon niveau de jeu derrière. »
Est-ce pour cela que l’actuel 123e de la Race to Dubai a décidé de faire l’impasse sur les premiers tournois de la saison 2023-24, rebaptisés Opening Swing ? Il y a un peu de ça. Mais pas seulement… « C’est super de faire partie de la finale à Dubaï, c’est l’un des gros objectifs de l’année, mais ça fait une saison très longue. Les derniers tournois sont épuisants, souligne-t-il. On y laisse pas mal de plumes… Et il n’y a pas de break ensuite, les tournois de la nouvelle saison enchaînent directement. Il faut alors faire des choix. Si on regarde bien, tous les mecs qui ont disputé la finale ont fait l’impasse sur ces premiers tournois ou alors, quand ils les ont joués, ils n’ont pas été bons. Ce calendrier est très compliqué. Pour moi, c’est même une aberration d’avoir ces tournois dans la foulée. »
Pour ce nouvel exercice, l’ancien étudiant à la Texas Christian University (comme Paul Barjon) a également changé de caddie. Une décision toujours importante pour un golfeur professionnel. Il s’est ainsi séparé de Basile Dalberto, désormais au sac du Finlandais Sami Välimäki, l’un des dix membres du DP World Tour à avoir validé son ticket sur le PGA Tour en 2024. « Cela faisait deux ans que j’étais avec Basile, confirme le joueur de la Team St Laurent. On avait démarré ensemble sur les deux derniers tournois sur le Challenge Tour avant d’enchaîner deux saisons sur le Tour. J’avais besoin d’un peu de changement. On n’a pas fait une très bonne fin de saison, la dynamique était un peu moins bonne. J’ai aussi un peu changé de statut, et de besoins… J’avais envie de changer de profil et de copilote. Mais ça s’est très bien passé avec Basile. Il m’a énormément apporté. C’est lui en grande partie qui m’a permis de m’installer sur le Tour et de me sentir rapidement bien. On a fait du super boulot, mais j’avais envie de changer et de voir un peu autre chose. »
Il s’est donc offert les services de Louis Barjon, le frère de Paul, l’un des quatre Français (avec Matthieu Pavon, Victor Perez et Martin Trainer) présents cette saison sur le PGA Tour. « Tout se passe bien, souffle Julien Brun. On prend nos marques petit à petit. Il est motivé, il a envie de bien faire et de s’affirmer parmi les très bons caddies du Tour. On est un bon binôme. On partage plein de choses. On va continuer de construire ensemble et de progresser. »
Cette progression, il l’entend la partager également avec son coach, Olivier Léglise. On serait même tenté d’ajouter : par un resserrement de la collaboration entre les deux entités. L’ancien coach fédéral est en effet moins présent que par le passé sur les tournois du Tour européen. « Le but est d’essayer d’avoir un peu plus de suivi et de présence tout au long de la saison, que ce soit sur les tournois ou en dehors, avance Julien Brun. Qu’on ait moins de longues périodes sans se voir. On parle ici de se voir une fois tous les mois. Parfois, c’est moi qui vais chez lui (à Arcangues, ndlr) ou alors c’est lui qui se déplace, mais cela ne représente pas une vingtaine de voyages comme il pouvait le faire avant. Et puis d'autres fois, on va peut-être se voir à Paris ou à Prague entre les tournois. On essaie d’organiser ça ensemble, afin de bien coordonner le tout. Ce n’est pas si simple. Olivier voyage moins qu’avant. Il faisait entre 15 à 20 tournois dans l’année, poursuit-il. Mais il est motivé. Il est 100 % dans mon projet pour continuer d’avancer. Il est vraiment content de ce que l’on a pu faire depuis quatre ans. Il y a encore de la marge dans notre travail. Et quand la motivation est là, je pense que n’importe qui trouve les ressources et l’envie de faire un peu plus de ce qu’il avait envie de faire au départ. »
Malgré ce début de saison difficile, l’objectif en 2024 demeure pourtant le même : accrocher l’un des dix spots pour le PGA Tour mis en jeu pour la seconde fois sur le DP World Tour. Réaliste, ou pas ? « C’est la grosse carotte qu’on a désormais sur le Tour et c’est ce qui a le plus de valeur aujourd’hui, admet-il. Cela passera par de belles places dans les grands tournois, par des victoires aussi peut-être. Mais la finalité est là. Le début de saison n’a pas été simple, alors on adapte un peu de semaine en semaine. Mais ce qui va compter surtout, c’est cette fin de saison. On l’a bien vu l’an passé avec Matthieu (Pavon) ou avec d’autres joueurs comme le Japonais qui a gagné l’Open de France (Ryo Hisatsune). Il y a tellement de points et de gros tournois à la fin qu’il faut être en forme durant cette période pour espérer avoir ces places. C’est ça qui va être important. C’est de bien travailler, de mettre en place une bonne dynamique afin d’être prêt au mois de septembre. Il faudra être en forme à ce moment-là… »