Avec sa victoire lors de l’Abu Dhabi HSBC Championship, Victor Perez est passé de la 111e à la 63e place du classement mondial. Une évolution qui, surtout si elle se poursuit, change le paysage de la saison qui s’ouvre pour le Tarbais.
Majeurs : Le Masters en ligne de mire
Au golf comme dans d’autres sports, les meilleurs joueurs jouent, par définition, les plus grands tournois. Sur ce point, Victor Perez a vécu le passage de 2022 à 2023 avec des certitudes finalement assez modestes : grâce à sa 22e place à la Race to Dubai la saison passée, seul The Open, parmi les quatre Majeurs, est formellement assuré de l’accueillir, en juillet prochain au Royal Liverpool. Pour les trois autres, les places vont devoir se gagner sur le terrain. Avec son succès de dimanche, c'est bien parti.
Dans l’ordre chronologique, le Masters sera le premier à être disputé, du 6 au 9 avril. Pour y accéder, ce qui ne pourrait se faire que par le top 50 mondial, le n° 1 français, désormais 63e, a donc encore un effort à fournir. Mais rien d’irréalisable pour autant, la situation n’étant même pas celle d’une autre victoire obligatoire. Avec son succès émirati, Victor Perez a fait passer son nombre moyen de points au classement mondial (le score qui fait foi) de 1,1853 à 1,6648. Or, l’Australien Min Woo Lee, actuel titulaire de la 50e place, affiche un score de 1,8789. Tout cela à l’aube d’un nouveau tournoi des Rolex Series, cette semaine à Dubaï, et avec la quasi assurance de jouer le WGC Match Play (lire plus loin). Victor Perez a jusqu’à fin mars pour y parvenir. Faisable, donc.
Après le traditionnel rendez-vous d’Augusta en lever de rideau de la saison des Majeurs, les meilleurs joueurs de la planète se retrouveront à Oak Hill, dans l’état de New York, du 15 au 21 mai, pour y disputer le PGA Championship. Les critères d’admission pour 2023 ne sont pas encore arrêtés, mais en se basant sur ceux de 2022, l’intégralité du top 100 mondial une semaine avant l’échéance est pour ainsi dire assurée d’avoir son ticket d’entrée. Victor Perez peut donc sereinement s’attendre à faire un saut à Rochester, mi-mai.
Suivra l’U.S. Open, du 15 au 18 juin au Los Angeles Country Club, en Californie. Là encore, le joueur tricolore s’est placé favorablement, puisque le tournoi sera ouvert au top 60 mondial, dont il est désormais à la lisière. Quand bien même il devait se retrouver un peu court, il aurait, comme les autres joueurs du DP World Tour, une session de rattrapage. En 2022, celle-ci avait pris la forme d’un classement agrégé sur quatre tournois s’étalant de début mai à début juin. Victor Perez en avait d’ailleurs pleinement profité en remportant l’un d’entre eux, l’Open des Pays-Bas, l’an passé.
Les autres gros tournois
Si jamais Victor Perez parvenait à se hisser dans le top 50 mondial avant le 27 février, cela lui ouvrirait les portes du Players Championship. Plus gros tournoi de la saison régulière du PGA Tour, et disputé traditionnellement au TPC Sawgrass, en Floride, il est officieusement considéré comme le cinquième Majeur du calendrier. Points positifs : Victor Perez connaît déjà le parcours, pour avoir joué le Players en 2021, et en plus il sait y être performant, puisqu’il y avait décroché la 9e place.
Dix jours plus tard, les meilleurs joueurs du monde ont de nouveau rendez-vous, mais cette fois au Texas et dans une autre formule, pour le Dell Technologies Match Play, étape des Championnats du monde. Là encore, Victor Perez s’est mis en ballottage favorable pour décrocher son billet, puisque 64 joueurs, sélectionnés très largement par rapport au classement mondial, y seront conviés. Au jeu des possibles forfaits et autres indisponibilités, la barre pourrait, comme elle le fait habituellement, remonter pas très loin de la place n° 70. La participation de Perez peut donc être considérée comme probable. Pour mémoire, en 2021, il s’était hissé en demi-finale, et avait terminé à la 4e place.
Ryder Cup : Victor se montre
Comme nombre de ses camarades européens, Victor Perez espère faire partie de l’escouade du Vieux Continent qui tentera de reprendre la Ryder Cup aux Américains, du 29 septembre au 1er octobre à Rome. Le 3 septembre, date fatidique à laquelle le nom des 12 membres de l’équipe seront gravés dans le marbre, est encore très loin. Il n’empêche, les deux dernières semaines ont apporté au moins deux bonnes nouvelles pour le Français, qui sont à prendre comme telles.
Tout d’abord, en rapportant 3,5 points sur 4 possibles lors de la Hero Cup, Victor Perez a montré de belles choses au capitaine Luke Donald, qui aura cette année des pouvoirs de sélection étendus, avec six choix sur les douze joueurs. Et ensuite, pour ce qui est des six qualifiés mathématiques, ils seront déterminés sur une liste de points européens pour trois d’entre eux, puis au classement des points mondiaux pour les trois autres. La bonne nouvelle étant que Victor Perez est désormais deuxième de la liste européenne, intercalé entre Jon Rahm et Rory McIlroy, excusez du peu. Pour info, il est également placé, au 6e rang, aux points mondiaux. Septembre est encore loin, mais pourvu que ça dure.
DP World Tour : la promotion de fin d’année dans le viseur
L’Abu Dhabi HSBC Championship étant de très loin le tournoi le plus richement doté depuis le début de la saison 2022-2023 du DP World Tour, fin novembre dernier, Victor Perez a très logiquement pris la tête de la Race to Dubai. Là encore, la route est encore longue. Elle l’est même plus encore que pour la Ryder Cup, puisque les comptes finaux seront faits à l’issue du DP World Tour Championship, qui se jouera du 16 au 19 novembre prochain.
Mais, et le Tarbais ne cache pas que cela fait partie de ses objectifs à terme, pour la première fois cette saison, les 10 meilleurs du circuit européen en fin de saison gagneront le droit de jouer sur le PGA Tour lors de la suivante. En admettant que certains, dans ce fameux top 10, seront des joueurs déjà intégrés sur le circuit nord-américain, cela pourrait (et même devrait) faire remonter la barre quelque part entre les places 10 et 20.
Et puis enfin, de manière certes plus symbolique mais pas forcément moins importante, Victor Perez fait désormais partie des vainqueurs en Rolex Series, ce qui lui donnera le privilège de voir une étoile dorée figurer à côté de son nom à chacune des quatre étapes restant à jouer cette saison (et lors de toutes celles des saisons à venir). Un plaisir qu’il goûtait déjà sur le podium, ce dimanche, comme il s’en est ouvert, tout sourire, à Keith Pelley. « J’avais hâte d’avoir cette étoile dorée, a-t-il glissé au patron du DP World Tour. Tyrrell [Hatton], il en a genre dix ! »