Troisième à Rome début mai, deuxième le week-end passé à Hambourg, la collaboration débutée avec Raphaël Jacquelin à la fin du mois de février est en train de porter ses fruits. Un premier succès sur le Tour pour Julien Guerrier n’est peut-être plus très loin…
Il a réglé très tôt son réveil ce mardi matin pour s’envoler à 5 heures vers Stockholm et la Suède afin d’y disputer le Volvo Car Scandinavian Mixed. Un tournoi atypique du DP World Tour, mais aussi du Ladies European Tour puisque mixte… Julien Guerrier aurait très bien pu faire l’impasse, mais comme il tient à le répéter, « je respecte mon calendrier. J’avais décidé de ne pas jouer la Belgique. Je m’y suis tenu. J’avais prévu d’aller en Suède. Là encore, je m’y tiens… »
Sa deuxième place ex æquo le week-end passé au Porsche European Tour, à deux longueurs de l’étonnant Nord-Irlandais Tom McKibbin, 20 ans seulement, est encore dans tous les esprits. Un résultat qui lui permet de réaliser sa meilleure performance sur le Tour européen depuis son retour parmi l’élite en 2018. Même s’il visait plus haut encore…
« À chaud, il y a eu une grosse part de déception, nous explique-t-il calmement. Forcément, je recherche toujours la victoire. Je sens, je vois qu’elle est de plus en plus proche. On me dit toujours que la victoire arrive quand on s’y attend le moins, peut-être que j’attends trop. Blague à part, je travaille. Je pense que j’ai de plus en plus les armes pour que ça arrive. »
« C’était assez dur car les neuf premiers trous ont été extrêmement lents, poursuit-il en analysant ce dernier tour qui ne s’est pas goupillé comme il l’espérait. On était un peu comme endormi. J’ai eu du mal à me mettre dedans. (Ndlr, il partageait la dernière partie avec le Suédois Alexander Björk et le Danois John Axelsen). C’était bizarre comme sensation. Sur le retour, le rythme a été bien meilleur. Mon état d’esprit n’était plus le même. J’avais beaucoup plus d’envie. Le passage du 4 au 7, le putter n’a pas du tout souri et le doute s’est un peu installé. On voit le trou de plus en plus petit. On a l’impression de faire le mauvais choix par rapport à une pente, soit trop haute ou pas assez, ou alors à la vitesse. J’ai essayé de faire au mieux. D’habitude, je suis un bon putter et là, je n'ai rien fourré… »
À 31 points de Los Angeles...
C’est incontestablement dans ce secteur de jeu que le Rochelais a perdu le tournoi. Il le reconnait d’ailleurs aisément. Il a lui-même comptabilisé les occasions manquées… « J’ai compté au moins neuf fois un putt manqué proche des deux mètres, avoue-t-il. Sinon, j’étais fréquemment entre trois et cinq mètres… Cela fait beaucoup. Ce qui a été dur, c’est l’envie de gagner et voir qu’on n’y arrive pas. J’ai commencé à m’exciter, ça ne se voyait peut-être pas à la caméra mais j’en avais lourd sur la patate. »
Comble de malchance, pour seulement 31,42 points, il échoue dans la mini-série de qualification pour l’U.S. Open comprenant l’Italian Open, le Soudal Open, le KLM Open et le Porsche European Open. Il doit à l’arrivée se contenter de la cinquième place…
« Cela s’est joué à peu de choses, reconnaît-il. Si on avait été que deux deuxièmes (Ndlr, au lieu de trois avec les Allemands Maximilian Kieffer et Marcel Siem), je serai passé devant le Suédois Forsström. Mais c’est ma femme qui est contente car on doit se marier civilement la semaine de l’U.S. Open… »
Julien Guerrier, à propos de Raphaël Jacquelin
L’autre grande satisfaction de cet épisode à Hambourg sur l’un des plus redoutables parcours de la saison, c’est que le travail entrepris depuis la fin du mois de février avec Raphaël Jacquelin est en train de porter ses fruits. Deux tops 3 en un mois (après l’Italie le 7 mai) prouvent que le binôme est dans une bonne spirale…
« On échange beaucoup, confirme Julien Guerrier. On se voit très régulièrement. Je suis rentré dimanche soir du KLM Open et le lundi j’ai bossé avec Raph toute la journée avant de repartir à 5 heures le lendemain pour Hambourg et le Porsche… On devait se voir aujourd’hui (lundi) mais j’ai décidé de poser les clubs pour repartir mardi pour la Suède. »
« Les résultats payent, enchaîne celui qui vit depuis plusieurs années maintenant en banlieue lyonnaise. Mentalement, je suis absolument le même mais le travail que je fais avec Raphaël me fait placer le club un peu mieux. Et du coup, la pression n’a plus trop d’incidence sur le swing puisque le club bouge bien. C’est quelqu’un qui a du charisme. Il sait de quoi il parle. J’avais beaucoup d’échanges avec lui sur le chipping quand il était encore sur le circuit. On se voit soit du côté de Genève, soit à Lyon (Ndlr, Raphaël Jacquelin est domicilié en Suisse). Quand je rentre de tournoi, il fait l’effort de venir me voir, c’est sympa. Étant tout le temps en vadrouille, c’est de la fatigue en moins pour moi. »
Objectif : la finale de la Race
Désormais 25e de la Race, l’horizon semble clairement se dissiper pour lui. Outre débloquer enfin son compteur sur le Tour, son objectif de début de saison était de se qualifier pour la finale de la Race à Dubaï au mois de novembre. C’est en train de se concrétiser. Mais par expérience, le bonhomme préfère rester prudent. Au golf, on le sait, tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre.
« La saison dernière, j’étais aussi très bien embarqué après mes deux troisièmes places (Ndlr, au Cazoo Classic le 27 juillet puis au Cazoo Open le 7 août), prévient-il. Mais je n’ai plus fait un cut ensuite. Donc méfiance… Il faut au moins 900 points (pour finir dans le top 50). J’en suis encore loin (634 points). Il faut mettre 270 points au minimum. Il ne faut pas traîner. Quand tu termines 39e au leaderboard, tu prends 15 points… En revanche, quand tu fais deuxième, tu en prends 200… C’est largement faisable mais il faut continuer à bien jouer. Je pèse mes mots car dans le golf, c’est toujours une histoire de confiance mais je pense être dans la bonne direction. Je ne vais pas dire non plus que ça y est, j’ai tout compris, loin de là, mais je pense être sur la bonne voie. Seul l’avenir nous le dira… »