Auteur d’une très belle cinquième place à Dubaï il y a quinze jours, dans l’un des tournois les plus importants de la saison, Julien Brun a d’ores et déjà validé sa carte pour 2024. Tout en restant lucide, il n’entend pas en rester là. Plusieurs objectifs pointent à l’horizon.

Julien Brun au Hero Dubaï Desert Classic
En quatre départs cette saison sur le DP World Tour, Julien Brun a déjà réussi deux tops 5 : 3e à Maurice et 5e à Dubaï ! © David Cannon / Getty Images Europe - AFP

N’ayant pas franchi le cut vendredi dernier à Ras Al Khaimah, l’Antibois installé à Prague (République Tchèque) est arrivé samedi soir à Singapour. Accompagné de sa fiancée, il a pu visiter la ville-état avant de reprendre ce mardi les affaires sur un parcours qu’il découvre.

 

Que pouvez-vous nous dire sur Singapour et le tracé du Laguna National Golf Resort Club que vous jouez pour la première fois ?
Singapour, c’est une nouvelle destination pour moi. Je n’avais jamais été autant à l’est du globe auparavant. J’ai profité un peu de la ville ce week-end. C’est un bel endroit, malgré tous les immeubles et autres gratte-ciels. C’est très vert, avec beaucoup d’arbres… C’est très sympa. J’ai joué neuf trous ce matin (mardi). Je jouerai les neuf trous du retour demain (mercredi). Je trouve ce parcours (par 72 de 6 781 mètres) très intéressant. Il y a énormément de pentes sur les fairways, sur les greens aussi… Il y a beaucoup d’ondulations, de grosses dépressions sur les fairways, avec des buttes, des avaloirs… On n’est pas trop habitués. Cela change un peu…

Auriez-vous pu de ne pas vous aligner à Singapour compte tenu de votre récente 5e place à Dubaï qui vous assure d’ores et déjà votre carte pour 2024 ?
Oui, j’aurais pu… Mais la meilleure amie de ma fiancée habite ici à Singapour. C’est un tournoi qu’elle avait coché assez rapidement quand le calendrier est sorti. Cela nous permet de découvrir de nouveaux horizons.

Quel va être votre calendrier à venir à l’issue de ce Singapore Classic ?
Je vais stopper pendant trois semaines avant de reprendre la compétition au Kenya (Magical Kenya Open, 9-12 mars) puis sur les deux tournois en Afrique du Sud (SDC Championship et Jonsson Workwear Open, 16-19 mars et 23-26 mars).

On imagine aisément que l’élaboration de votre futur programme va désormais s’effectuer avec l’esprit un peu plus libéré…
C’est sûr. Même s’il y a d’autres beaux objectifs à atteindre. Mais il n’y a pas non plus de raison de tout chambouler. La question va peut-être se poser par rapport au Japon (20-23 avril) et à la Corée du Sud (27-30 avril). Je ne suis pas sûr d’y aller d’autant que juste après, il y a l’Italie (4-7 mai) et la Belgique (11-14 mai). Je vais peut-être me concentrer sur ces deux tournois plutôt que d’effectuer le gros voyage en Asie. Neuf heures de décalage, c’est beaucoup. Ce sont des choses que je ne connais pas… Et puis derrière, il y a toute la série de tournois en Europe qui débute. Certes, je ne jouerai pas cinq semaines de suite mais ça me semble intéressant d’être frais pour démarrer cette campagne européenne.

Avez-vous revu à la hausse vos objectifs de début de saison ?
Je m’étais fixé au départ de jouer la finale de la Race que j’ai manquée l’an dernier. L’objectif tient toujours. Il y a aussi les dix spots de promotion pour le PGA Tour en fin d’année. Je suis sur une bonne lancée mais il ne faut pas non plus trop breaker. Il y a beaucoup de tournois et beaucoup de points à aller chercher… 

Ce n’est jamais évident de démarrer ces grands tournois de début de saison. Il y a beaucoup d’inquiétudes, beaucoup de doutes aussi. On ne sait pas trop où on en est. La qualité de jeu durant le 3e tour à Dubaï donne de la sérénité, de la confiance.

Qu’est-ce que cette 5e place à Dubaï, dans un Rolex Series à 9 millions de dollars de dotation, a changé pour vous ?
Le plus gros changement, c’est ce que j’ai pu produire en termes de jeu, et la confiance qui en découle. C’était un gros événement, un gros tournoi avec des gros joueurs. Et j’ai très bien joué. Cela confirme que le travail va dans la bonne direction. Tout devient un peu plus léger. Ce n’est jamais évident de démarrer ces grands tournois de début de saison. Il y a beaucoup d’inquiétudes, beaucoup de doutes aussi. On ne sait pas trop où on en est. La qualité de jeu durant le 3e tour à Dubaï donne de la sérénité, de la confiance.

Le plus dur, c’est désormais de confirmer ?
Exactement ! Cette 5e place à Dubaï, c’est bien mais ça ne reste qu’une « 5e place ». Je n’ai toujours pas joué pour la gagne. J’ai fini 3e à Maurice, mon meilleur résultat, mais je n’ai pas été très près d’Antoine (Rozner)… Je finis loin (Ndlr, seul troisième à sept coups du Racingman). Je n’ai fait que quatre tops 10 sur le Tour européen. Il faut donc rester les pieds sur terre, et continuer à avancer. Tout est remis à plat chaque semaine…

Vous faites allusion ici à votre cut manqué à Ras Al Khaimah il y a quelques jours ?
Oui. Je joue +2 sur deux tours en faisant un birdie et je rate le cut… Il y avait clairement un manque d’énergie mentale. J’ai fait des grosses erreurs dans ce secteur, en ratant des petits putts sans être capable de rentrer le putt d’1,50 m qui vous permet de rester à flot et vous offre la possibilité de rebondir. Le parcours était très piégeux. Je n’ai pas eu l’énergie nécessaire pour relever le défi. Il faut donc rester humble et bien travailler.

Avez-vous néanmoins le sentiment d’avoir franchi un cap, là, durant les dernières semaines ?
Aujourd’hui, je peux dire que je me sens à ma place sur le DP World Tour. C’est peut-être la première fois que je me dis ça d’ailleurs. L’an passé, j’ai fait une belle saison, mais il n’y avait pas de référence comme ce 3e tour à Dubaï. Ou comme ce tournoi de bout en bout (Ndlr, quatre cartes sous le par et un score final de -14, à cinq points du vainqueur, Rory McIlroy). C’est ça qui est super. À moi de garder cette place et de gravir les échelons petit à petit…

La présence auprès de vous de votre caddie, Basile Dalberto, est-elle primordiale ? 
Il y a de la continuité, de la stabilité dans ce que l’on fait. On a aussi progressé sur notre communication, sur ce que l’on met en place à l’entraînement… Dubaï, c’était la première fois que je le jouais en mode tournoi. J’étais seulement réserve en 2022… J’avais fait juste 18 trous en reconnaissance l’an dernier. Neuf trous le mardi, neuf trous le mercredi… Basile, lui, l’a fait plein de fois en compétition. Il a pu me guider, me donner quelques conseils qui ont fait la différence, surtout sur le retour le dernier jour. C’est un vrai travail d’équipe.

Ce 3e tour à Dubaï que vous partagez notamment avec Patrick Reed. L’Américain qui a été au centre des polémiques avec cette balle qui est venue se nicher dans un palmier sur le trou n°17…
Pour moi, on n’aurait pas pu faire grand-chose de différent. Patrick Reed non plus. Il n’y a pas eu d’intention de tricherie selon moi. La seule chose qui aurait pu être différente, c’est que la télévision puisse intervenir plus tôt. Ce sont les seuls à avoir eu l’image, les seuls qui savaient dans quel palmier la balle avait fini sa course… Une fois qu’on arrive sur place et que le spotter nous indique que la balle est allée dans ce palmier, on le croit évidemment… Tout a été fait pour qu’il (Reed) identifie sa balle. Cela a été confirmé par l’arbitre. Tout a été fait dans les normes. En fait, ce n’est qu’au départ du 18 que la télévision a prévenu l’arbitre que la balle n’avait pas atterri dans le bon arbre. Si on l’avait su avant, il se serait droppé cinq mètres à côté et je pense ça n’aurait pas changé grand-chose. Ce qui n’est pas bien en revanche, c’est sur les questions d’éthique et sur les règles pures. Cela, je peux le comprendre.

Quitter Prague pour évoluer sur le PGA Tour, côtoyer le haut niveau mondial, ça me conviendrait parfaitement. Mais on en est encore loin. On n’a pas fait le quart du chemin.

Quel genre de partenaire est Patrick Reed sur un parcours ?
Il ne parle pas beaucoup. Il est très concentré. Mais il a une vraie présence dans la partie. Je dirais même qu’il a une bonne présence. Il ne prend pas trop de place, il fait ses coups assez relax… C’est impressionnant ce qu’il fait. À ce titre, j’ai été impressionné par son jeu. On a discuté aussi un peu tous les deux… Il habite à Houston et j’ai été à la fac au Texas (TCU). Il est facile à aborder, il a répondu à quelques questions, il m’a posé aussi des questions… je l’ai trouvé très sympa.

Vous avez évoqué plus haut les dix spots en jeu pour le PGA Tour en 2024. Ce serait un superbe retour à la case départ pour vous, non ?
Ce serait en tout cas un retour aux États-Unis. Et ça, ça m’enchante. C’est très motivant. C’est une super opportunité pour nous les joueurs du DP World Tour. Ce serait une belle récompense.

Vivre à l’année aux États-Unis, ça ne vous poserait aucun problème ?
Aucun ! J’ai des contacts là-bas, des amis aussi… J’ai vécu six ans aux USA. Je me plais bien là-bas. Cela ne poserait pas non plus de problème pour ma fiancée… Quitter Prague pour évoluer sur le PGA Tour, côtoyer le haut niveau mondial, ça me conviendrait parfaitement. Mais on en est encore loin. On n’a pas fait le quart du chemin…